Le 1er vice-président de la région chargé des transports, Michel Neugnot, scrute de près les expérimentations de réservation obligatoire à bord des TER menées par d'autres régions. Si ce dispositif n'est pas prévu dans notre région pour le moment, il n'est pas non plus totalement écarté. Explications.
"Ce train est à réservation obligatoire". Voilà un message que les voyageurs ont l'habitude d'entendre, lorsqu'ils empruntent un TGV ou un train Intercités, mais beaucoup moins sur les TER. Pourtant, depuis quelques mois, la Normandie et le Grand Est testent la réservation obligatoire sur une partie de leurs lignes de TER. Une expérimentation scrutée de près par la région Bourgogne-Franche-Comté, comme par d'autres régions en France.
La mesure est censée lutter contre la surfréquentation de ces trains du quotidien sur les lignes les plus surchargées, mais aussi garantir, sauf événement exceptionnel, une place assise à bord. Une rupture brutale avec des habitudes bien installées depuis des années chez les utilisateurs des trains régionaux.
Un billet TER standard est en effet utilisable sur tous les trains d'une journée, peu importe son horaire et le niveau de remplissage de la rame, comme le rappelle la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT) de Bourgogne-Franche-Comté. C'est pratique, certes, mais cela amène également ces images de trains bondés que l'on voit régulièrement.
Les réformes, "c'est pour répondre à un problème"
Pour le moment, la région Bourgogne-Franche-Comté maintient le statut quo sur le fonctionnement du réseau. "Chaque région prend les bonnes décisions pour son territoire", juge Michel Neugnot, le 1er vice-président de la région chargé des transports, qui rappelle que lorsque l'on fait des réformes, "c'est pour répondre à un problème".
Il observe également que les retours ne sont pas les mêmes partout : "En Normandie, ça marche très bien, même la FNAUT dit qu'il faut continuer de faire comme cela. Mais dans le Grand Est, ça pose problème, il y a davantage de réticences, notamment sur le Paris-Strasbourg". Alors quelles leçons en tirer pour notre région ? La réservation obligatoire est à ce jour écartée, même si "il y a une problématique à la réflexion sur ce sujet".
Michel Neugnot estime en revanche qu'il y a des moments où il faut tout de même prendre des mesures : "ce que nous constatons chez nous, c'est que nous avons 19 week-ends hyper chargés, ou vous avez la conjonction des voyageurs du quotidien, plus les étudiants, plus les touristes. Une fois qu’on a mis tous les moyens sur le matériel roulant disponible, le seul moyen de réguler pour que des gens n'arrivent pas sur le quai sans pouvoir monter, c’est d’arrêter la vente de titre de transports."
La FNAUT BFC estime que la SNCF se priverait de revenus supplémentaires
Une pratique à laquelle la FNAUT BFC, par la voix de son représentant Cédric Journeau, est totalement opposée, au même titre que l'idée d'une réservation obligatoire. "Mettre un train complet, c'est une mauvaise méthode, parce qu'un train complet n’est pas complet sur tout son parcours : il y a des trajets intermédiaires ! Ce que ne prend pas en compte l’outil de la SNCF." De quoi produire des trains pleins mais en réalité à moitié vides, comme relevé par les internautes sur les réseaux sociaux.
Actuellement à bord du #TRAINMobigo17762 qui vient de partir de Dijon & est présenté comme COMPLET sur l'appli SNCF Connect depuis plusieurs jours
— Marie Dioa (@MarieDioa) August 18, 2024
C'est un concept très spécial de "Complet" sans surprise #TERBFC #SNCF #PassRail https://t.co/YmqCoPWBLT pic.twitter.com/8Hipdq4DpG
Pour éviter des trains faussement complets, la FNAUT suggère donc à la région de plutôt communiquer sur l'absence de garantie de place assise, plutôt que de bloquer les ventes. Quant à la réservation obligatoire, Cédric Journeau assure que la "très grande majorité" des FNAUT en France y sont "complètement défavorables".
Et dans notre région, il ne faut "surtout pas le faire sur ces 19 week-ends les plus chargés", assure le représentant des usagers. "Les gens partiront de toute façon le vendredi soir et reviendront le dimanche soir. Les habitudes ne vont pas changer du jour au lendemain. En plus, ce sont des usagers occasionnels, ces personnes paient plein tarif, donc ça fait plus d’argent pour la SNCF. La compagnie et la région risquent de se priver de revenus supplémentaires."
L'association souhaite tout de même donner un bon point à la région : "Elle a soutenu les efforts financiers qui vont dans le sens de trains supplémentaires sur les lignes les plus fréquentées, sur ces gros week-ends. Là-dessus, on est d'accord". Le débat autour de l'idée d'une réservation obligatoire dans nos trains régionaux est en tous cas loin d'être clos : les régions Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes pourraient être les prochaines à mettre en place de telles mesures.