Covid-19 : 56 jours de confinement plus tard... étudiants et jeunes actifs quittent leurs parents pour rentrer à Dijon

Quand ils arrivent en ville... Après deux mois confinés chez leurs parents, souvent pour ne pas être seuls et pour pouvoir profiter d'un extérieur, les étudiants et jeunes actifs de Dijon sont de retour. Retour à la maison, nouvelles habitudes... Comment ont-ils vécu cette période ?

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C’est une douce musique que Dijon connaît bien : la valse des valises, sur les rues pavées de la Cité des Ducs. Les étudiants représentent tout de même 14 % de la population de la ville. Alors forcément, lorsqu’en mars dernier ils ont repris le chemin du domicile familial, Dijon a perdu de son énergie.
Le casse-tête s’est posé pour beaucoup d’entre eux : se confiner dans un studio d’environ 20 m2 ? Ou rentrer chez ses parents, pour profiter d’un plus grand espace et ne pas être confiné seul ? 

Au CROUS, la direction nous indique que ce sont 2 000 étudiants qui ont quitté leur chambre universitaire après les annonces de confinement du gouvernement. 56 jours où la France entière a tourné au ralenti, où la vie semblait s’être mise sur pause.
56 jours où étudiants et jeunes actifs ont aussi mis entre parenthèses leur vie "d’adulte", ou en tout cas, leur indépendance acquise il y a pourtant peu. La vie reprend doucement son cours et deux mois après un départ précipité vers le cocon familial, les étudiants et jeunes actifs sont de retour en ville. Quel bilan font-ils de cette expérience inédite ?
 


Soudainement, l'extérieur devient dangereux

Mewen et Adèle font partie de ces jeunes qui ont quitté Dijon pour rentrer chez leurs parents. Lui est étudiant à l’université de Bourgogne. Dans quelques semaines, il sera diplômé d’un DUT MMI (Métiers des Médias et de l'Internet).
Elle, travaille à la mairie de Dijon. Adèle passait déjà le week-end chez ses parents, à Auxerre, dans l’Yonne, lors des annonces de confinement. Après en avoir discuté avec sa famille, elle a finalement décidé de ne pas retourner en Côte-d’Or.

Mewen, lui, s’est confiné à Troyes. Ce sont ses parents qui lui ont demandé de rentrer à la maison, refusant que leur fils soit confiné seul dans un 19m2 pour une durée indéterminée. « Ils ont eu raison de me demander de rentrer. Sinon j’aurais pété un plomb. Il fallait que le confinement se passe le mieux possible. » 

Comme beaucoup d’autres jeunes actifs ou étudiants, Adèle a fait le choix de ne pas revenir à Dijon pour ne pas être seule. « A Auxerre, j’étais avec mes parents, mes frères et soeurs et ma petite amie. » Tout de suite, elle s’est sentie beaucoup plus rassurée. « C’était mieux que d’être seule dans mon petit appartement. Le climat était trop anxiogène. » La jeune femme s’est dit scotchée par les annonces du gouvernement. « Ca semblait surréaliste. Le discours du Président de la République a résonné bizarrement. » Elle évoque un week-end en demi-teinte, où chacun est allé mettre son bulletin de vote dans les urnes pour les élections municipales. « En plus, il faisait super beau. Tout le monde était dehors pour en profiter ! » Rien n’annonçait à cet instant une période aussi difficile. « Et d’un coup, on nous a dit de rester chez nous. Que dehors, c’était devenu dangereux. » 

Mewen a surtout été « dégoûté par l’arrêt des cours ». Le confinement rimait avec l’impossibilité de « revoir les locaux, les profs et nos amis ». L’avortement de l’année universitaire, le retour à la maison, c’était pour l’étudiant, comme si « le petit monde que je m’étais construit pendant deux ans s’effondrait d’un coup. » 

Adèle parle d’une réaction en « deux temps ». Rentrée pour d’autres raisons que le confinement, elle était déjà « psychologiquement retournée à Dijon. Mais quand on nous a dit qu’on allait être confiné, j’ai compris que cette maison allait de nouveau devenir mon domicile. » Elle a difficilement trouvé le sommeil la première nuit, songeant à tout ce que le confinement allait engendrer.

Des réunions avec les collègues et des peluches

Alors petit à petit il a fallu retrouver ses marques dans une maison qu’on connait peut-être moins. Mewen n’a pas eu le plaisir de retrouver sa chambre d’ado, puisqu’à son départ du foyer il y a deux ans, ses parents en ont fait une chambre d’amis. « Ce n’était plus vraiment ma chambre ». Sans tristesse ni nostalgie cependant, car Mewen en a fait du chemin. Il est revenu à la maison avec des cours à suivre à distance. « J’ai essayé de garder le même rythme que quand j’allais à la fac. » La situation inédite a bouleversé les vies d’étudiants. En IUT, Mewen n’a pas d’examens terminaux. Toutes les évaluations se font en contrôle-continu. La recherche de stage a été très impactée par la situation sanitaire. « J’ai eu une annulation de stage. Mais j’ai pu en retrouver un autre, en télé-travail. Mais tout le monde n’a pas ma chance. » 

Le travail dans sa chambre, une situation qu’Adèle ne s’imaginait pas forcément vivre non plus. Pas comme ça en tout cas. Sa chambre est la même que lorsqu’elle était adolescente. « C’était très étrange de passer du temps dans cette pièce, avec mes posters d’ado. » Adèle ne s’attendait pas à dormir de nouveau si longtemps avec l’affiche de Pulp Fiction au-dessus de sa tête. « Ni de travailler sur mon bureau entre les crayons de couleur et les dessins de ma petite soeur. » Une forme de paradoxe s’installe alors. La vie "d’adulte" rencontre le passé "d’ado". Adèle se souvient d’une visioconférence avec ses responsables, qui avaient une vue plongeante sur ses peluches aux pieds du lit
 

Et puis il y a les habitudes à retrouver. La jeune femme a pris son petit-déjeuner sur la même table que celle où elle s’installait avant d’aller au lycée. Elle souligne le plaisir de partager ce moment avec sa famille. « J’en ai profité pour jouer avec ma petite soeur, que je voyais beaucoup moins depuis que je vivais à Dijon. » Alors qu’enfin les aiguilles ne filaient plus à vive allure sur les cadrans, chaque moment était propice aux retrouvailles. « Rien que d’entendre 56 jours, on peut se dire que ça a été long… Mais on a utilisé tout le temps qu’on avait pour faire des jeux ensemble, discuter sur la terrasse. »
Mais flâner n’avait pas le même goût que d’habitude. « Je n’étais pas en vacances. La période était étrange. Et on profitait moins de ces moments-là quand on pensait que tous les soirs on recevait des notifications nous rappelant qu’il y avait de plus en plus de morts du coronavirus. »  

La vie d'avant... mais sans la pinte de fin de semaine

Et puis la porte s’est rouverte. Le déconfinement est entré en vigueur dès le lundi 11 mai. L’occasion pour Mewen et Adèle de rentrer « chez eux », à Dijon. Pour le jeune homme, la réflexion n’a pas été très longue. Quelques appréhensions malgré tout sur la possibilité ou non de sortir. « Il fallait que je revienne. C’est là où j’habite et là où je vais à l’école… Même si elle est fermée. » Il voulait retrouver ses affaires… et son indépendance. « Bien évidemment, j’aime mes parents ! » Mais ici, c’est son « petit monde ».
Ses amis lui manquaient beaucoup. « Je suis content d’être revenu, de retrouver un peu de vie autour de moi. » La pinte de fin de semaine avec ses amis n’est pas encore possible. « Mais on ne peut pas tout avoir ! On a déjà retrouvé un semblant de vie d’avant, et c’est très bien ! »  
 


Adèle n’a pas vraiment décidé de rentrer à Dijon. « Je suis revenue pour le travail. » Des mesures lui ont été communiquées, lui demandant de revenir travailler quelques jours par semaine au bureau. Mais la situation sanitaire n’était pas encore assez calme pour la jeune femme. « Au bout de 56 jours, j’avais enregistré que le danger était dehors. Quitter Auxerre pour Dijon, c’était retourner à l’extérieur pour moi. J’avais peur que le virus se colle à ma peau… » plaisante Adèle.

Elle compare ses habitudes entre ses deux maisons. A Auxerre, elle pouvait se promener alentours de chez-elle sans forcément croiser d’autres personnes. « Mais à Dijon, quand je vais au travail ou en courses je croise beaucoup de gens. » Rassurée malgré tout de voir qu’ici tout le monde porte un masque, elle se dit que finalement elle ne craint pas plus que ça d’être contaminée. « Et de toute façon, il faut reprendre notre vie. Cette crise, elle m’aura appris à changer très vite mes habitudes ». Confinée, en télétravail, déconfinée, en télétravail et au bureau quelques jours par-ci par-là… « Parfois, ça peut être une source de déstabilisation. » Finalement, Adèle est contente de pouvoir retrouver ses amis et ses collègues ! « Quand je suis partie. Il y a deux mois, je n’ai dit au revoir à personne, je n’avais même pas rangé l’appartement… » se souvient-elle.

Morale : ne plus céder à la peur

Pour Mewen et Adèle, malgré certaines inquiétudes, tous deux sont contents de retrouver le monde extérieur.  « De reprendre là où on s’était arrêté il y a deux mois ! » Cette période, ils ne l’oublieront pas.
Et si un reconfinement partiel ou total était mis en place dans les prochaines semaines ? Pas sûr qu’ils retournent chez leurs parents. Ils veulent éviter de faire circuler le virus et surtout, ils ne veulent plus avoir peur.
Adèle prend conscience que cette peur a déclenché certains comportements, comme chez ses parents celui de se replier. « C'est normal... On a besoin de se reconnecter à des choses essentielles et rassurantes. Même si le premier confinement était nécessaire, la situation s’est stabilisée. Et il ne faut pas céder à la peur. »  
 
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