Les Beaux-Arts et le musée du Temps vous manquent ? Depuis jeudi 18 mars, leurs oeuvres ont envahi les rues de Besançon. L'opération vise notamment à faire vivre la culture en plein air, puisque les espaces culturels sont fermés depuis le confinement d'octobre 2020.
Les Bisontins ne peuvent presque plus accéder à la culture, alors c'est elle qui vient à eux ! Une trentaine de silhouettes à l'effigie des oeuvres exposées aux Beaux-Arts ou au musée du Temps de Besançon parsèment les rues de la capitale comtoise. L'opération vise à protester contre la fermeture des espaces d'art, fermés juste après l'annonce du deuxième confinement, le 28 octobre 2020. Elle a en outre pour objectif de préserver un accès du public au monde culturel.
Impossible de les rater : près du Palais Granvelle ou encore place de la Révolution, les oeuvres d'art descendent dans les rues de Besançon. Si vous tombez sur Charles Quint ou sur Siegfried, célèbre personnage crée par Chartran, c'est normal. Mis à part l'idée de ramener la culture au plus près du public, il s'agit d'une intiative subtile pour rappeler la situation que subissent les musées. Leur fermeture dure depuis octobre 2020 : une situation que déplorent les acteurs de ces lieux, comme en témoigne entre-autres l'occupation du centre dramatique national de Besançon.
Les habitants ne s'attendaient pas à être assaillis par ces oeuvres. A l'image de cette femme rencontrée au détour d'une silhouette rougeoyante : "Ca me fait plaisir de voir ça, car c'est tellement triste de ne pas pouvoir aller au musée, surtout pour moi qui y vais une fois par mois. Je me promène tous les jours dans Besançon : deux à quatres heures par jour, depuis que je suis à la retraite, sauf quand on est confinés. Voir ces silhouettes, ça augmente ma joie". Une joie visiblement débordante, puisque cette visiteur en plein air s'attarde sur la mascotte et l'enlace, plusieurs minutes durant.
Ces silhouettes éphémères donnent aussi l'impression de créer un jeu de piste. Elles intriguent par exemple cette femme qui accompagne cinq jeunes à travers la ville : « Depuis ce matin, ça nous a interrogé. On se promène en ville avec les jeunes. On prend en photo ces mascottes et on se demande d'où ça vient et pourquoi elles sont là ». Parmi ces jeunes justement, il y a Antonin. Triste de ne pas pouvoir visiter les musées, il se console comme il peut : « Le musée, c'était ce qui nous aidait pour nous divertir, quand il n'y avait pas cours ou quand il y a des jours fériés. On a vu cinq à six statues dans les rues, ça m'a surpris : on ne met pas des mascottes ici ».
Les oeuvres se donnent à voir aussi sur internet
L'opération n'est qu'une partie du dispositif mis en place par le musée des Beaux-Arts, pendant cette longue période de fermeture. "Cette idée audacieuse a été inaugurée pour consoler les habitants de Besançon et du Grand Besançon. Anne-Lise Couderc et Thierry Saillard m'ont proposé un scénario que j'aime beaucoup : il n'y a pas que nous qui nous ennuyons, les oeuvres aussi. Les oeuvres sont des personnages, et ces personnages sont aussi là pour partager nos chagrins, nos joies et nos déambulations, nos rêveries. On voulait que les citoyens et citoyennes tombent dessus sans être prévenus, qu'il y ait un effet de surprise." s'enthousiasme Nicolas Surlapierre, directeur des musées de Besançon.
Le reponsable promet d'autres surprises : "Il y aura une montée en puissance progressive : on découvrira bientôt le nom des artistes à l'origine des oeuvres mais aussi les raisons pour lesquelles on a choisi d'exposer ces silhouettes dans la rue. J'aimerais aussi qu'on aille plus loin, qu'on pérégrine dans d'autres quartiers".
Outre cette exposition dans les rues, l'institution culturelle prolonge ces visites sur les réseaux sociaux. Les Beaux-Arts organisent en effet des visites virtuelles (les « Live du Mercredi ») : l'occasion pour les spectateurs de découvrir les coulisses de ce lieu culturel. Le musée fait aussi participer le public, qui peut prendre part à l'opération "Passez-vous le mot". Il s'agit d'ateliers d'écriture autour des oeuvres exposées dans le musée, accessible gratuitement en ligne et sur inscription.