Jennifer est atteinte de spondylarthrite ankylosante. Une pathologie inflammatoire dont souffrent 250 000 personnes en France. Elle doit prendre un traitement qui affaiblit ses défenses immunitaires et s'inquiète du manque d'information et de considération en cette période d'épidémie.
Jennifer fêtera ses 30 ans à la fin de l'année et a été diagnostiquée il y a quelques mois seulement pour une spondylarthrite ankylosante. Une maladie inflammatoire qui l'oblige à prendre un traitement immunosuppresseur qui comme son nom l'indique a donc pour but de diminuer l'activité du système immunitaire.
Un quotidien compliqué
La maladie au quotidien est déjà suffisamment invalidante mais en cette période d'épidémie du Covid-19, elle devient à risques pour des personnes qui ont reçu pour consigne de continuer leur traitement pour ne pas risquer d’aggraver leur maladie.
"Si je ne prends pas mes cachets, j'ai des douleurs insupportables la nuit...
Mon mari souffre d’asthme pathologie également à risques et je dois m’occuper de ma mère qui souffre elle d’emphysème pulmonaire.
J’évite les grandes surfaces je ne peux pas me permettre de faire une heure et demi de queue aux caisses"
Lettre ouverte au chef de l'Etat
C'est aussi une source de stress supplémentaire et de questionnement sans fin pour ces patients.
L'association Courir Contre la Spondylarthrite France dont Jennifer est la déléguée dans le Doubs a donc décidé d'interpeller dans une lettre ouverte le Président de la République, le gouvernement et les municipalités.
"Monsieur le Président, Mesdames Messieurs les Députés ainsi que tous les Maires de France, comment comptez-vous nous protéger nous les personnes immunodéprimées et nos familles ? Car pour le moment les consignes ne sont pas faites pour nous protéger."
Dans ce courrier, le président de l'association Emmanuel Bianco rappelle que les gestes barrière mis en place font partie de leur quotidien en dehors de toute épidémie.
"Il est bien trop dangereux pour nous d’aller faire 1h la queue dans une grande surface ou les gens s’agglutinent par centaine pour dévaliser les ressources indispensables, il est trop dangereux pour nous d’aller consulter notre médecin traitant ou notre spécialiste, il devient même trop dangereux pour nous de voir notre propre famille".
À l'instar des personnes âgées pour lesquelles certaines grandes surfaces réservent des créneaux, l'association souhaiterait qu'il en aille de même pour les patients sous immunosuppresseur.
Jennifer Massennot rajoute "on se sent un peu comme la dernière roue du carrosse. On existe, on n'a pas forcément 70 ans et on a beau être jeune on peut être fragile ... qu’ils pensent un peu à nous !"
L'avis du rhumatologue le docteur Marie Valnet-Godfrin
Selon le docteur Valnet-Godfrin, les données récentes concernant les patients sous immunosuppresseurs et atteints par le Covid-19 sont plutôt rassurantes. Elle cite notamment trois cas à Bordeaux ces derniers jours et sur ces trois patients touchés par le virus, aucun n'a développé de pathologie inquiétante. Mais nous précise-t-elle "les données évoluent sans cesse, nous n'avons pas d'antériorité sur le virus".Tous les 48 heures une mise à jour des recommandations est faite et pour l'instante elle est constante: en aucun cas
"il ne faut interrompre un traitement . Cela pourrait s'avérer plus délétère au niveau de la réactivation de la maladie."