Crash du Mirage 2000 dans le Jura : "Ça se joue en une fraction de seconde", explique Jean-Dominique Merchet

Le journaliste spécialiste des questions militaires Jean-Dominique Merchet livre son expertise sur le Mirage 2000 D, avion qui s'est crashé ce mercredi 9 janvier dans le Jura. 

Alors qu'une centaine de gendarmes, militaires de l'Armée de l'Air ratissent la zone de crash à la recherche de l'équipage porté disparu, nous avons posé quatre questions à Jean-Dominique Merchet, journaliste à l'Opinion, spécialiste de la Défense. 
 


Est-ce que le Mirage 2000 D est un avion capable de voler à basse altitude ? 

Jean-Dominique Merchet : C’est un avion qui a été conçu pour ça. A l’origine, c’est une évolution d’un avion qui a été retiré du service l’an dernier : le Mirage 2000 N, qui transportait l’arme nucléaire. Il a été construit pour pouvoir pénétrer des défenses ennemies à une vitesse de 600 nœuds, environ 900 km/h. Il peut voler entre 150 mètres et 300 mètres du sol, ce qui est vraiment bas.

Est-ce donc un exercice normal pour cet avion ? 

En fait, il n’a jamais vraiment été utilisé comme ça. Étant donné que les aviations occidentales contrôlent le ciel, il a toujours été utilisé à haute altitude, au-delà de 5000 mètres car c’est une distance à laquelle on ne peut pas être atteint par des missiles aériens. Mais c’est un avion qui sait voler à basse altitude, il n’y a aucun doute. Ce qui est frappant, c’est qu’il n’y a quasiment plus d’accident d’avion de guerre.

"Au moindre incident, vous percutez le sol. Après, on ne vous retrouve pas" 

 



Le Mirage est-il un avion régulièrement accidenté ? 

Il faut imaginer que dans les années 1960, lorsque que les premiers Mirage arrivent dans l’armée de l’air, il y a un accident mortel par mois. Il y a eu une baisse très nette du nombre d’accidents. Aujourd'hui, il n’y en a quasiment plus. Il y a des accidents où les pilotes s’éjectent. En 35 ans, sur les 315 Mirage livrés à l’armée de l’air, plus de 48 ont été détruits dans des accidents. Mais avec des morts, c’est devenu très rare.

Selon les enquêteurs, les deux militaires n'ont pas déclenché leur siège éjectable. Comment l'expliquez-vous ? 

Vous êtes à 900 km/h à 300 mètres du sol. Au moindre incident, vous allez percuter le sol. Et après, on ne vous retrouve pas. Vous imaginez le choc ? Si vous êtes dans une phase de vol, en haute altitude, vous avez le temps de gérer ça. Mais dans une mission de pénétration à basse altitude, là ça se joue en une fraction de seconde.
J’insiste sur le fait que les accidents d’avion de chasse, ça arrive régulièrement. Le fait qu’ils n’aient pas le temps de s’éjecter, c’est plus rare. Mais ça fait partie de l’entraînement, sans aucun doute.
 
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