INFO FRANCE 3. Des spéléologues ont découvert une dent de mammouth méridional dans une grotte de Saône-et-Loire.
La découverte est rare. Des spéléologues ont mis au jour une dent de mammouth méridional dans une grotte à plus de 30 mètres sous terre à Saint-Gengoux-de-Scissé en Saône-et-Loire. Cette espèce de dix tonnes est apparue il y a deux à trois millions d'années et a disparue il y a 600 000 ans avant notre ère.
Depuis 2014, environ 70 bénévoles se relaient tous les week-ends entre mars et octobre pour déblayer les sédiments qui durant des centaines de milliers d'années se sont déposés dans la cavité, charriés par une rivière souterraine.
"Cette rivière a amené des sédiments, du sable, des graviers, des galets, et a rempli toute la grotte. Mais la grotte fait 12 mètres de large par plus de 8 mètres de hauteur", détaille Lionel Barriquand, chercheur et spéléologue du club Argilon. Cent tonnes de sédiments ont déjà été enlevées, seau après seau.
Témoin du climat
Cette grotte de calcaire est comme un livre ouvert sur l'histoire de la Terre. Au fur et à mesure du déblaiement, des prélèvements ont été réalisés. Ils ont été envoyés dans des universités en France et dans le monde pour obtenir leur datation."Il y a 780 000 ans, le magnétisme de la Terre s'est inversé. Comme on a une date au dessus à 600 000 ans, on peut espérer dans toute la couche de sédiments retrouver l'inversion du magnétisme terrestre", précise le chercheur.
Les spéléologues ont aussi découvert une stalagmite que le muséum d'histoire naturelle a pu dater entre - 600 000 et - 500 000 ans. En l'analysant, on pourra connaître l'évolution du climat à l'époque dans le Mâconnais.
Mais cette étude coûte 30 000 euros, impossible pour l'équipe de bénévoles de la financer d'elle-même. Elle espère un mécénat pour la mener à bien.
En réseau avec les grottes d'Azé
En 1931, un tunnel est construit pour capter les sources de la Goulouze et alimenter le village de Saint-Gengoux-de-Scissé en eau. Les ouvriers qui creusent le tunnel découvrent des failles perpendiculaires à leur tunnel. Ils les murent mais relèvent leurs emplacements pour permettre plus tard une exploration.Des années plus tard, en 2014, Lionel Barriquand décide de reprendre l'exploration et pénètre dans la cavité. Elle est baptisée grotte de l'été car découverte un 21 juin.
Cette grotte de l'été communique avec les grottes d'Azé, distantes de quelques kilomètres. Les spéléologues ont pu le vérifier à l'aide de colorant, inoffensif pour la nature. Versé dans les eaux de la grotte de l'été, il est apparu peu après dans celles d'Azé. Mais impossible pour l'instant de connaître en détail le réseau qui relie les deux grottes.