La demande d'Alain Cocq, d'avoir une assistance médicale pour l'aider à mourir et mettre fin à ses souffrances, a une résonnance particulière à Dijon. Il y a 12 ans, à Plombières-lès-Dijon, Chantal Sébire, avait fait la même demande à Nicolas Sarkozy, sans obtenir gain de cause.
A Dijon, personne n'a oublié Chantal Sébire et le combat qu'elle a mené avant de mourir en mars 2008. Chantal Sébire avait 52 ans. Elle a souffert le martyre. Les douleurs que lui infligeait le cancer qui lui déformait le visage, étaient intolérables.
Devant les caméras de la télévision, elle a courageusement témoigné de ce qu'était devenue sa vie. Sa maladie étant incurable, Chantal Sébire ne voulait pas continuer à attendre que la mort vienne la chercher. Elle voulait mourir vite mais dans la légalité. Ce qu'elle souhaitait, c'était de pouvoir "partir" dignement, tranquillement, sereinement, sans souffrances inutiles, en restant chez elle.
Un combat pour l'autorisation d'un suicide assisté
Rien de compliqué a priori : une injection de produit létal, à sa demande, sous assistance médicale, comme cela se fait en Belgique, au Pays-Bas, et en Suisse. En France, en 2008, c'était la Loi Léonetti du 22 avril 2005 qui s'appliquait, accordant seulement l'abandon des soins thérapeutiques. Afin d'obtenir l'autorisation d'une assistance médicale pour mourir, Chantal Sébire en a appelé au président de la République de l'époque, Nicolas Sarkozy. Elle a aussi déposé une requête au Tribunal de Grande Instance de Dijon. Requête rejetée.
En désespoir de cause et pour en finir avec la vie, Chantal Sébire, a absorbé des barbituriques. Elle s'est éteinte le 19 mars 2008.
Rappel des faits : Gabriel Talon
Images : France 3 Bourgogne / INA
Une modification de la loi en 2016
La médiatisation au niveau national et même international du "cas Chantal Sébire" a permis de faire avancer la législation. Suite à un rapport sur le sujet, un projet de loi a été présenté en 2013 à l'Assemblée Nationale. Amendé, renvoyé en commission, le texte a été adopté, et la nouvelle loi promulguée le 2 février 2016.La loi Clæys-Léonetti instaure, dans certains cas, un droit à la « sédation profonde et continue » pour les personnes atteintes d'une maladie grave et incurable en phase terminale, mais elle n’autorise toujours pas l’euthanasie active ni le suicide assisté.
En 2020 Alain Cocq poursuit le même combat
Atteint d'une maladie orpheline, lourdement handicapé, Alain Cocq demande lui aussi, comme l'avait fait Chantal Sébire, l'autorisation de pouvoir s'éteindre avec une assistance médicale. Comme Chantal Sébire, il s'est adressé au Président de la République. Il a lui aussi décidé de médiatiser son cas. A l'heure des réseaux sociaux, il a d'ores et déjà annoncé qu'il serait en live sur sa page Facebook à partir du 4 septembre, jour qu'il a choisi pour son suicide assisté, s'il en a l'autorisation, ou pour se laisser mourir en arrêtant de boire, de manger et d'être soigné.