Luc Herrmann est un agriculteur d’un nouveau genre. Installé à Cuse-et-Adrisans, en Franche-Comté, il élève des insectes destinés à l’alimentation des animaux, en attendant que cela soit autorisé pour la consommation humaine.
A Cuse-et-Adrisans, dans le Doubs, se trouve un drôle d’élevage, celui de Luc Herrmann qui produit des insectes.
Il est prêt et dès que la législation l’autorisera à commercialiser des produits à base d’insectes pour l'alimentation humaine, il se lancera sur le marché ! Déjà plus de deux milliards d'humains de par monde en consomment.
Mais en Europe, seuls les animaux peuvent consommer des farines et des produits dérivés d’insectes et de larves. A l’exception de la Finlande et de la Suisse qui, en 2017, ont autorisé officiellement la vente d’insectes propres à la consommation.
En attendant que la législation évolue, Luc Herrmann n’hésite pas à consommer ses insectes dont il vante la valeur nutritive (richesse en protéines) et les avantages écologiques. Pour produire un kilo d’insectes, il faut deux kilogrammes de matières premières alors qu’il en faudrait neuf pour un kilo de viande.
C’est une véritable passion pour les insectes qui a poussé cet amateur de pêche à la mouche dans une reconversion professionnelle, encore assez rare. En France, sept agriculteurs et deux entreprises commerciales font de l’élevage d’insectes.
Luc obtient un bac pro "gestion des installations agricoles", passe quelques mois par un incubateur d’entreprises à Besançon. Il fait aussi un stage à l’insectarium du zoo de la Citadelle à Besançon. Il devient spécialiste du ténébrion meunier (appelé aussi ver à farine), du criquet migrateur, du vert géant et du grillon domestique.
En ajoutant à tout cela des voyages et beaucoup de curiosité pour ce qui se passe ailleurs, le voilà prêt à se lancer.
Il s’installe en 2016, à Rioz, en Haute-Saône et crée "Agri Bug’z". En attendant que la législation évolue, cela n’empêche pas cet agriculteur de travailler, bien au contraire ! Sa production est destinée à nourrir les animaux des zoos, comme celui de la citadelle de Besançon.
Luc Hermann a un élevage incroyable. Son exploitation produit aujourd’hui environ 7 tonnes d’insectes par an.
Sur plus de 200 m2 il élève pour le moment uniquement des ténébrions meuniers. Il utilise pour cela deux gros containers maritimes, hermétiques, où les larves peuvent se développer bien au chaud. L’un sert à faire grandir les larves et l’autre à la reproduction.
Il va prochainement élever des criquets migrateurs, des verts géants et des grillons domestiques, quand il aura investi dans les installations adaptées.
Jean Luc Herrmann ne s’intéresse pas uniquement à l’insecte comme nourriture, il s’est aussi tourné vers la recherche. Il a travaillé avec le laboratoire de recherche Chronoenvironnement de l’université de Besançon sur le rôle des insectes dans la valorisation des déchets : certains ont la capacité de détruire le plastique. Il s’intéresse aussi aux pouvoirs fertilisants des déjections, même si actuellement cela n’est pas encore autorisé par la législation.
L’élevage des insectes est un marché porteur pour l’avenir. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) voit même dans les insectes un moyen de résoudre le problème de la faim dans le monde. Dans un rapport de 2013, elle en recommande l’élevage à grande échelle.