Dans le Canton de Vaud, 30 % des 14-17 ans réussissent encore à se procurer du tabac malgré l'interdiction de vente aux mineurs. C'est le résultat des achats-tests effectués par des jeunes dans près de 400 points de vente "selon la technique du client mystère".
Comme en France, la loi interdit en Suisse de vendre du tabac aux mineurs. Et pourtant, un jeune sur trois parvient encore à s'en procurer. C'est ce qui ressort de ces achats-tests de tabac réalisés dans tout le canton de Vaud par des jeunes de 14 à 17 ans, "selon la technique du client mystère", indique un communiqué.
Ce "testing" a été effectué par des jeunes formés et encadrés par la Police cantonale du commerce, Unisanté et la Fondation vaudoise contre l’alcoolisme. Parmi les 1600 établissements qui disposent d'une autorisation de vente de tabac dans le Canton, 393 points de vente ont été tirés au sort et visités. À l'arrivée, 118 achats-tests se sont conclus par une infraction.
"Il s’agit d’une évolution positive, reconnaissent néanmoins les autorités vaudoises. Lors des achats-tests précédents, les refus étaient en effet notablement plus rares. En 2011, 70 % des points de vente avaient vendu du tabac aux mineurs."
Distributeurs automatiques
Selon Addiction Suisse, qui a analysé tous les résultats, 41 % des ventes ont eu lieu par le biais de distributeurs automatiques qui n'existent pas en France. "Or, la loi exige que les exploitants surveillent leur automate. Les systèmes de contrôle par jeton posent problème lorsque les jetons sont laissés en libre-service ou sont donnés par le personnel, sans contrôle de l’âge", précise le Canton.
Dans le cas des distributeurs à double vérification (jetons et lecteur de pièce d’identité), le contrôle de la pièce d’identité par l’automate n’est pas toujours obligatoire si un jeton est introduit. En revanche, les automates avec uniquement un lecteur de pièce d’identité se sont montrés efficaces pour empêcher l'achat de cigarettes par des mineurs.
En outre, cette série d'achats-tests a montré que 68% des points de vente visités n'affichaient pas l'avis de protection de la jeunesse de manière visible.
Achats-tests jusqu'en 2026
Le 15 mai dernier, les autorités cantonales avaient annoncé le démarrage d’une grande campagne d’achats-tests de tabac et alcool sur l’ensemble du territoire vaudois, pour une durée de quatre ans.
Les jeunes sont particulièrement vulnérables à la dépendance créée par la nicotine. Plus on commence à fumer jeune, plus le risque de devenir une fumeuse ou un fumeur régulier est grand, et plus il sera difficile d’arrêter. Or, les études montrent que plus un produit est accessible, plus l’entrée en consommation est facilitée.
Canton de Vaud.Communiqué du 15 novembre 2023.
Un courrier a été envoyé à tous les établissements visités pour les informer des résultats des achats-tests, avec un rappel du cadre légal et une mise en garde pour ceux qui étaient en infraction.
Vu du Doubs
Une opération surveillée de très près de l'autre côté de la frontière. Ici, "pas de machines" comme le rappelle Frédéric Roland, le patron de la Confédération des buralistes dans le Doubs, à France 3 Franche-Comté. Mais la volonté affichée de faire respecter strictement cette interdiction de vente de tabac aux mineurs.
On est les premiers à surveiller. On essaie d'être extrêmement vigilants. On sait qu'on n'a pas le droit à l'erreur. C'est pour ça que le tabac est toujours derrière le comptoir.
Frédéric Roland, président Confédération des buralistes du Doubs.
En France, ajoute-t-il, "c'est la profession elle-même qui organise ses propres testings". Et il cite en exemple cette formation et cette certification appelée BOB pour "Buraliste Officiellement Bienveillant". Les buralistes sont justement contrôlés sur les quatre produits interdits à la vente aux mineurs : tabac, cigarette électronique, jeux et alcool.
Lors de leur assemblée générale ce dimanche 12 novembre à Serre-les-Sapins, près de Besançon, les buralistes du département ont été d'ailleurs été une nouvelle fois sensibilisés sur ce sujet et "fortement encouragés" à suivre cette formation.