Le tabac reste la première cause de mortalité évitable en France, avec 75 000 décès par an. Pour la huitième année consécutive, novembre est le Mois sans tabac. Un défi collectif pour arrêter de fumer. Solène et Guillaume ne fument plus depuis trois ans et nous livrent leurs témoignages.
Le 1er novembre marque la Toussaint, le début de Movember, mais aussi le début du Mois sans tabac, organisé chaque année en France. L’objectif ici est d’encourager les fumeurs à arrêter de fumer pendant 30 jours, dans une dynamique collective. Mais aussi, de s’interroger sur sa consommation et son envie de fumer. Car dans l’Hexagone, 12 millions de personnes fument au quotidien. Ce qui représente la première cause de mortalité évitable, avec 75 000 morts par an.
Pour la santé et par fierté
Marielle Micic est infirmière à l’association Addictions France de Besançon (Doubs), où elle accompagne, notamment, les fumeurs dans leur arrêt du tabac. Elle nous rappelle que l’addiction est l’impossibilité de dire non, ce qui équivaut à une perte de liberté. Le mois sans tabac, elle le présente comme une expérience. "C’est déjà bien de commencer à arrêter de fumer, que ce soit pour faire une pause ou pour toujours. Même si on reprend, ce qui est important est de faire un retour d’expérience, savoir ce qui a été compliqué. Parce que si on ne va pas sur ce qui est compliqué, on n’avance pas", souligne l’infirmière.
Solène a arrêté de fumer il y a trois ans. Si aujourd’hui encore, elle fait toujours le même rêve, dans lequel elle fume en soirée, elle n’a pas touché une cigarette depuis.
"Lors d’une visite médicale, un médecin m’avait dit que jusqu’à mes 25 ans, fumer n’abîmait pas mes poumons. Je ne sais pas vraiment si c’est vrai, mais je m’étais toujours dit que j’arrêterais la cigarette à mes 25 ans, je le criais sur tous les toits".
Solène, ancienne fumeuse
La veille de son anniversaire, elle allume cette fameuse dernière cigarette. "Tu ne vas pas y arriver", a-t-elle pu entendre. Alors qu’elle fumait entre 10 et 15 cigarettes par jour, elle s’est munie du Petit livre pour arrêter de fumer pour que tout cela devienne une vieille habitude. "C’était vraiment pour ma santé. Je savais que ce n’était pas bien et puis je l’ai fait aussi par fierté, parce que je l’avais trop dit", dit-elle en riant.
Garder l'objectif en tête
Ce que décrit Solène, Marielle Micic l’explique très bien : "Parfois, on n’arrive pas à arrêter de fumer parce que l’état émotionnel est plus élevé que la volonté. Ça ne veut pas dire qu’on n’a pas envie, mais que si le but n’est pas fixé, on n’arrive pas à arrêter." Alors que quand l’objectif est clair et qu’on reste accroché à ce désir d’arrêter, là, on y arrive. "Il faut que l’objectif soit plus fort que l’envie de fumer", insiste-t-elle.
Guillaume a 31 ans et a arrêté de fumer il y a trois ans. Pour lui aussi, son objectif était plus fort que l’envie de fumer. "J’ai eu deux déclics. Le premier, c’est qu’un proche m’a dit que si je n'arrêtais pas, c’est parce que je n’avais pas la volonté et je me suis dit qu'il avait raison", se souvient-il. Après le Covid, il a repris le sport avec une réelle volonté d’avoir des résultats physiques. "Mon coach a tenu un discours qui n’était pas moralisateur, mais qui m’a sensibilisé." Trois mois plus tard, alors qu’il était au travail, lui aussi affirme que c’est la dernière. Il remplace la cigarette par une vapoteuse. "J’avais les mêmes comportements. Je vapotais aux mêmes moments de la journée", explique Guillaume, qui aujourd’hui s’est débarrassé de tout.
L'addiction remplit une fonction
Marielle Micic explique qu’une personne "n’est pas simplement 'addict' à un produit et qu’il est nécessaire de travailler avec tout le contexte. L’addiction remplit une fonction". Solène l’illustre parfaitement : "J’ai trouvé dur de changer mes habitudes. Le café, c’était toujours avec une clope, la bière, pareil. Mais au final, j’ai trouvé ça moins dur que ce que je m’étais imaginé", explique la jeune femme.
Quand ils regardent en arrière, ils sont fiers d’eux-mêmes. "J’avais vraiment l’impression que la cigarette m’aidait dans la gestion de mon stress, je fumais pour me détendre. Mais je me rends compte que la cigarette était devenue mon ennemi, surtout dans la pratique du sport. Je me suis dit "ne fais pas quelque chose qui nuit à ton objectif", explique Guillaume.
L'accompagnement pour y arriver
L’infirmière à l’association Addiction France souligne que souvent, l’accompagnement est ce qu’il manque aux personnes, pour arriver à arrêter de fumer. Elle insiste aussi sur l’importance que peuvent avoir les groupes de parole, que ce soit pour la valorisation, la gestion de l’anxiété ou simplement pour partager des conseils. Cet accompagnement pluridisciplinaire est financé par l’État et pris en charge par la Sécurité sociale. "C’est un véritable enjeu de santé public. Il faut que les Français se sentent bien avec eux-mêmes", conclut Marielle Micic.