Témoignages. Bonne conscience, meilleure santé et plaisir de cuisiner... Pourquoi sont-ils devenus vegan ?

Publié le Écrit par Sarah Rebouh
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Le 1er novembre est la journée mondiale du véganisme. Pour l'occasion, France 3 Franche-Comté a questionné cinq personnes ayant adopté ce régime alimentaire. Elles nous expliquent les bienfaits de ce choix sur leur vie quotidienne. Témoignages.

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"Je n'avais pas envie de participer au meurtre de masse que subissent les animaux d'élevage". Quentin, 32 ans, est vegan depuis l'âge de 15 ans. Cet habitant de Pesmes, en Haute-Saône, a aussi choisi d'adopter un régime 100% végétal par conscience écologique. "C'est la principale raison d'émission des gaz à effets de serre, de déforestation, de l'appauvrissement des sols et pollution des nappes phréatiques", nous explique-t-il sans détours. Selon la définition du dictionnaire Le Robert, un ou une vegan est une "personne qui exclut de son alimentation tout produit d'origine animale et adopte un mode de vie respectueux des animaux."

Le Franc-Comtois dit vrai. Selon l'ONG Greenpeace, aujourd’hui, 75 % des terres agricoles dans le monde servent à élever du bétail. "En Amazonie brésilienne, par exemple, 63% de la déforestation est dûe à l’élevage", précise l'organisation engagée pour la préservation de l'environnement. Et d'ajouter : "à l’échelle mondiale, l’élevage représente 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre – soit autant que le secteur du transport". La production de viande est également très consommatrice d’eau. Une étude parue en 2013 et citée par nos confrères du Monde.fr, note que l’« empreinte eau » des Européens liée à leur alimentation pourrait baisser de 23 % à 38 % en diminuant ou supprimant la part de la viande dans les repas. Les données scientifiques et les études permettant d'asseoir les propos du Haut-Saônois ne manquent pas. 

Les avantages qu'il tire de son véganisme au quotidien sont nombreux. "Une bien meilleure santé et des performances sportives améliorées. Une bonne conscience écologique. De grosses économies d'argent...", nous détaille ce véritable passionné de sports en plein air. La plupart de ses proches ont bien compris son choix. Sa mère et son frère lui ont emboité le pas en devenant, eux aussi, vegan. "De nombreux amis le sont devenus également au fil des années". Quentin achète au maximum des produits bio, locaux et non transformés.

Depuis que je suis vegan, je récupère beaucoup plus rapidement. Plus besoin de gros temps de repos. Et j'ai l'impression d'avoir un bon avantage cardio/récupération par rapport à mes collègues d'entraînement...

Quentin, vegan

C'est aussi la manière dont consomme Céline, 33 ans, originaire du Jura et vegan depuis 2017 après avoir commencé, comme nombre de vegan, par le végétarisme. "J’étais végétarienne depuis 2005 et en lisant, en voyageant, j’ai questionné mes choix sur le fait de ne pas manger d’animaux. Pourquoi me servir de leur exploitation pour d’autres usages (ndlr, formage, lait, oeufs) ? Je ne trouvais pas ça cohérent. Au quotidien, ça m’apporte en cuisine plus de créativité, et je suis plus attentive à l’équilibre alimentaire", partage-t-elle. Megane, étudiante franc-comtoise de 25 ans, est quant à elle vegan depuis cinq ans. Elle aussi a commencé par être végétarienne. "On peut commencer par être végétarien si cela n’est pas déjà le cas. Réfléchir au pourquoi on veut devenir vegan et se renseigner sur ce sujet pour être au clair avec ses valeurs", conseille-t-elle. "Il ne faut pas faire attention aux critiques non constructives et aux moqueries. Penser à faire un bilan sanguin régulier pour s’assurer que tout va bien et le cas échéant s’adapter. Et enfin ne pas s’en vouloir de faire des écarts. Chacun transitionne à son rythme". 

Selon un sondage réalisé par l'institut IFOP, en France, les régimes végétariens ou végétaliens ne concerneraient que 2,2 % des Français. Pourtant, la conscience des conséquences négatives de la viande sur la santé et l’environnement progresse. Les nouvelles générations sont notamment plus enclines que les précédentes à adopter un régime à base de végétaux.

Les mentalités évoluent 

Orianne est restauratrice à Besançon. Elle a ouvert un restaurant 100% vegan dans la capitale comtoise après avoir quitté Paris, ville dans laquelle elle a créé un premier restaurant de ce type en 2016, lorsqu'elle a décidé d'arrêter de manger de la viande. Elle a bien ressenti l'évolution des mentalités par rapport au véganisme. "C'était plus compliqué avant d'ouvrir un restaurant vegan, notamment parce que les mentalités n'étaient pas encore très ouvertes à ce sujet. Les gens ne savaient pas ce que "vegan" voulait dire et en quoi ça consistait, et il y avait aussi beaucoup d'a priori. Par exemple, les gens pensaient plus souvent que la nourriture vegan n'a pas de saveurs ; ou que le fait de se soucier des animaux est ridicule", nous explique-t-elle. 

"Un jour j'ai réalisé que c'était incohérent de manger certains animaux (vaches, poulets...) et pas d'autres (chiens, chats...)". 

Orianne, restauratrice vegan

Pour la cuisinière, être vegan ne signifie pas se priver de tout. Elle vit comme tout le monde et mange "les mêmes choses" : "burgers, "boeuf" bourguignon, "saumon" fumé, camembert... Les goûts et textures sont pratiquement les mêmes, ce sont simplement les ingrédients qui changent pour remplacer la viande, le lait ou les œufs." Le burger est d'ailleurs l'un des produits phares de son restaurant baptisé "Veggie's Corner".

Quitter Paris pour ouvrir un établissement vegan dans une ville plus petite n'a pas été difficile. "Dans les petites villes comme Besançon, l'offre végétale est rare et ça faisait sens pour moi de venir apporter ici mon savoir-faire, afin que les Bisontins puissent facilement se régaler sans produit d'origine animale", détaille l'ancienne journaliste âgée de 39 ans.

Une crainte "infondée" autour de l'alimentation vegan

Les croyances entourant le régime alimentaire des personnes vegan sont nombreuses. Beaucoup de sceptiques pensent que ces derniers ne mangent pas à leur faim, sont carencés ou pire, sont aigris à force de se priver de bonnes choses. "Il y a aussi un cliché qui fait penser à beaucoup que les vegan sont ennuyeux ou hystériques. Passez un peu de temps avec moi, et vous verrez que cela n'est pas vrai", nous lance Orianne, originaire des Vosges voisines. Il nous est donc apparu utile de lever quelques a priori grâce au témoignage d'Astrid, nutritionniste depuis près de quatre ans, et vegan. Elle a commencé ce régime alimentaire il y a huit ans, alors qu'elle travaillait dans l'Armée de Terre, avant de se reconvertir.

Selon cette professionnelle de la diététique, la base de l'alimentation vegan est la même que celle d'une alimentation plus classique. Elle doit être variée et composée de produits bruts. "Les légumes, les produits céréaliers complets et les fruits devraient constituer le socle de l’alimentation de tout le monde, que l’on mange des produits d’origine animale ou pas. Il y a une grande crainte autour de l’alimentation vegan et des protéines, mais elle est totalement infondée : des protéines, il y en a partout, et à moins d’être en dénutrition, c’est-à-dire d’avoir un apport calorique insuffisant, on ne manque pas de protéines", détaille-t-elle. "Pour bien absorber le fer, on pense à inclure une source de vitamine C dans ses repas : persil, kiwi, poivron, brocoli, fruits rouges…", ajoute-t-elle. Même chose pour les omégas 3, qu'on retrouve dans les noix, les graines de lin moulues ou encore les algues.

Pour que le changement soit durable, il faut prendre du plaisir dans son alimentation. Quasiment toutes les recettes - classiques - sont réalisables en version vegan, faite maison. Aujourd’hui, il existe plein de recettes vegan accessibles gratuitement sur internet.

Astrid, nutritionniste et vegan

Une seule vitamine est à prendre en complément alimentaire pour les vegan :"la vitamine B12, car pour l’instant, on ne connaît pas de source végétale fiable de vitamine B12". "Pour les personnes que cela rebute, je leur explique que nous sommes toutes et tous supplémentés en iode via le sel de table, et ça ne dérange personne car on ne s’en rend pas compte", précise Astrid, tout en ajoutant que de nombreux sportifs, amateurs ou professionnels, ont adopté une alimentation 100% végétale.

C'est le cas des joueur et joueuse de tennis Novak Djoković et Venus Williams, du footballeur Samuel Umtiti, du pilote de formule 1 Lewis Hamilton, de l'athlète Carl Lewis ou encore de Patrick Boabounian, sacré "homme le plus fort d’Allemagne" en 2011. De quoi faire taire définitivement ceux qui pensent encore que le véganisme rime avec fragilité physique. Et pour celles et ceux qui boudent un peu la cuisine, mais qui souhaiteraient tenter l'expérience... il va falloir se (re)mettre aux fourneaux. 

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