"Les hommes ont beaucoup de mal à en parler", ils se font pousser la moustache en novembre pour sensibiliser aux maladies masculines

Cancer de la prostate, cancer du testicule, troubles urinaires, sexuels ou mentaux, ils sont encore tabous pour beaucoup d'hommes. Comme chaque année depuis 2012 en France, le 1er novembre marquera le début du "Movember", un mouvement de sensibilisation aux "maladies masculines". Clément Darcq, urologue à Besançon, nous explique pourquoi il faut absolument en parler

Il se laisse pousser la moustache depuis 10 ans maintenant, chaque année au mois de novembre. C'est devenu une tradition. Urologue depuis 2007 à la clinique Saint-Vincent de Besançon, Clément Darcq sait toute l'importance de ce petit geste.

"Movember" fête déjà ses 20 ans d'existence. Lancé en 2003 en Australie, c'est devenu aujourd'hui un évènement mondial, organisé dans plus de 20 pays. Parfois appelé aussi "Mouvembre" en français ou "novembre bleu", cette opération consiste à se laisser pousser la moustache pendant 30 jours dans le but de sensibiliser aux maladies typiquement masculines : le cancer de la prostate ou celui des testicules mais aussi les troubles urinaires, sexuels ou mentaux, qui restent encore tabous chez l'homme.

Un sujet très sensible

"C'est vraiment l'occasion de communiquer sur ce sujet très sensible, explique Clément Darcq. Les hommes ont beaucoup de mal à en parler. Les femmes, elles, le font plus facilement. Dès l'adolescence, elles vont consulter leur gynécologue, elles sont suivies régulièrement. Elles peuvent aussi en parler autour d'elles. Pour les hommes, c'est plus difficile. Ce n'est pas évident de se confier à son entourage. On ne va pas aller dire à un ami qu'on souffre d'éjaculation précoce ou qu'on a des troubles de l'érection par exemple."

Quand ça marche moins bien, ça génère tout de suite de l'anxiété et ça devient plus compliqué d'en sortir. Les hommes vont souvent se priver de rapports sexuels pour ne pas avoir à affronter la réalité ou par peur de décevoir leur partenaire. Ils vont parfois attendre 6 mois avant de consulter.

Clément Darcq, urologue à Besançon.

Pour l'urologue, ces consultations trop tardives peuvent évidemment affecter le diagnostic mais surtout retarder la prise en charge. Notamment quand il s'agit d'un cancer de la prostate. C'est en effet le plus fréquent chez l'homme, avec plus de 50 000 nouveaux cas par an en France.

1 homme sur 7

Ce sont les chiffres : un homme sur sept en sera atteint au cours de sa vie. Le cancer de la prostate est responsable de 8 100 décès tous les ans dans l'Hexagone, soit pratiquement un décès toutes les heures et plus du double des tués sur la route.

Dans l'inconscient collectif, cancer de la prostate signifie fin de la vie sexuelle. Alors les hommes ont peur de l'apprendre. Résultat : ils viennent nous voir trop tard quand la maladie est déjà à un stade très avancé. On leur confirme le diagnostic, on les met sous traitement mais on ne peut plus faire grand-chose d'autre.

Clément Darcq, urologue à Besançon.

Dépistage par prise de sang

Le dépistage du cancer de la prostate est pourtant facile : une simple prise de sang après 50 ans pour doser l'antigène spécifique de la prostate (PSA). "On a le résultat quelques heures après, explique Clément Darcq. C'est le médecin généraliste qui doit le proposer systématiquement à ses patients mais il y a eu une controverse et beaucoup ont contesté son intérêt."

Une polémique qui n'a plus lieu d'être selon le spécialiste bisontin. Une étude européenne menée pendant 9 ans auprès de 182 000 hommes âgés de 50 à 74 ans de sept pays européens, a en effet montré que le dépistage basé sur le dosage du PSA réduisait le taux de décès par cancer de la prostate de 20%.

"Le problème aujourd'hui, estime Clément Darcq, c'est que certains généralistes, hommes ou femmes, ne sont pas toujours très à l'aise eux-mêmes avec ça et n'osent pas évoquer ce dépistage avec leurs patients." Raison de plus pour faire passer le message à l'occasion du "Movember". Avec ses collègues de la Clinique Saint-Vincent, il organisera une action de sensibilisation samedi 18 novembre 2023, place Granvelle à Besançon. Avec sa belle moustache !

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