À l'école de Nancray, selon des parents d'élèves, la température a atteint ces derniers mois 17°C dans les salles de classe, et 13°C dans certaines pièces. La mairie, qui lance un projet de baisse de la consommation d'énergie pour répondre à des objectifs fixés par l'État, admet des ajustements, mais assure que les enfants n'ont pas froid.
Le mercure est-il descendu trop bas pour que les enfants puissent apprendre dans de bonnes conditions ? C'est la polémique qui a agité pendant plusieurs semaines les discussions des parents d'élèves devant les grilles de l'école de Nancray, dans le Doubs.
Selon des informations communiquées à France 3 Franche-Comté, l'équipe pédagogique comme les parents d'élèves ont relevé en décembre des températures qu'ils estiment trop basses : 17 °C en classe, et 13°C dans la salle de motricité. Le maire du village, Vincent Fiétier (sans étiquette) se défend d'avoir trop baissé le thermomètre.
Un contexte d'économies d'énergies
L'édile l'assume : depuis quelques mois, le chauffage est moins fort au sein de l'école de Nancray. Dans cette commune, la mairie a enclenché en octobre 2023 une mission d'évaluation de la consommation, pour répondre à des objectifs de réduction de la consommation énergétique fixés par l'État.
"Ça ne se limite pas à baisser le chauffage. Notre approche est globale", explique Vincent Fiétier. En hiver, il s'agit selon le maire de la commune de diminuer la température la nuit, et de brider les radiateurs des couloirs et de la salle de motricité en journée, pour diminuer la consommation d'énergie. Mais il assure que les températures sont restées à des niveaux confortables.
"Il refait des otites"
Laurent Gauthier est le père d'un enfant scolarisé en maternelle à Nancray, il évoque des semaines difficiles cet hiver : "on a essayé de lui mettre un gros blouson sans manches. On lui a remis par-dessus, mais il se balade avec tout le temps maintenant." Résultat, selon lui, une situation plus propice aux propagations bactériennes : "C’est plus humide. Il refait des otites."
Selon une autre parent d'élève, les derniers mois ont en effet été marqués par des températures basses au sein de l'école, constatées par les enseignants.
Admettre que nos enfants ont froid, ça on a un peu du mal, c'est quelque chose qui ne passe pas vraiment. En plus de ça ils sont souvent malades, on est souvent chez le médecin, ça nous pose soucis.
Une représentante de parent d'élèves de Nancray
Mais, "ça fait déjà un moment que tout va bien", relativise-t-elle. Elle indique avoir récemment échangé avec l'équipe pédagogique.
"Une panne du système dans la salle de motricité"
Plusieurs réunions ont eu lieu en mairie pour évoquer l'avancement du projet de réduction de consommation énergétique, incluant des parents d'élèves. Le maire de la commune affirme qu'aucune information ne lui a été remontée lors de ces rendez-vous : "L'approche se fait par tâtonnements, mais dans le dialogue. Je ne comprends pas l'agitation qui est faite aujourd'hui".
Vincent Fiétier reconnaît que la température a pu atteindre 13°C dans une salle dédiée à la photocopieuse. "C'est la directrice qui nous l'a signalé au mois de janvier." Le maire de Nancray évoque un simple problème technique "qui a été réglé dès la fin de matinée", et non un choix délibéré d'économie. C'est pourtant bien ce que lui reprochent les parents d'élèves avec qui nous avons pu échanger.
Présent à une réunion organisée le 2 février, Victor Ramboz, président de l'association des parents d'élèves de Nancray, déclare que le problème ne lui a jamais été évoqué : "les maitresses étaient là, personne ne s'est plaint. Le seul souci, c'était une panne du système dans la salle de motricité."
Ce représentant des parents d'élèves évoque lui aussi des ajustements, concernant la température plus basse en dehors des horaires d'accueil pour les enfants. Une modification a ainsi dû être effectuée pour le confort de l'équipe enseignante. "Quand elles restaient le soir à 19h, elles étaient obligées de se couvrir pour bosser."
"L'idée est d'arriver à cet objectif sans que les utilisateurs souffrent de ces baisses, défend le maire, Vincent Fiétier. "Il y a des options retenues, comme la baisse du chauffage dans les couloirs, dans les zones, où les enfants ne sont pas régulièrement."
On fera tout, bien sûr, pour tenir les objectifs en étant vigilants à ce que les enfants n'aient jamais froid dans les salles de classe.
Vincent Fiétier, maire (SE) de Nancray
À l'appui, le maire assure que des relevés ont lieu en temps réel, que le choix des températures en classe est sous contrôle des enseignants, et que la température ne descend pas sous les 21°C. "Les couloirs, on peut les trouver à 17°C, 13°C en aucun cas."
Notre équipe, qui s'est rendue sur place ce lundi 12 février avec l'aval du maire, a pu constater une température de 17.0°C dans la bibliothèque. "C'est à la main des enseignantes", répond le maire, qui rejette toute responsabilité de la commune. "Une bibliothèque à 17 degrés avec des enfants dedans ne relève pas d'une décision de la municipalité."
40% de baisse de la consommation d'ici à 2030
Derrière cette expérimentation, menée sous l'égide de Grand Besançon Métropole et en lien avec l'inspection d'académie du Doubs, le "dispositif éco-énergie tertiaire" instauré par un décret de 2019, précisant les conditions d’application de la Loi Elan (Évolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique), promulguée fin 2018.
Ce décret, qui concerne toutes les branches du secteur tertiaire, oblige les propriétaires et les exploitants de bâtiments de plus de 1.000 m2 à réduire la consommation d'énergie finale de 40 % d'ici à 2030, de 50 % d'ici à 2040 et de 60 % d'ici à 2050. Un objectif qui peut aussi être atteint en valeur absolue, selon des paliers mesurés en kWh/m²/an.
À Nancray, le groupe scolaire, qui comprend l'école, un service périscolaire et un espace d'accueil associatif, est bien concerné par cette réforme, selon Vincent Fiétier : "le travail qu'on engage sur l'école, c'est la lutte contre la chaleur estivale. Grand Besançon Métropole nous propose de travailler sur le décret en parallèle."
Le sujet devrait de nouveau être débattu lors du conseil d'école, qui se tient ce mardi 13 février.
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