Annie Genevard, députée de la 5e circonscription du Doubs est la nouvelle ministre de l’Agriculture du gouvernement de Michel Barnier. Quelques heures après sa nomination, les principaux syndicats agricoles en Franche-Comté ont réagi. Entre doute et fortes attentes.
Au lendemain de la nomination d’Annie Genevard, la nouvelle ministre est dans toutes les conversations ce dimanche. Quelques heures après sa nomination l'élue comtoise a posté ce message aux agriculteurs : "Je connais la diversité de leurs métiers comme leur respect de la terre et des bêtes. Je connais aussi leurs difficultés et leurs attentes. Leur volonté est de vivre dignement de leur profession et de nourrir le pays avec des produits de qualité. Les agriculteurs ont besoin d’actes, de vérité, de respect. Telle sera ma ligne de conduite. Je rencontrerai rapidement leurs représentants."
Dans son tracteur, Marc Saumont, président de la coordination rurale de Haute-Saône, ne mâche pas ses mots quand on lui demande ce qu'il attend de sa nouvelle ministre. “D’Annie Genevard, on n’attend pas grand-chose. Elle est trop proche de la FNSEA. Cela va être le ministère de l’agriculture de la FNSEA” s’inquiète l'agriculteur qui aurait préféré au ministère une personnalité plus “ouverte”.
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Pour cet éleveur, Annie Genevard aura du pain sur la planche.
Aucun des problèmes du printemps dernier n’a été réglé. Une année climatique comme celle qu'on a eu, accentue les problèmes de revenus. On a des exploitations au bord du gouffre.
Marc Saumont, coordination rurale de Haute-Saône
Le département a connu de fortes pluies et orages cet été. “Beaucoup d’agriculteurs nous appellent pour dire qu’il faut ressortir dans la rue” conclut Marc Saumont.
Sur le plan national, la Coordination rurale a fait savoir ce dimanche qu'elle notait pour sa part "avec intérêt la nomination de Mme Annie Genevard à la responsabilité de ministre de l’Agriculture. Élue d'une circonscription rurale marquée par l'élevage et l'agriculture de montagne, elle connaît la détresse liée à la FCO-MHE. Elle a été présente à l'Assemblée nationale dans le dossier de la LOA et sur les questions de souveraineté alimentaire. Nous demandons à être reçus au plus vite. Après 9 mois de vide et 90 de vacance, chaque jour compte."
La FNSEA réclame des mesures financières urgentes pour les agriculteurs
Au sein du principal syndicat agricole, la FNSEA et les JA (Jeunes Agriculteurs), la ligne est forcément plus douce. Les syndicats ont félicité Annie Genevard pour sa nomination dans un communiqué.
FNSEA et JA ont appelé samedi la nouvelle ministre Annie Genevard à porter des "mesures financières de première urgence" après la mauvaise moisson et face aux maladies faisant des dégâts parmi les animaux d'élevage.
"On attend du soutien. L’été a été compliqué, les rendements impactés notamment au niveau des fourrages, et il y a l’arrivée de la fièvre catarrhale ovine (FCO)” explique Jean-Noel Monnier, éleveur à Croix près de Belfort et président départemental de la FDSEA dans le Territoire de Belfort.
Pour lui, Annie Genevard va devoir s’atteler à régler les problèmes bien identifiés, revenus, transmission, simplification de la réglementation…
Moi ce qui me préoccupe c’est d’entendre des agriculteurs qui disent qu’ils ne veulent pas que leurs enfants reprennent leur exploitation, même sur des fermes ou ça fonctionne plutôt bien.
Jean-Noël Monnier, président FDSEA Territoire de Belfort
🗞️ Communiqué #FNSEA - @JeunesAgri | "Nomination de @AnnieGenevard au poste de ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de la Forêt : après la déception des engagements non tenus du précédent gouvernement, Jeunes Agriculteurs et la FNSEA attendent des mesures… pic.twitter.com/3eyXYW1mnW
— La FNSEA (@FNSEA) September 21, 2024
Le patron du premier syndicat agricole FNSEA, Arnaud Rousseau, a donné dimanche "15 jours" à la nouvelle ministre de l'Agriculture Annie Genevard pour annoncer des mesures sur des prêts bonifiés aux céréaliers, viticulteurs et éleveurs en crise et la vaccination des troupeaux face aux épizooties.
Une ministre issue de notre département agricole, dans le Doubs, “ça suscite fortement des attentes”
Du côté de la Confédération paysanne du Doubs, la nomination de l’ancienne maire de Morteau, toujours présente sur les événements agricoles est “plutôt une bonne nouvelle”. “Annie Genevard, de par son terrain de circonscription est plus encline à travailler avec la FNSEA et les JA. On sait que c’est quelqu’un qui a une tradition républicaine de discuter avec le pluralisme de toutes les organisations” estime Laurence Lyonnais, porte parole de la Confédération paysanne dans le Doubs.
En revanche, les attentes locales sont nombreuses : validation du nouveau cahier des charges du Comté, transition agroécologique par rapport aux rivières comtoises, cohérence pour maintenir des paysans sur l’ensemble du territoire, inquiétude face au photovoltaïque qui se développe sur des terres agricoles et fait monter le prix du foncier… La liste est longue. Pour Laurence Lyonnais, porte-parole de la Confédération paysanne dans le Doubs, les dossiers sur le bureau d’Annie Genevard sont nombreux et urgents.
Les ingrédients de la colère de l’hiver dernier n’ont pas disparu. Dans un certain nombre de régions, ça s’agite. Revenus, concurrence de l’étranger sont les ingrédients d’une colère qui peut se réactiver à tout moment.
Laurence Lyonnais, porte-parole de la Confédération Paysanne du Doubs
Dans le Doubs, où les agriculteurs sont en prise avec les attaques du loup, on attend aussi une évolution des textes pour mieux protéger les éleveurs. “On compte sur Annie Genevard pour faire évoluer les mesures du plan national loup et accompagner les élevages qui veulent être accompagnés” pointe du doigt la syndicaliste. Exemple : les éleveurs de bovins bénéficient de crédits d’exception pour être aidés par un berger, un chien de protection ou des clôtures. La Confédération paysanne du Doubs aimerait voir les choses évoluer pour les éleveurs de bovins régulièrement prédatés par le loup.