Attaques du loup : la Chambre régionale d'agriculture de Bourgogne-Franche-Comté anticipe à travers un film les conséquences en 2032

Les éleveurs alertent sur les conséquences des attaques de troupeaux. "La politique de protection des troupeaux a montré ses limites", fait valoir un éleveur. "C'est de la propagande qui va attiser la haine du loup", relève de son côté Michèle Budna, Présidente du Pôle Grands Prédateurs.

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Des brebis cloîtrées, des exploitations qui auraient fermé, des éleveurs à bout...  Ce serait la vie en Bourgogne-Franche-Comté dans 10 ans, en 2032, telle qu'elle est pressentie par les éleveurs. Le film publié par la Chambre régionale d'agriculture se veut être un film d'anticipation pour alerter les conséquences des attaques de loup sur la vie des éleveurs et sur leur capacité à poursuivre leur activité. Comme un cri d'alerte adressée aux pouvoirs publics pour "agir maintenant".


La Chambre régionale évoque une "augmentation exponentielle" des attaques : il y aurait eu "758 brebis victimes d'attaques de loups pour la seule année 2021", en Bourgogne-Franche-Comté, "soit deux fois plus qu'en 2020", est-il mentionné d'entrée de jeu dans la vidéo. "Depuis peu, nous assistons à la sédentarisation de deux meutes à la frontière franco-suisse, ce qui nous inquiète particulièrement", explique Pierre-Henri Pagnier, éleveur du Doubs et membre de la Chambre régionale d'agriculture. 

Il faut dire que la population de loups a fortement augmenté en France : elle atteignait 921 individus à l'issue de l'hiver 2020-2021, soit une augmentation par rapport à l'année précédente.

Impact "psychologique"


En Franche-Comté, "tous les départements sont concernés" par des prédations, "hormis le Territoire de Belfort", selon Christian Decerle, président de la Chambre régionale d'agriculture. "On dénombre 1 000 bêtes victimes depuis 2019". A travers les témoignages de plusieurs éleveurs, le film relate les conséquences de ces attaques à répétition : des conséquences financières, mais avant tout morales pour les éleveurs et leurs familles. 


"On sent vraiment que le premier impact d'une prédation est d'ordre psychologique", avance Christian Decerle. "Un jeune éleveur dont les bêtes ont été attaquées huit fois et qui a vu 50 de ses bêtes tuées était notamment présent" a pris la parole ce lundi 19 décembre 2022 lors de la présentation du film pour exprimer son "désarroi", raconte Christian Decerle. Autre conséquence : "l'obligation de rentrer systématiquement les animaux se traduira par l'abandon des surfaces les plus difficiles et éloignées", assure Pierre-Henri Pagnier. 


"La politique de protection des troupeaux a montré ses limites", fait valoir cet éleveur. "Les dépenses sont exponentielles mais les dégâts aussi", poursuit-il. "La mise en place de moyens de protection - comme le dressage de chiens et le plantage de filets - n'est pas le cœur de métier de l'éleveur", met en avant Agathe Chevalier, ingénieure agronome et chargée de mission filière ovine à la Chambre régionale d'agriculture. Aujourd'hui, "9 attaques sur 10 ont lieu en présence de moyens de protection sur le territoire national", fait valoir le président de la Chambre régionale.

Les moyens de protection sont-ils efficaces ?


Christian Decerle veut aller à l'encontre de l'idée que les "éleveurs ne feraient rien" et ne "souhaiteraient pas se protéger". Mais dans le même temps, "notre conception de l'élevage n'est pas de barricader nos animaux derrière des moyens de protection qui ne sont pas toujours fiables", justifie-t-il.

"En Franche-Comté, les troupeaux ne sont pas protégés", conteste Gilles Benest, de France Nature Environnement. "On savait depuis le début des années 2010 que le loup venait dans la région. Si on a été surpris c'est parce qu'aucune mesure de protection n'a été prise. Là où des mesures de protection ont été prises, les prédations diminuent, même si j'admets que ce soit lourd à porter pour les éleveurs".

"Limiter" la présence du loup en France


Alors que faut-il faire ? "Moins on aura de loups sur notre territoire, mieux l'élevage se portera" avance Alexandre Saunier, éleveur ovin en Saône-et-Loire. Nous avons également posé la question à Christian Decerle. "Les moyens actuels ne permettent pas de protéger les troupeaux", dit-il. L'alternative ? Il s'agirait de "limiter la population de loups", propose-t-il. "Les éleveurs ne demandent pas l'éradication mais la limitation, sans aller en-dessous du seul de 500" loups sur le territoire français, qui est le seuil de viabilité démographique. Il y avait l'hiver dernier un peu plus de 900 loups sur le territoire français.  


"Ce film, c'est de la propagande qui menée contre le loup et qui va attiser la haine du loup", relève de son côté Michèle Budna, Présidente du Pôle Grands Prédateurs, tout en reconnaissant qu'il est "évident qu'on doit apporter une aide aux éleveurs car tout ne va pas changer du jour au lendemain". "On est juste en train de diaboliser le loup alors que le loup est un pilier essentiel de notre biodiversité", poursuit-elle.

"S'il n'y a plus qu'une ferme au lieu de cinq (comme c'est raconté dans ce film), ce ne sera pas à cause du loup" mais bien à cause des conséquences du réchauffement climatique "à cause du manque de biodiversité ou encore du manque d'eau". Selon elle, ce sont bien les moyens de protection des éleveurs qu'il faut développer : "Il y a plusieurs moyens de protection : il n'y a pas que la clôture électrique, il y a aussi le gardiennage". Et d'ajouter : "Il y a environ sept pays qui vivent avec les loups. La France est le mauvais exemple. Des pays comme l'Espagne et l'Italie ont trois fois plus de loups et ça fonctionne".

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