Les prisons françaises n'ont jamais été aussi pleines. Celles de Montbéliard et Besançon ne font pas exception. Certains détenus sont maintenant obligés de dormir sur des matelas au sol. Une situation qui inquiète les surveillants pénitentiaires.
"Actuellement, nous avons sept détenus qui dorment sur des matelas au sol. Les prisonniers se retrouvent à vivre à cinq dans des cellules de 9 m2 par 35 degrés. Je n'avais jamais connu ça", raconte Gaëtan Augusto, représentant local Force ouvrière (FO) au sein de la prison de Montbéliard.
Ce mois-ci, la maison d'arrêt a atteint un taux de surpopulation record : 41 places pour 62 détenus soit 175% de la capacité pénitentiaire. "Les conditions sont dures. La prison n'a pas été construite pour accueillir autant de monde. Les cellules, les douches, la promenade, rien n'est prévu pour. Nous n'avons plus de marge, c'est alarmant", détaille le délégué FO. "Heureusement, nous avons un établissement calme. Les détenus sont respectueux mais il suffirait de quelques échauffourées dû à la promiscuité et les conditions de sécurité pourraient devenir vraiment difficiles", s'alarme Gaëtan Augusto.
Ci-dessous : le graphique montre le taux d'occupation de la maison d'arrêt de Montbéliard depuis septembre 2013 (date à laquelle le ministère de la Justice a commencé à faire des statistiques par maison d'arrêt). La surpopulation est supérieure à la capacité maximale depuis décembre 2015.
118 détenus de plus que la capacité d'accueil maximale
La prison de Besançon connaît également le plus haut taux de surpopulation depuis septembre 2013. Le mois dernier, la maison d'arrêt accueillait 386 détenus soit 111 de plus que la capacité maximale."Maintenant c'est même un peu plus. Nous avons 393 hommes incarcérés. D'ici 15 jours, on va sûrement dépasser les 400 et on sera obligé nous aussi de mettre des matelas par terre", explique le secrétaire local de Force ouvrière à Besançon qui a souhaité rester anonyme.
"La situation est extrêmement épuisante. Il y a plus de travail et plus de stress. Je crains vraiment qu'il y ait des agressions envers les surveillants et entre détenus ou même des tentatives d'évasion. Si on ne fait rien, la situation va continuer à se dégrader".
Ci-dessous : le graphique montre le taux d'occupation de la maison d'arrêt de Besançon depuis septembre 2013 (date à laquelle le ministère de la Justice a commencé à faire des statistiques par maison d'arrêt). Depuis novembre 2015, la prison dépasse sa capacité d'accueil maximale.
La prison de Lure dans le viseur
Pourtant l'été est généralement une période plus calme. Au mois d'août, l'activité des tribunaux ralentit généralement avec les vacances scolaires. Cette année, il n'en est rien. Il n'y a jamais eu autant de monde dans les prisons françaises. La récidive est-elle plus importante ? Le code pénal est-il plus sévère ou la délinquance plus forte ? Le fait est que les tribunaux de grande instance incarcèrent plus qu'il y a quelques années.
Pour les deux syndicalistes, ce n'est pas la seule explication à la surpopulation. La fermeture de la maison d'arrêt de Lure en 2014 est également pointée du doigt. "57 places ont fermé du jour au lendemain, évidemment que ça a un impact sur les autres prisons.", s'énerve le secrétaire local de FO de Besançon. Pour lui, c'est clair et net, "il faut un nouvel établissement".
En 2016, la construction d'une nouvelle prison à Lure avait été officialisée. Le chef de l'Etat et le gouvernement ayant changé entre temps, le projet est en suspens. "Plus personne n'y croit", souffle Gaëtan Augusto.
"Alerter les tribunaux de grande instance"
Un plan prison doit être annoncé par la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet, en octobre prochain prévoyant "7500 places de prisons partout en France. La situation à Montbéliard jouera peut être en la faveur de Lure mais rien n'est moins sûr", explique la direction de l'administration pénitentiaire.
"Tout ce que l'on peut faire pour lutter contre la surpopulation, c'est d'alerter le tribunal de grande instance de la situation mais les juges ne sont pas obligés de la prendre en compte. Dans tous les cas, nous avons l'obligation d'accueillir les détenus. Même si la population carcérale continue à augmenter, il faudra se débrouiller autrement ".
La Suède elle a choisi une politique plus libérale pour désengorger ses prisons. Plutôt que d'enfermer, le pays a décidé d'axer au maximum son travail sur la réhabilitation et la réinsertion des détenus par le travail. Un système qui ne fait pas non plus l'unanimité du côté des associations de victimes.