50 ans après, une œuvre de street art en hommage aux ouvrières de l'usine horlogère LIP, à Besançon

Une magnifique fresque est en cours d'élaboration dans le quartier de Palente, à Besançon, en hommage aux ouvrières de l'usine horlogère LIP, investies dans la lutte pour sauver leurs emplois il y a 50 ans. Rencontre avec l'artiste Rouge, à l'origine de cette peinture.

Vous l'avez peut-être remarqué si vous vivez à Besançon. Une immense fresque est en train de prendre vie dans le quartier Palente, sur le mur d'un immeuble situé rue Berlioz, près de l'arrêt de tram Lilas. L'artiste à l'origine de cette prouesse artistique s'appelle Rouge. Originaire de Bordeaux, elle connaît pourtant bien Besançon, puisqu'elle était artiste invitée du Festival Bien Urbain il y a quelques années. La peinture qu'elle réalise entre le 23 et le 29 octobre 2023 représente des dizaines d'ouvrières de l'usine horlogère LIP. En noir et blanc, les visages de celles qui ont lutté pour la sauvegarde de leur emploi il y a 50 ans jour pour jour se dévoilent peu à peu, sous les coups de pinceaux précis de Rouge, dont les peintures colorent les murs de nombreuses villes en France.

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Figure de l'art urbain, la peintre se définit comme "une artiste figurative plutôt réaliste, du côté de l'impressionnisme". "Plusieurs choses m'ont questionné lorsqu'on m'a confié cette mission. Notamment, comment est-ce que je pouvais faire un pas de côté et raconter quelque chose de nouveau à ce sujet, qui a été beaucoup documenté. La peinture et la poésie permettent à mon sens de restituer l'ambivalence de ce conflit et particulièrement ce qui a été vécu par certaines femmes", nous a expliqué Rouge Hartley.

Sur une image d’archive, peinte d’un noir et blanc légèrement teinté pour lui apporter un peu de chaleur, éclot en couleurs une myriade de fleurs des champs.

Rouge, artiste peintre

La peinture murale est réalisée à partir d'une photo d'archives du fonds Bernard Faille. C'est une photo collective, particulièrement évocatrice, qui a été choisie par l'artiste : "J'ai cherché une image sur laquelle les femmes sont présentes en nombre, comme elles l'étaient aux postes de l'usine, aux actions de la lutte et à la fabrique de la pensée."

Les femmes plus nombreuses, mais moins entendues

Aline Chassagne, élue PCF en charge de la culture à la Ville de Besançon est à l'origine de ce projet. Elle nous explique pourquoi les femmes ont été particulièrement mises à l'honneur durant cette réalisation, dans le cadre de l’année thématique "Monde du travail et luttes sociales". "D’un point de vue politique, cela me tenait à cœur que ce soit une fresque qui représente des femmes. Pourquoi les femmes ? Parce que je voulais qu’on puisse à travers cet anniversaire apporter un récit qui n’était pas encore ultra-connu et ultra-sollicité. Les femmes de LIP n’ont pas toujours conscientisé leur action, mais elles ont œuvré en grande majorité dans la lutte sociale", explique l'élue communiste.

Pour rappel, avant l'arrêt de l'activité, 800 femmes étaient salariées de l'usine LIP, spécialisée dans les montres, contre 400 hommes. "Nous étions plus nombreuses que les hommes. Comme dans toutes les guerres, les femmes vont, s'engagent, se sacrifient au besoin...", avait d'ailleurs rappelé Monique Piton, salariée LIP au moment du conflit social.

La fresque du quartier Palente devrait être terminée dimanche 27 octobre, si la pluie, particulièrement présente cette semaine, laisse un peu de répit à l'artiste. Les curieux peuvent d'ores et déjà s'y rendre pour admirer l'évolution du travail de Rouge. Selon l'adjointe à la culture, d'autres fresques devraient voir le jour dans le quartier dans les années qui viennent.