À Besançon, les professionnels de santé et du sport se forment à l'activité physique des femmes enceintes ou en post-partum

Être enceinte et faire du sport ? Oui, c'est possible, et c'est même conseillé. Problème, le nombre de professionnels de la santé et du sport formés pour encadrer ce type d'activité est encore trop faible. Pour la première fois, le Comité régional olympique et sportif (CROS) de Bourgogne-Franche-Comté a décidé de proposer une formation spécifique. Reportage à Besançon (Doubs).

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"À l'expiration, on vide l'air et on rentre le ventre. À l'inspiration, on lâche le ventre et on laisse l'air rentrer". Mercredi 6 mars 2024, le Complexe d’Optimisation de la Performance Sportive (COPS) de Besançon (Doubs) accueillait un cours bien particulier.

Réunie dans une salle, une dizaine de professionnels de la santé et du sport écoute consciencieusement les paroles de Clémentine Deshayes, sage-femme libérale spécialisée dans les activités physiques adaptées à la maternité.

Tous sont ici pour suivre la formation "Activité physique, grossesse et post-partum" proposée par le Comité régional olympique et sportif (CROS) de Bourgogne-Franche-Comté. Une initiative inédite, censée multiplier l'offre de sport adaptée à destination des femmes enceintes, ou qui viennent d'accoucher.

Si pendant longtemps on a dissocié activités physiques et grossesses, la pratique sportive pour les femmes enceintes est maintenant conseillée dans beaucoup de pays. Maintenant, il faut former les professionnels, pour qu'ils puissent répondre à la demande des futures mamans.

Clémentine Deshayes,

sage-femme, responsable de la formation "Activité physique, grossesse et post-partum"

Un but important. Réduction de la fatigue, de l'anxiété ou des risques de déprime post-partum, prévention du diabète gestationnelle, raccourcissement du temps de l'accouchement, meilleur développement physique et neurologique du bébé... Pour rappel, l'activité physique durant et après la grossesse a de multiples bienfaits sur la mère et l'enfant. Mais se heurte encore à des difficultés.

Se former pour "mieux accompagner les patientes"

"C'est encore un peu tabou" explique Laurence Rondot, sage-femme libérale venue assister au cours, au micro de nos journalistes Nell Saignes et Eric Debief. "Les femmes enceintes peuvent elles-mêmes avoir peur de faire un mauvais mouvement. Et leurs proches, ou la société dans son ensemble, peuvent leur transmettre des idées reçues sur une soi-disant dangerosité de l'activité physique". D'où la nécessité pour Laurence d'être ici, afin d'engranger des compétences et des savoirs qui lui permettront d'accompagner, de mieux conseiller, et de répondre aux attentes de ses patientes.

Les cours données par Clémentine mêlent parties théoriques, où les participants prennent des notes sur leurs carnets, et séances pratiques. Focus sur la respiration, tests d'une ceinture à électrodes permettant de voir quels muscles travaillent, mise en situation avec l'ajout d'un faux ventre en silicone pour comprendre les difficultés de la femme enceinte... Le tout est très précis. Et pour cause, le sport, c'est oui, mais pas n'importe comment.

Il est important de donner les bons réflexes aux professionnels. Il faut respecter des recommandations et des contre-indications. Il ne faut prendre aucun risque, ne pas chercher la performance, mais plutôt la régularité. Trente minutes d'activités par jour, et ce tout au long de la grossesse, jusqu'au terme, c'est l'idéal.

Clémentine Deshayes,

sage-femme, responsable de la formation "Activité physique, grossesse et post-partum"

Le petit groupe se focalise ainsi sur des exercices travaillant la sangle abdominale, et plus particulièrement le muscle transverse, mis à contribution pendant l'accouchement. "Il est compliqué à isoler" avoue Yoan Chailley, enseignant en activités physiques adaptées à Saint-Florentin, dans l'Yonne. "Pourtant, si on l'entraîne bien durant la grossesse, cela pourra faciliter l'accouchement".

Si Yoan a avalé les 260 km qui séparent sa commune icaunaise de Besançon pour assister à cette formation, c'est, car il s'est rendu compte que "peu de professionnels, dans l'Yonne, étaient capables de suivre, de renseigner et de coacher une femme enceinte ou en post-partum. Avec ces leçons, je me sens légitime, à l'aise, et je n'aurai pas cette peur de mal faire".

Même son de cloche du côté de Frédéric, kinésithérapeute et ostéopathe. "De par mon métier, j'ai déjà accompagné des femmes enceintes" concède-t-il. "Mais je me tenais à des conseils, car il ne faut pas faire n'importe quoi. Maintenant, je pourrai aller sur le terrain des activités sportives".

L'objectif : créer un vrai réseau de professionnels

Vous l'aurez remarqué : sages-femmes, pour certaines encore en formation, coachs sportifs, kinésithérapeutes, etc. De nombreux métiers du secteur de la santé et du sport sont représentés. Une nécessité, pour Clémentine Deshayes. "C'est bien que ces deux univers fassent connaissance" sourit-elle. "On se côtoie, on apprend à se connaître et petit à petit, un réseau se crée. À terme, les femmes enceintes pourront être renvoyées par les sages-femmes vers un coach sportif. On crée un vrai suivi".

La prise en charge s'améliore et plus nous avons de professionnels formés, plus les patientes pourront trouver des réponses adaptées à leur profil.

Clémentine Deshayes,

sage-femme, responsable de la formation "Activité physique, grossesse et post-partum"

En 2021, puis 2022, des guides ont ainsi été publiés par le ministère des Sports, afin de renseigner les futures et jeunes mamans sur la pratique sportive pendant ou après les périodes de grossesses. Des documents rédigés en partie par Clémentine Deshayes, qui aura sans doute du pain sur la planche dans les mois à venir. Alors que l’activité physique a été déclarée Grande Cause Nationale en 2024 par le gouvernement, ces cours sont en effet appelés à se multiplier. Et ce n'est pas pour lui déplaire.

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