Coup de tonnerre ! Un avocat des parties civiles, Me Berna, affirme que le docteur Frédéric Péchier n'a pas respecté le contrôle judiciaire auquel il est soumis depuis deux ans. Il aurait notamment falsifié des rapports d'expertise et contacté ses anciens collègues de la clinique Saint-Vincent.
Le docteur Frédéric Péchier, mis en examen pour 24 tentatives d'empoisonnement, à Besançon aurait violé son contrôle judiciaire. C'est ce qu'affirme l'avocat de plusieurs victimes, le bâtonnier de Nancy, Me Frédéric Berna.
Frédéric Péchier aurait falsifié des rapports d'expertise réalisés par des confrères, à sa demande, pour sa défense. Il aurait modifié des phrases et supprimé des réponses qui n'allaient pas dans son sens. Les experts ignoraient alors que leurs conclusions ne parvenaient pas dans leur intégralité à l'instruction. "Ces pseudo contre-expertises apparaissent difficilement recevables", explique Frédéric Berna.
L'anesthésiste serait entré en contact à plusieurs reprises, via des proches, avec ses anciens collègues de la clinique Saint-Vincent et le personnel soignant pour influencer leurs déclarations et obtenir des informations sur l'instruction en cours. "On en a la preuve par les écoutes téléphoniques", précise Me Berna.
La défense réagit
D'après l'un des conseils de Frédéric Péchier, Me Randall Schwoerderffer, les partices civiles semblent découvrir des pièces qui figurent au dossier depuis plusieurs mois. Et dont les juges avaient connaissance. "Le procureur aurait pu demander la révocation du contrôle judiciaire du Dr Péchier n'importe quand au cours de ces deux dernières années, explique l'avocat bisontin. Je note qu'il ne l'a pas fait, il n'aurait cependant eu aucun état d'âme à le faire compte-tenu de l'énergie qu'il déploie aujourd'hui pour envoyer mon client en prison".
Et Me Schwoerderffer d'asséner : "Tout ceci relève d'une stratégie judiciaire. Quotidiennement sortent des éléments dont l'interprétation est à charge. Plus on approche de la date, plus "on" tente de peser sur le dossier".
Détention provisoire ou non
En effet, cette déclaration de Frédéric Berna n'arrive pas par hasard ce dimanche...Mercredi 12 au matin, à 9 h, Frédéric Péchier passe devant la chambre d'instruction de la Cour d'Appel et saura s'il est écroué ou non. En effet, le parquet avait fait appel il y a trois semaines de la décision du Juge de la liberté et de la détention de ne pas incarcérer l'anesthésiste à l'issue de sa garde à vue le 16 mai 2019.
Frédéric Péchier n'a "seulement" plus le droit de se rendre à Besançon ou à Montfaucon où il réside en tant normal. Il est parti s'installer dans sa région d'origine, à Poitiers.
Les parties civiles seront présentes à la demande du Parquet, et pourront être entendues à titre consultatif. Ce que Me Berna entend formuler ne devrait pas jouer en la faveur d'un maintien en liberté de Frédéric Péchier. "Le contrôle judiciaire a montré ses limites. Le docteur Péchier tente d'empêcher la manifestation de la vérité", conclut l'avocat.