Affaire Péchier : l'anesthésiste de Besançon mis en examen pour un 30e cas présumé d'empoisonnement de patient

L'anesthésiste, Frédéric Péchier, est désormais mis en examen pour 30 cas présumés d'empoisonnements de patients dont 12 cas mortels. Il est placé une seconde fois sous le statut de témoin assisté pour tentative d'empoisonnement. L'ancien anesthésiste était de nouveau convoqué au tribunal de Besançon (Doubs) ce mercredi 29 mars.

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Frédéric Péchier, 51 ans est libre sous contrôle judiciaire depuis le début de l'affaire en 2017. Comme lors des dernières convocations, il est arrivé sans faire de commentaires peu avant 10 h au tribunal judiciaire, accompagné de l'un de ses avocats, Me Randall Schwerdorffer.

Pour la troisième fois depuis le 8 mars, l'anesthésiste a été interrogé par la juge d'instruction chargée de ce dossier. Ce mercredi matin, la magistrate a voulu entendre Frédéric Péchier sur les deux derniers nouveaux cas portés à sa connaissance. Le médecin a finalement été mis en examen pour un seul nouveau cas, ce qui porte à 30 les mises en examens définitives pour des cas présumés d'empoisonnement. Sur ces 30 cas, 12 ont été mortels.

Les deux autres cas portent sur des tentatives d'empoisonnement présumées pour lesquelles Frédéric Péchier a été placé sous le statut de témoin assisté pour une tentative d'empoisonnement. C'est la seconde fois qu'il est placé sous ce statut de témoin assisté, plus favorable, dans le cadre d'une tentative présumée d'empoisonnement.

Son avocat, Me Randall Schwerdorffer, continue de demander la récusation du juge d'instruction, c'est-à-dire que la magistrate soit dessaisie de ce dossier hors norme. Frédéric Péchier continue de clamer son innocence. 

C'est assez particulier de venir après avoir demandé une récusation sans avoir de réponse sur cette récusation du magistrat instructeur. C'est une demande importante, particulièrement motivée. En général, les réponses sont très rapides.

Me Randall Schwerdorffer, avocat de Frédéric Péchier

Des débuts de réponses

Après avoir choisi de garder le silence depuis le début de cette nouvelle vague d'auditions, le praticien a cette fois "répondu à quelques questions" de la juge d'instruction. "Celles où il est en mesure de répondre parce qu'on a les éléments", a indiqué l'avocat, qui s'exprimait aux côtés de son client.

La défense se plaint en effet de ne pas avoir reçu avant ces interrogatoires un "pré-rapport" de contre-expertises qui a servi de socle aux auditions, l'empêchant de poser à temps des questions aux experts sur leurs conclusions. L'avocat a saisi la chambre de l'instruction (juridiction de second degré des juges d'instruction) de plusieurs requêtes, dont une en nullité visant ces expertises, jugées cruciales par l'accusation.

Clore ce dossier ne sera pas possible avant d'avoir purgé "tous les incidents" devant la juridiction, a estimé Randall Schwerdorffer. Mais une fois ces problèmes "réglés", Frédéric Péchier pourra demander à être entendu "de façon exhaustive sur tous les points", a-t-il estimé.

Une longue instruction depuis 2017

Frédéric Péchier est suspecté d'avoir pollué, entre 2008 et 2017, les poches de perfusion de patients dans deux cliniques privées de Besançon, la polyclinique de Franche-Comté et surtout la clinique Saint-Vincent, pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.

L'affaire avait débuté lorsqu'une anesthésiste d'une de ces deux cliniques de Besançon avait donné l'alerte après trois arrêts cardiaques inexpliqués de ses patients en pleine opération.

En janvier 2017, une information judiciaire avait été ouverte et deux mois plus tard, Frédéric Péchier, qui exerçait dans cette clinique, avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour sept premiers cas d'empoisonnements présumés de patients, puis pour 17 nouveaux cas en 2019, ce qui portait à l'époque à 24 le nombre de patients concernés, âgés de 4 à 80 ans.

L'anesthésiste, qui vit actuellement dans la Vienne, a vu son contrôle judiciaire récemment allégé et peut désormais revenir dans le Doubs voir sa famille. Mais une récente ordonnance de la juge d'instruction lui interdit d'exercer la médecine, décision contestée par la défense devant la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Besançon.

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