A l'issue de sa garde à vue de 48 heures, il est 8h30 quand l'anesthésiste de Besançon, Frédéric Péchier, sort sous escorte policière du commissariat de Police de Besançon pour être conduit au palais de Justice. Frédéric Péchier est suspecté d'avoir empoisonné des patients.
Le parquet de Besançon avait prolongé pour un second délai de 24 heures la garde à vue de Frédéric Péchier avait déclaré le procureur de la République, Etienne Manteaux. L'interrogatoire s'est donc achevé ce jeudi matin.
Le procureur de la République tiendra une conférence de presse aujourd'hui à 17h30.
C'est une journée décisive pour l'anesthésiste, âgé de 47 ans, qui est désormais défendu par trois avocats. Le défenseur de Carlos Ghosn, Me Jean-Yves Leborgne est arrivé ce jeudi à Besançon. Il travaille aux côtés des avocats bisontins Me Schwerdorffer et Me Spatafora.
Les trois avocats du médecin sont arrivés ensemble au palais de Justice peu après 10 heures. Une dizaine de journalistes les attendaient. Les avocats sont restés prudents mais fermes sur leur ligne de défense : "La position de Frédéric Péchier est inchangée, il conteste sa culpabilité". Interrogé sur son état après 48 heures de garde à vue, Me Schwerdorffer précise qu'"il est très fatigué mais qu'il a participé aux interrogatoires au mieux de ses possibilités. Il a essayé de donner des explications les plus loyales aux enquêteurs". Quant à Me Leborgne, il a déclaré prendre connaissance du dossier tout en remarquant que "curieusement, ces réitérations après deux ans, nous amènent à nous poser des questions".
Après 48 heures de garde à vue, le docteur Frédéric Péchier vient d'être déféré au parquet, il sera fixé sur son sort ce jeudi: l'anesthésiste de Besançon, poursuivi depuis 2017 pour sept empoisonnements présumés, pourrait être mis en examen de nouveau pour de nombreux autres cas si les soupçons se confirmaient.
Deux possibilités: soit celui qui assure être innocent ressort libre, soit il est déféré devant un juge au palais de justice de Besançon pour être mis en examen avant d'être, éventuellement, placé en détention.
"Le docteur Péchier continue à collaborer très précisément avec les enquêteurs en répondant parfaitement aux questions qui lui sont posées", a déclaré, mercredi en début de soirée, son avocat, Me Randall Schwerdorffer, sortant de l'interrogatoire.
Son client "nie tout acte malveillant", a-t-il réaffirmé. Anesthésiste reconnu localement et exerçant dans plusieurs cliniques de la cité bisontine, Frédéric Péchier a été inculpé en 2017 pour sept empoisonnements. Il avait été laissé libre sous contrôle judiciaire, avec l'interdiction d'exercer
sa profession.
Après une enquête préliminaire parallèle de deux années, la justice cherche désormais à faire la lumière sur son éventuelle implication dans une cinquantaine d'autres incidents médicaux suspects qui pourrait dissimuler des "faits d'empoisonnement
potentiels".
Parmi ces "événements indésirables graves", il y aurait 15 décès, a affirmé mercredi le quotidien Le Parisien-Aujourd'hui en France.
Surdoses et arrêts cardiaques
Un enfant de quatre ans, opéré des amygdales en 2016 et qui a survécu à deux arrêts cardiaques, figure sur la liste de ces événements, Jean-Michel Vernier, l'avocat des parents qui ont porté plainte.
Pour Frédéric Berna, l'un des avocats des parties civiles, "il y a une convergence d'éléments à (l')encontre" de Frédéric Péchier.
Mais pour Me Schwerdorffer, "aucune des questions et aucun des arguments opposés par les enquêteurs ne sont gênants pour la défense".
Parallèlement à l'interrogatoire de Frédéric Péchier, la direction de la clinique Saint-Vincent, des personnels médicaux, ainsi que des victimes potentielles et des proches ont été entendus mercredi par les enquêteurs.
Parmi les sept cas d'empoisonnements pour lesquels l'anesthésiste est mis en examen depuis 2017, deux personnes sont décédées. Tous ces patients, âgés de 37 à 53 ans étaient en clinique pour subir des interventions chirurgicales sans difficultés particulières. Ils avaient pourtant tous fait des arrêts cardiaques et seuls cinq ont pu être réanimés.
Le docteur Péchier avait été appelé pour en secourir certains. Ces arrêts cardiaques avaient été provoqués par l'administration de doses potentiellement létales de potassium et d'anesthésiques, a établi l'enquête.
Privilégiant la thèse du "pompier pyromane", les enquêteurs le soupçonnent d'avoir sciemment modifié les poches d'injection de confrères afin de provoquer des incidents opératoires pour exercer ensuite ses talents de réanimateur.
En Allemagne, un infirmier, Niels Högel, a défrayé la chronique: déjà condamné à perpétuité en 2015 pour le décès de six patients âgés, il a admis, lors d'un nouveau procès qui a débuté en octobre, cent meurtres supplémentaires.
Il administrait à ses victimes des surdoses de médicaments provoquant des arrêts cardiaques, puis tentait de les réanimer dans l'espoir de briller devant ses collègues et pour tromper son ennui.
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