Besançon : après la grève de la faim du boulanger, Yaya Camara, autre migrant guinéen demande sa régularisation

Une petition est ligne pour le soutenir. Lundi 18 janvier, ce jeune migrant s'est installé devant le tribunal administratif pour attirer l'attention. Il est dans la même situation que Laye, regularisé après la grève de la faim de son patron.

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Yaya Camara est Guinéen. Sa famille a décidé de l'envoyer en France, espérant pour lui un avenir meilleur qu'en Guinée. Il est arrivé sur le sol français en 2018 après un périple éprouvant pendant lequel a péri son cousin. Le bateau de son cousin a chaviré au large de la Lybie. Lui était dans un second bateau. Il s'en est sorti, raconte le jeune homme rencontré ce matin rue Charles Nodier.

À Besançon, Yaya a été pris en charge par l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) et par le Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile (CADA) de Pontarlier dans le Haut-Doubs. Il a pu ensuite se former dans le domaine de l'électricité. Il est aujourd'hui en deuxième année de CAP au CFA Vauban du bâtiment.

Il ne lui reste que 5 mois de formation pour obtenir son diplôme, mais tout s'est arrété pour Yaya lorsqu'il a reçu son Obligation de Quitter le Terrtoire Français (OGTF) en novembre 2020.

Son apprentissage, il l'effectue à Optic Chauffage à Houtaud près de Pontarlier. Mais depuis l'OQTF, le gérant de l'entreprise, Roger Duarte, ne peut plus le faire travailler, il serait hors la loi. 

 

Yaya Camara a une promesse d'embauche

Le patron du jeune migrant a rédigé une promesse d'embauche le 18 janvier 2021. Car pour lui il était évident qu'au bout des deux ans, il embaucherait Yaya.

J'ai eu beaucoup d'apprentis mais je n'ai jamais eu quelqu'un qui s'investit comme ça. Il est apprécié de tous les clients.

Roger Duarte, artisan électricien

Il en a vu passer des apprentis, Roger Duarte, depuis 28 ans qu'il est à son compte, mais jamais il n'a été satisfait, dit-il, comme il l'est avec Yaya Camara. Et puis, la proximité de son entreprise avec la frontière suisse, lui a joué des tours. Beaucoup de jeunes, une fois formés, sont passés de l'autre côté, attirés par les salaires suisses. Alors Yaya est une perle pour Roger Duarte et il compte bien ne pas le laisser filer.

Dans la même situation que le jeune boulanger qui a finalement obtenu une régularisation

L'action de Yaya Camara intervient quelques jours après la régularisation par la Préfecture de Haute-Saône de Laye Fodé Traoré. Ce migrant guinéen de 18 ans était sous la menace d'une obligation de quitter le territoire français. Son patron boulanger, Stéphane Ravacley a entamé une grève de la faim le 3 janvier pour protester contre l'expulsion de son employé. Un pétition a receuilli plus de 200.000 signatures. La Préfecture a fini par accorder sa régularisation. Le jeune va pouvoir terminer son apprentissage et continuer à travailler dans la boulangerie La Huche à Pain, rue Rivotte.

Selon l'avocate de  Laye Fodé Traoré, et le collectif Solmiré, d'autres jeunes sont dans la même situation que Laye. "Je suis super contente pour Laye, mais ça laisse un goût amer pour tous les autres" nous avait confié Me Dravigny, avocate du jeune migrant. L'avocate bisontine suit une quinzaine de migrants dans cette situation à Besançon.

Une pétition en ligne pour soutenir Yaya

Le 19 janvier, le formateur de Yaya a lancé une pétition en ligne sur le site change.org. 

"Avec l'ensemble des enseignants qui formons Yaya, nous demandons que ce jeune homme puisse poursuivre sa formation aussi bien au CFA qu'en entreprise.Yaya doit pouvoir finir sa formation qui a débuté dans la légalité. Son savoir-être et ses compétences sont prouvées, nous devons agir pour permettre à Yaya, qui a commencé sa formation au CFA du Bâtiment de Besançon de la poursuivre et de la valider. Plus de 3000 personnes ont déjà signé.

Le collectif Solmiré, rappellait dans un communiqué que plusieurs jeunes migrants sont dans ces situations

Fin août 2020, Solmiré et l'intersyndicale des professionnels du secteur de la Protection de l'Enfance avaient manifesté contre la fin de prise en charge, et la mise à la rue, d'une vingtaine de Jeunes Majeurs guinéens par le Département du Doubs, alors que ces jeunes étaient soit scolarisés, soit en contrat d'apprentissage.

"La multiplication de ces situations de jeunes majeurs étrangers en pleine intégration par la formation professionnelle, et brutalement contraints à tout perdre par une décision administrative arbitraire, laisse à
penser qu'il s'agit d'une politique délibérée de l'Etat français : par l'exclusion et le rejet, elle signifie à des milliers de jeunes qui avaient commencé à reconstruire leur vie ici qu'ils ne sont pas les bienvenus et que, dès leur majorité, ils seront à nouveau contraints à une vie de galère et de misère, voire à l'expulsion vers le continent africain.Toutes les collectivités publiques, locales comme nationales, ont leur part de responsabilité dans la mise en
oeuvre effective de ces droits"
estime le comité qui soutient aujourd'hui bien sûr la démarche du jeune Yaya. 

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