Ce lundi 19 octobre à 16h30, des professeurs d’Histoire-Géographie se sont rassemblés devant la statue de Victor Hugo, sur l’Esplanade des Droits de l’Homme à Besançon. Ils rendaient hommage à leur collègue Samuel Paty, assassiné à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines.
L’ambiance était solennelle et l’émotion se faisait ressentir. Sur l’Esplanade des droits de l’Homme de Besançon, ils étaient nombreux ce lundi 19 octobre, à rendre hommage à Samuel Paty. Professeurs d’Histoire-Géographie, instituteurs, mais aussi simples citoyens, émus par la mort de cet enseignant, sont venus déposer des bougies et des fleurs au pied de la statue de Victor Hugo.
Pour rappel, vendredi 16 octobre, Samuel Paty, un professeur d’Histoire-Géographie a été décapité à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, à proximité du collège où il enseignait. Lors d’un cours sur la liberté d’expression, dans le cadre de l’enseignement moral et civique, l'homme de 47 ans aurait alors montré des caricatures de Mahomet, publiées par Charlie Hebdo. Avant de les exposer, le professeur aurait invité les élèves musulmans qui le souhaitaient à sortir de la salle.
Parmi la foule, Hervé Sire, professeur d’Histoire-Géographie au lycée Louis Pergaud de Besançon depuis 24 ans. Il fait également partie des organisateurs de cette mobilisation. Pour cet enseignant, l’assassinat de Samuel Paty fut un choc : "Le premier réflexe ça a été d’appeler les collègues. L’émoi était très grand et on se disait que finalement ça aurait pu être l’un de nous. On fait tous le même métier, on fait les mêmes cours, on est vraiment durement impactés par cet acte de barbarie".
Alors, pour l’enseignant, il était naturel de rendre hommage à Samuel Paty : "Il nous a semblé prépondérant d’être là en tant que professeurs d’Histoire-Géographie et de marquer le coup par rapport au lâche assassinat de notre collègue", explique Hervé Sire. Il continue : "On est là pour dire que ce travail du quotidien, on le fera encore plus que jamais avec de la pugnacité et de la volonté. On ne va pas lâcher nos élèves et jamais on se résignera face à cette barbarie".On est là pour montrer que ce travail du quotidien, on le fera encore plus que jamais avec de la pugnacité et de la volonté
Christine Chatot Pieralli, est enseignante depuis 28 ans et responsable du microlycée Louis Pergaud. Elle déplore le manque de temps pour enseigner certaines valeurs à ses élèves : "C’est de plus en plus difficile de parler laïcité avec nos élèves. On a aujourd’hui une sorte d’autocensure en tant qu’enseignant parce que ça devient compliqué d’expliquer certaines choses, quand vous avez un programme très rapide. Parce que le temps nous manque, nous abordons de moins en moins certaines notions fondamentales". Christine Chatot Pieralli a déjà pu aborder le terrible évènement avec ses élèves du microlycée : "Ce matin nous étions au microlycée, j’ai eu mes élèves et nous avons pris une heure avec quatre autres enseignants. C'était un moment extrêmement riche. Et ça, les élèves l’entendent et le ressentent. Il faut aborder ça avec nos émotions car l’école c’est lieu où il faut dire les choses avec franchise", conclut-elle.L'école c'est le lieu où il faut dire les choses avec franchise
Après la prise de parole des organisateurs, les personnes présentes ont observé une minute de silence, avant de se disperser. Mercredi 21 octobre à 11h, professeurs, parents et élèves du lycée Louis Pergaud de Besançon, rendront également hommage à Samuel Paty, dans la cours de l’établissement.