Besançon : et si les momies égyptiennes nous aidaient pour la transition écologique ?

Comment des tissus de lin, exploités il y a 4000 ans, ont-ils livré leurs secrets ? Ils pourraient nous donner un coup de main pour un avenir moins polluant. Des chercheurs de Besançon (Doubs) ont participé à une étude scientifique étonnante et porteuse de promesses.

C’est une histoire extraordinaire qui fait voyager dans le temps et dans l’infiniment petit. Elle parle d’un passé vieux de 40 siècles, et surtout de l’avenir.

Des chercheurs de l’Université de Franche-Comté ont constitué une équipe, intitulée « Matériaux pour la transition écologique ». Celle-ci travaille notamment sur le lin, le chanvre et l’ortie. Dans un colloque, son dirigeant, ingénieur de recherche, Vincent Placet, rencontre un autre scientifique, Alain Bourmaud, de l’Université de Bretagne Sud, qui travaille aussi sur les végétaux.

« On a commencé par parler de la résistance des instruments anciens. Puis, de fil en aiguille, notre discussion nous a amenés sur les tissus qui entourent les momies égyptiennes, composés de lin. Et on a eu envie d’y regarder de plus près » explique Vincent Placet.

Plusieurs équipes universitaires, des laboratoires, le CNRS, Femto-ST  de Besançon et même le Musée du Louvre collaborent. Les chercheurs bisontins ont utilisé leur nanotomographe, un appareil rare en France, qui a permis grâce aux rayons X d'obtenir des images en 3D des fils et fibres de lin, et de comparer leurs morphologies à celles de fils et fibres de lin actuellement cultivées et transformées en Europe.

Un lin ancien d'une très grande qualité

Leurs découvertes sont stupéfiantes : le lin utilisé par les Égyptiens comme linge mortuaire pour les momies est d’une très grande qualité, avec beaucoup moins de défauts que celui d’aujourd’hui. « C’est étonnant. Ces tissus sont très peu endommagés alors qu’ils ont 4.000 ans. Ils montrent une remarquable résistance au temps. De plus, ils ont très peu de défaut par rapport aux fibres actuelles. Une telle découverte rend humble. Et nous fait réfléchir sur le mot « progrès ». C’est sûr, on a gagné en pénibilité pour le travail des hommes mais la performance technique nous intrigue beaucoup » détaille Vincent Placet.

Trouver, en étudiant le passé, de nouveaux matériaux composites

Vincent Placet et son équipe ont un but : exploiter des végétaux, comme le chanvre, le lin ou l’ortie, pour concevoir des matériaux composites pour l’automobile, l’aéronautique ou la construction, et ainsi diminuer l’utilisation des dérivés du pétrole, comme les plastiques. Leurs préoccupations ? La rigidité et la résistance de ces nouveaux matériaux alors, forcément... ces résultats sur le lin, l'un des "ingrédients" qu'ils utilisent, les interrogent.

Les découvertes sur le lin des momies suscitent de nombreuses questions. Vincent Placet les énumère : « Comment expliquer cette tenue du lin d’il y a 4.000 ans ? Cela vient de la variété de la plante utilisée ? De sa croissance ? De la façon de la récolter ? De la transformer ? Bref, du savoir-faire des Égyptiens ?».

En fait, grâce à ces réponses, d’autres questions se posent, ce cercle sans fin, c'est un peu l'histoire de la recherche ! Mais, vraiment, les momies égyptiennes n’ont pas fini de nous étonner. Elles nous apportent, peut-être, des pistes de réflexion pour avancer sur la transition écologique. Comme si elles venaient, du fond des âges, à notre secours.

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