Elles étaient environ 150 personnes ce jeudi 15 octobre devant l'hôpital Saint-Jacques à l'appel de la CGT. Réouverture de lits, augmentation salariale dans le médico-social et le social, voilà les principales revendications des manifestants. Portraits.
Alors que tout le personnel de l’hôpital était applaudi en héros pendant le confinement, les héros sont fatigués aujourd’hui, ils se sentent sacrifiés et disent :« Ça suffit »
Entre 1993 et 2018, 100 000 lits ont été supprimés en France et Besançon n'échappe pas à la règle. Vendredi 16 Octobre, 28 lits seront supprimés à l’hôpital Saint-Jacques de Besançon.
Pour Guillaume Moisson aide-soignant à l’hôpital Minjoz depuis 20 ans, trop de choses ne vont pas.
Je suis un manifestant de la première heure. Je suis là car l’hôpital est en crise. Au fil du temps les conditions empirent.
Il faut dire que quand Guillaume Moisson a commencé à travailler, ils étaient deux en gériatrie pour faire la toilette de 30 patients. Un rythme infernal déjà, mais la gériatrie était alors le parent pauvre de l’hôpital. Aujourd’hui, tous les services sont concernés. Le manque de personnel est criant partout. Il se dit aussi écœuré par le manque de mobilisation et le fatalisme de ses collègues.
Une de ses collègues de l’hôpital, elle, est bien mobilisée. Leslie Casenove, infirmière depuis 19 ans travaille en soins intensifs.
J’étais déjà là avant le Covid et les besoins étaient déjà présents. Il manquait déjà des lits.
Pour elle, ce qui a été décidé par le Ségur de la Santé ne correspond pas du tout aux besoins de l’hôpital.
Les techniques de soins s’améliorent avec de bons outils mails il faut du personnel pour les faire fonctionner. Aujourd’hui, le personnel est en nombre insuffisant.
Emmanuelle Cordelier est aide-soignante au Service de Soin Infirmier à Domicile (le SSIAD) du centre de long séjour de Bellevaux depuis trois ans. Alors que ses collègues de Bellevaux travaillant en Ehpad ont touché l’augmentation de salaire de 183 euros, Emmanuelle Cordelier et les 13 autres aides-soignantes du SSIAD n’ont rien perçu. Les médico-sociaux s'estiment mal reconnus.
Nous sommes toutes aides-soignantes mais nous n’avons pas eu les mêmes revalorisations.
Agents de l'hôpital et de la MAS, la Maison d'Accueil Spécialisée (MAS) de Novillars s'étaient mobilisés le 9 octobre. Unis mais différents au niveau de leurs fiches de salaires, puisque comme à Bellevaux, 183 euros les séparent.
Carine Guichard était l'une d'eux. Mais du mauvais côté du salaire. Elle a demandé comme une trentaine de salariés de la MAS sa mutation vers l'hôpital, pour être mieux rémunérée.
Je suis bien à la MAS, j'aime l'équipe, j'aime les résidents mais c'est intolérable d'être mis de côté.
Ce qui la soucie le plus, c'est le bien-être des résidents, ces adultes polyhandicapés qui ne trouvent leur place nulle part. Si la moitié des salariés veut quitter la MAS, qui prendra soin des patients ?
Carine, Leslie, Guillaume et Emmanuelle, ainsi que l'ensemble des professionnels de santé réunis à Besançon se sont rendus devant l'Agence Régionale de Santé pour y jeter leur blouse en signe de ras-le-bol. Une délégation a été reçue.