Un tableau chinois du XIX ème siècle a été vendu chez le commissaire-priseur Renoud Grappin ce dimanche 17 octobre 55 000 euros sans les frais. Son propriétaire l'avait oublié dans un grenier et pensait qu'il valait 50 euros.
Son propriétaire ne le trouvait pas intéressant, ce tableau… Même pas beau. Bref, aucune émotion. Lors d’une journée d’expertises chez Jean-Paul Renoud Grappin, il osait à peine le sortir du coffre de sa voiture. Un grand tableau, près d’un mètre sur deux. Il représente une scène de port, avec des bateaux typiques de l’Asie. Une peinture reçue en héritage, de son père qui, d’ailleurs, avait essayé de le restaurer. C’est un ancien administrateur au Tonkin, une partie de l'Indochine, habitant le même village, qui le lui avait donné ou vendu…
Un expert entre dans l'histoire
Le commissaire-priseur avait insisté, par curiosité. La curiosité, c’est son métier, non ? « Vous allez m’en proposer 50 euros. Il dort au grenier depuis un moment… » avait rétorqué le propriétaire qui lui montre enfin.
Jean-Paul Renoud Grappin le voit, le regarde plus attentivement, l’examine. Puis, propose de le confier à un expert, spécialiste de la peinture asiatique, du cabinet Ansas et Papillon.
Finalement, le tableau, même s’il n’est pas signé, dévoile quelques-uns de ses secrets. Oui, c’est une peinture de l’école « anglo-chinoise », du 19 ème siècle. Et, les lieux sont identifiés : il s’agit du port de Canton, en Chine, reconnaissable grâce à deux forts à but défensif qui servirent durant la seconde guerre de l’Opium (1856-1860). Un tableau similaire est conservé au National Maritime Museum de Greenwich à Londres. En fait, ce tableau reproduit la vue du front de mer à Honam, depuis les comptoirs européens à Canton, et date des années 1840.
Moins de 10 minutes d'enchères
Lors de la vente lors ce dimanche 17 octobre à Besançon, Jean-Paul Renoud Grappin a raconté toute cette histoire.
Le commissaire-priseur est intarissable sur cette œuvre, son histoire et, peut-être, sa vente : « L’expert que j’ai contacté est un spécialiste reconnu. Il a son fichier de clients asiatiques qui recherchent ce genre de tableaux. Signe qui ne trompe pas : c’est l’objet le plus vu sur notre site internet pour la vente de dimanche. Nous connaissons le nombre de consultations et les provenances. Donc, je peux vous dire que nous avons des clients potentiels chinois, anglais ou encore américains… »
A priori, le tableau est estimé, «très raisonnablement » dit le communiqué de presse, entre 10 000 et 15 000 euros… « Mais pourrait partir pour beaucoup plus » ajoute Jean-Paul Renoud Grappin « L’acheteur aura un gros travail de restauration, c’est certain, mais ce tableau va renaître, c’est certain. Et c’est ce qui fait plaisir… »
Ce dimanche, les enchères ont commencé à 5000 euros. Par internet, dans la salle et au téléphone, les propositions de prix d'achat s'enchaînent rapidement. Ils sont encore quatre à suivre lorsque le tableau atteint les 40 000 euros. Il finira par partir à 55 000 euros sans les frais.