Un surveillant pénitentiaire de 56 ans a été mis en examen ce vendredi 27 août pour corruption passive. Durant plusieurs mois, il a fait rentrer des sacs à un détenu, des sacs contenant, alcool, tabac, chicha, nourriture...
C’est un détenu qui a donné l’alerte auprès de la direction de la maison d’arrêt. Nous sommes début juillet. Grâce aux équipements vidéo présents dans l’établissement, les soupçons vont se confirmer. Un surveillant est soupçonné de faire rentrer dans la cellule d’un caïd, condamné pour association de malfaiteurs, des objets. Le gardien est pris en flagrant délit le 26 août à 6h30 à sa prise de service. Dans un sac, de l’alcool, du tabac à chicha, un système pour fumer la chicha, mais aussi de la nourriture. Au domicile du fonctionnaire, d’autres biens sont retrouvés. Des sacs qui allaient rejoindre eux aussi la maison d’arrêt. Le surveillant pénitentiaire a assuré aux enquêteurs n’avoir pas introduit en prison de stupéfiants, d’armes, ou téléphones.
Sous la coupe d'un caïd
Le surveillant a reconnu les faits. “Il explique avoir basculé, en cédant aux demandes du détenu, dans un contexte de difficultés financières personnelles, dans le but d’assurer les études de ses enfants” explique Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon. “Il décrit un engrenage dramatique, où il n’est plus possible de faire machine arrière” ajoute le procureur. Le surveillant dit avoir reçu des menaces de la part du détenu, un homme condamné pour association de malfaiteurs par la JIRS de Nancy. Le détenu nie toute participation à l'acte de corruption.
Le "trafic" durait depuis début 2021
Chaque sac de marchandises était “facturé” 250 à 300 euros. Une dizaine de sacs seraient ainsi rentrés dans la cellule du détenu depuis le début de l’année 2021, date à laquelle la manœuvre a débuté, éveillant les soupçons également d’autres surveillants. Le fait d'introduire cette marchandise donnait au détenu “les moyens de s’enrichir et de renforcer sa position de puissance en détention” ajoute le procureur. Certains biens étaient susceptibles ensuite d’être revendus entre détenus.
Le surveillant pénitentiaire n’avait pas d'antécédents judiciaires. La maison d'arrêt de Besançon emploie 100 agents. Le suspect y travaillait depuis 2013. “Il est important que les fonctionnaires délinquants ne puissent plus exercer” a conclu Etienne Manteaux. Le surveillant a été placé sous contrôle judiciaire, il ne peut plus exercer son métier. Pour corruption passive, l'homme encourt une peine de 10 ans de prison.