Besançon : Une femme brandit un couteau à la discothèque Le QG et écope de six mois d’emprisonnement ferme

Dans la nuit du 4 au 5 août 2022, Carole T. se présente devant la discothèque le QG, armée d’un couteau à cran et d'un sac contenant la litière de ses chats. Son acte aurait été motivé par les nuisances sonores et l’affaire Seïf Boulazreg.

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Au Tribunal de Besançon, ce lundi 8 août, une femme se présente à la barre, avec un petit papier. Les yeux bouffis, Carole T. reste debout, mais tremble parfois. La femme de 50 ans vient de passer trois nuits à la Maison d’arrêt de Dijon, en l’attente de sa comparution immédiate. Lorsque le juge rappelle les faits qui lui sont reprochés, la prévenue de 50 ans acquiesce, reconnaît et parfois ajoute quelques remarques, notées sur la feuille qu’elle tient entre les mains. Sa voix vacille, souvent.

La litière de ses chats dans un sac

L'histoire commence au QG, à Besançon, dans le quartier Tarragnoz. C’est une discothèque que Carole T. croise souvent, elle qui habite juste en face. Dérangée par les nuisances sonores, la femme de 50 ans avait monté il y a quelques années un collectif pour se mobiliser contre la boîte. Sans succès. Mais depuis près de deux semaines, la boîte de nuit fait parler d’elle pour une autre affaire. Celle de Seïf Boulazreg, le jeune homme de 25 ans décédé près du QG.

Dans la nuit du 4 au 5 août 2022, Carole T. boit plusieurs verres, et cherche un moyen de montrer sa colère au QG. « J’ai été choquée par l’ouverture de cette boîte, dès la semaine suivant le décès de Seïf », raconte-t-elle, en larmes. La prévenue ajoute qu’elle habite juste « à côté de là où il est tombé ». Elle verse la litière de ses chats dans un sac, décide se munir d’un couteau et part vers la discothèque. Quand le juge l'interroge sur ce port d'arme, elle lance : « J’ai aucune confiance, j’avais peur ». Sa voix se brise. Dans un souffle, elle explique avoir été victime de violences conjugales.

« Des gestes confus »

Devant le QG, elle se cache derrière un masque noir et un fichu blanc, et reste « derrière une barrière de sécurité ». De là, elle se confronte aux vigiles et au gérant de la boîte, dont elle assure « ne pas connaître le visage », les insulte. Elle lance son sac rempli des excréments de ses chats, puis elle sort son couteau, fait de grands gestes. Le juge décrit « une personne très excitée, sentant l’alcool », et précise à plusieurs reprises qu’il n’y avait pas « d’intention de tuer », mais « des gestes confus ». Il donne aussi des éléments sur sa psychiatrie.

Carole T. est ensuite maintenue par les vigiles en attendant que la police arrive. Un homme tiers, muni d’une planche en bois, s’avance vers les policiers, et Carole T. en profite pour tenter de s’extirper. En vain. Arrivée jusqu’au commissariat, elle reconnaît cette agression lors de son audition, puis a été transportée jusqu’à la Maison d’arrêt de Dijon. La prévenue conclut : « Je reconnais que mon comportement était inadapté. »

« Une déformation du réel »

S’ensuit alors le réquisitoire du ministère public, lors duquel la magistrate insiste sur les précédentes comparutions immédiates de la prévenue. Carole T. a eu quatre autres condamnations auparavant, dont trois pour des faits de violence et outrage envers une personne dépositaire de l’autorité. Le ministère public évoque les « sentiments d’invisibilité sociale et d’injustice » qui ont pu conduire à une « déformation du réel », et à un « passage à l’acte ».

La procureure de la République souligne aussi que tout au long de la procédure, « les émotions de Carole T. ne sont pas feintes », mais craint que cette « instabilité » émotionnelle puisse mener à une « récidive ». La peine requise est donc de 12 mois d’emprisonnement dont 6 mois avec sursis probatoire total, assortis d’une obligation de soins et d’une interdiction d’être en contact avec les victimes, interdiction de porter une arme et interdiction de fréquenter les abords de l’établissement du QG.

 Six mois d'emprisonnement ferme

L’avocat de Carole T. remarque « l’hyperémotivité » de sa cliente et « son exaspération face à la boîte de nuit », et insiste sur le fait que « les grands gestes » n’avaient pas d’intentionnalité précise. Et que les seules blessures commises sont celles que Carole T. a reçues lorsque les vigiles l’ont maintenue.

Après plusieurs dizaines de minutes de concertation, la décision tombe : 12 mois d’emprisonnement dont 6 mois avec sursis probatoire total, mais la peine est aménagée à domicile avec un bracelet électronique. Elle est assortie d’une obligation de soins et d’une interdiction d’être en contact avec les victimes, d’une interdiction de porter une arme, d’une interdiction de fréquenter les débits de boisson et d’une interdiction de fréquenter le chemin de Mazagran (juste à côté du QG). La prévenue devra aussi effectuer un stage de citoyenneté. A l’annonce de la peine, Carole T. est en larmes, triture des mouchoirs en papier. Elle repart en maison d'arrêt, escortée par des policiers, le temps qu'on la munisse d'un bracelet électronique.

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