Les habitants de la rue de Champagne dans le quartier de Planoise (Doubs) avaient rendez-vous ce 13 février au tribunal judiciaire de Besançon. Le bailleur social de leur immeuble était assigné devant la justice pour dégradation des conditions de vie des locataires. L'audience est renvoyée au 12 mars.
C'est la douche froide pour les résidents des immeubles des n°2, 4, 6 et 8 rue de Champagne. Pour la deuxième fois, le bailleur social des bâtiments, Loge.GBM, a obtenu le renvoi de sa convocation, pour communication tardive des pièces. Il sera donc de nouveau convoqué le 12 mars prochain au tribunal judiciaire de Besançon.
Depuis presque un an, les habitants de cette barre d'immeuble située dans le quartier de Planoise alertent sur leurs conditions de vie dégradées. En avril 2023, le bailleur a annoncé la démolition du bâtiment pour le deuxième semestre 2024, entraînant un relogement des locataires. Certains d'entre eux refusent de quitter leur appartement depuis.
Mais ces 27 locataires restants vivent dans des conditions d'insalubrité et d'insécurité : squatteurs, trafics de drogue, prostitution, vol de câbles de cuivre et de tuyaux… Après de multiples et vaines tentatives pour interpeller leur bailleur sur la dégradation de leurs conditions de vie, les locataires, via la Confédération nationale du logement (CNL) s'en sont remis à la justice afin de le rappeler à ses devoirs.
Un combat qui dure depuis des mois
Michel Boutonnet est le représentant de la Confédération nationale du logement (CNL). C'est lui qui porte le dossier à bout de bras pour offrir aux locataires des conditions de vie décentes. "Cette affaire traîne depuis un an. Depuis que le constat a pu être fait que la méthode de gestion de l'immeuble par le bailleur conduisait à des conditions de vie insupportables pour les locataires en place. Nous avons interpellé le bailleur en permanence, mais nous n'avons jamais eu aucune réponse", explique-t-il, amer.
Le 6 décembre 2023, Loge.GBM a été assigné par la CNL. Après une première convocation qui n'a abouti à aucune conclusion, le bailleur était une nouvelle fois convoqué ce 13 février. Après une courte séance, l'audience a été renvoyée une nouvelle fois le 12 mars. Une désillusion pour les locataires. "Je suis dégoûtée. Cette fois, je me suis dit qu'ils allaient être envoyés au tribunal, mais non. C'est toute une stratégie et, nous, on est des pions", s'insurge Dalila Farès, locataire depuis 17 ans.
Pour Michel Boutonnet, cette situation est invivable pour les locataires, laissés-pour-compte par le bailleur. "C'est ce mépris qu'on rencontre chez ce bailleur qui est anormal. C'est le contraire de sa vocation", constate-t-il.
"Nous nous opposons à cette démolition"
Si la justice est amenée à statuer uniquement sur les conditions de vie actuelles des locataires, ceux-ci, accompagnés par la CNL, tentent également de sauver leur immeuble de la démolition à venir en fin d'année. "Nous avons toujours dit qu'on était opposé à la démolition, surtout dans la période actuelle", explique Michel Boutonnet. Cette situation n'est pas isolée. "Partout en France, des collectifs se montent contre cette politique de démolition de logement social que pratique l'ANRU, l'Agence nationale de renouvellement urbain."
Pour Dalila, c'est une injustice. "J'étais bien moi dans cet appartement. Ils ont décidé de le détruire et je dois subir. On m'a proposé des appartements plus petits et plus chers, ce n'est pas normal." La locataire n'a plus d'espoir quant à la conservation de son immeuble. "On a fait en sorte que le bâtiment se dégrade, c'est du gâchis."
D'ici à novembre 2024, date de la démolition, les locataires espèrent retrouver des conditions de vie décentes le temps de retrouver un logement, à la hauteur de celui qu'ils doivent quitter.