"Chaque Ukrainien est devenu militaire dans son âme" A Besançon, une association fabrique des tenues de camouflage aux soldats sur le front

Les membres des Convois solidaires espèrent acheminer ces capes de protection thermique sur le front ukrainien depuis Besançon en mai 2024. Un changement de stratégie pour ces exilés qui veulent continuer à se rendre utiles, quitte à soutenir l'effort de guerre.

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Ils acheminaient jusqu'ici des camions de vêtements, de nourriture et de protection hygiénique à destination des populations civiles en Ukraine. C'est à présent des équipements militaires que les membres des Convois solidaires veulent distribuer aux soldats sur le front.

"On a toujours dit qu'on ne donnerait pas de matériel à l'armée", concède le président de l'association Daniel Federspiel au micro de Stéphanie Bourgeot. "Mais chaque ukrainien est devenu militaire en son âme".

Sous les radars des drones russes

Dans un conflit qui s'enlise, ces exilés, pour beaucoup des femmes, changent donc de stratégie en participant pour la première fois à l'effort de guerre ukrainien contre la Russie. Réunis ce samedi 30 mars dans l'atelier de l'association à Besançon, ils commencent à tisser ce qui pourrait s'apparenter à des capes d'invisibilité.

Il s'agit en réalité d'un gilet et d'une capuche de camouflage, dont le tissu n'a aucun pouvoir magique mais des propriétés thermiques : il retient la chaleur dégagée par le corps humain.

Avec cet équipement fixé sur la tête et le buste, un soldat ukrainien ne peut être repéré par les capteurs thermiques des drones russes, explique le président de l'association, les deux mains posées sur un rouleau de ce précieux tissu.

Un savoir-faire d'Ukrainiennes

Le matériel à tisser a été ramené de la ville de Dnipro pour la somme de 600€. Le savoir-faire aussi, vient d'Ukraine. C'est au cours de leurs nombreux voyages à Lviv ou encore Odessa que les membres des Convois solidaires ont pu observer des mères, femmes ou filles de soldats confectionner ces fameux filets de protection.

Il faut quatre heures de travail et trois personnes disposées de chaque côté du rouleau de tissu pour fabriquer un tel équipement. "C'est un travail de fourmi", illustre Daniel Federspiel, qui espère voir ces tenues partir en l'Ukraine dès le mois de mai.

Actifs et utiles

Acheter et offrir ce camion de pompiers aux bénévoles de Kramatorsk, dans le Donbass, est une autre ambition de l'association, pour laquelle une cagnotte a été lancée. Cliquer ici pour aider la structure à récolter les 7500€ nécessaires.

"On pense toujours à comment soutenir notre pays" témoigne Olena Hai au milieu des cartons et des bénévoles. "C'est très difficile" de rester en France pour cette Ukrainienne et ses enfants : "On y pense beaucoup, on prend tout le temps des nouvelles".

Daniel Federspiel ajoute que cet atelier donne aussi aux exilés le sentiment de rester actifs et utiles à leurs proches. Pour tisser, au sens figuré, du lien entre des familles séparées.

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