CLIMAT. Eco-anxiété : pourquoi le militantisme et l’écopsychologie peuvent-ils être des remèdes ?

Le dérèglement climatique peut provoquer une émotion d’éco-anxiété. Pour Thierry Brugvin, enseignant-chercheur de l’université de Franche-Comté, cette «anxiété générée par les problèmes écologiques actuels et futurs peut être réduite par des pratiques écopsychologiques et militantes.» Une solution développée lors d’une conférence donnée ce lundi 2 mai à Besançon.

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Inondations, sécheresses, tempêtes.. Notre Terre exprime tous les symptômes d’une grande malade. Les conséquences de ce dérèglement climatique s’accélèrent, avertissent les experts du GIEC dans leur dernier rapport de mars 2022, et cela conduit à une «menace pour le bien-être humain et la santé de la planète.»

La fin des ressources non renouvelables peut également engendrer des famines, plus de pauvreté, des conflits et des migrations massives.  

Cette menace inquiète ou même effraie particulièrement les jeunes. Selon une étude de la revue «The Lancet Planetary Health » citée par l’enseignant en psycho-sociologie,Thierry Brugvin, 45% des jeunes sondés dans 10 pays affirment que « l’éco-anxiété affecte leur vie quotidienne : leurs jeux, leurs études, leur sommeil et leur alimentation. »

Comment surmonter cette éco-anxiété ?

Pour l’enseignant-chercheur du laboratoire Logique de l’agir à l’Université de Franche-Comté, cette éco-anxiété peut «être canalisée par le militantisme». Lui-même militant à Attac et Extinction Rebellion, Thierry Brugvin estime qu’«on se sent moins coupable quand on fait sa part» pour lutter le réchauffement climatique. « Sa part », c’est celle que préconise le mouvement Colibris créé par Pierre Rabhi.

Une part qu’a justement décidé de faire Orléane Guyon. Etudiante en 1ere année de Lettres Modernes à Besançon, elle est la cheville ouvrière du groupe bisontin de « Youth For Climate ». Un «mouvement de jeunes qui se mobilisent pour la justice climatique et sociale, la protection de l’environnement et de la biodiversité ».

Le 25 mars dernier, Orléane a fait partie des organisateurs de la manifestation Fridays for Future. 

Je m’inquiète pour l’avenir, je suis un petit peu eco-anxieuse, alors j’essaie de me bouger, d’éveiller les consciences des dirigeants.

Orléane Guyon, Youth for Climate, Besançon

Au quotidien, Orléane Guyon mange très peu de viande, privilégie les transports en commun, vide sa boîte mail, utilise peu d’objets en plastique, conserve, trie, donne au lieu de jeter et achète des objets d’occasion.

"Faire sa part "

Comme diraient les Colibris, elle fait sa part. Est-ce que son engagement et ses gestes au quotidien diminuent son éco-anxiété ? « Oui, largement, je sens que je peux avoir un impact, même minime, je ne fais pas que subir ».

Thierry Brugvin souligne que « pour qu’un Français arrive à laisser une empreinte écologique soutenable, il faut qu’il divise son empreinte écologique par trois et son empreinte carbone par six.»

L’empreinte carbone fait partie de l’empreinte écologique, elle mesure la «quantité de surface terrestre bioproductive nécessaire pour produire les biens et services que nous consommons et absorber les déchets que nous produisons ».

« Bien mesurer son empreinte » est le deuxième volet des propositions de Thierry Brugvin pour diminuer son éco-anxiété.

L’écopsychologie ou la nature comme thérapie

Le troisième axe est plus personnel. «Il s’agit de prendre conscience des origines de ses peurs pour lâcher prise sur celles-ci. » Se rapprocher de la nature peut aider à surmonter son anxiété. « Il existe une grande variété de pratique d’harmonisation avec la nature, précise Thierry Brugvin. L’écopsychologie permet d’analyser les relations entre la psychologie et l’écologie et peut nous aider à surmonter l’éco-anxiété.

Retrouver un lien avec la lenteur, avec la nature, peut contribuer à diminuer l’éco-anxiété de la société de croissance infinie occidentale, et à présent mondiale.

Thierry Brugvin, psycho-sociologue

Pour l’enseignant-chercheur, « il existe un cercle vertueux, consistant à travailler moins, pour stresser moins, pour polluer moins et vivre mieux, développer du temps de loisir, de convivialité, de militantisme. »

Née aux États-Unis, l’écopsychologie porte un regard inédit sur les problèmes environnementaux.

Entre recherche et pratique, ce mouvement, qui a des affinités avec la simplicité volontaire, la permaculture ou les villes en transition, propose des stages pour développer notre perception sensible de la nature. Et, ce faisant, devenir acteurs d’un changement politique.

Reporterre.net

De nombreuses pratiques existent dans nos sociétés du sud et du nord pour bénéficier des bienfaits de ce rapprochement avec la nature. Sport de plein air, observation de la faune et de la flore, chamanisme, géobiologie, Feng Shui mais aussi l’art et la poésie, les chemins sont multiples ! Pour le psycho-sociologue, « l’approche multiculturelle interdisciplinaire peut parvenir à réunir les sociétés et les sciences, afin d’éviter le naufrage de la société occidentale moderne dite civilisée et de parvenir au moins à « une vie bonne » en harmonie ».  

LES PRATIQUES ÉCOPSYCHOLOGIQUES ET MILITANTES PEUVENT RÉDUIRE LE STRESS ET L’ÉCOANXIÉTÉ

Conférence de Thierry Brugvin, le 2 mai à 20h au tiers lieu, Le Mycéliandre, 97 rue Battant à Besançon. 

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