À Besançon (Doubs), l’association Trivial’Compost propose, avec le soutien de l’agglomération, une formation pour les particuliers qui voudraient adopter les toilettes sèches. Un système qui économise l’eau et permet de transformer ses besoins naturels en compost pour son jardin.
Jeter une poignée de sciure de bois dans ses toilettes, plutôt que de tirer la chasse d’eau. C’est la nouvelle habitude que Trivial’Compost, à Besançon (Doubs) propose d’adopter. Dès le mois de mars, l’association va animer une formation, à destination du grand public, autour des toilettes sèches, alternative écologique aux toilettes raccordées au tout à l’égout.
Des toilettes au jardin
"C’est un peu comme le tri des déchets" explique Aline Vieille, salariée de l’association, en charge de cet accompagnement, "Maintenant, c’est devenu une évidence pour beaucoup de monde qu’on trie le verre, les recyclables, les compostables… Et bien finalement, c’est la même chose pour l’eau". L’animatrice poursuit : "L’idée, c’est de séparer une partie des déchets qui partent dans les réseaux d’assainissement, en les compostant". Et ces déchets, ce sont nos excréments, qui une fois compostés, peuvent être utilisés comme n’importe quel compost, pour enrichir le sol de son jardin.
"C’est hyper facile à mettre en place" souligne Aline Vieille. "Le modèle le plus simple, c’est un seau en inox placé en dessous des toilettes. Et quand on va aux toilettes, on va recouvrir d’une couche de sciure de bois, qui va bloquer les odeurs et être utile pour le compostage des déchets" expose-t-elle, "quand le seau est plein, on le vide et on laisse les déchets se décomposer". Aucun apport d'eau venue du robinet n'est nécessaire !
Pour s’assurer que tous les agents pathogènes contenus dans les urines et les fèces se désintègrent, l’association préconise d’attendre deux ans avant d’utiliser son compost. C’est l’un des nombreux conseils apportés lors de cette formation de trois heures, financée à 55 % par le Grand Besançon Métropole.
De l’azote, du phosphore et des nitrates : la recette parfaite du compost
Une subvention publique, car les toilettes sèches ont un intérêt écologique : elles permettent d’économiser les litres d’eau potable utilisés chaque jour par une chasse d’eau. Selon le Centre d’information sur l’eau, 30 des 150 litres utilisés chaque jour par les Français, le sont uniquement par les toilettes.
Aline Vieille voit un autre avantage aux toilettes sèches : "nos déjections sont composées d’azote, de phosphore et de nitrate. Et c’est ce qui compose les engrais chimiques que l’on répand dans les champs !". Pourtant, ces matières ne sont pas valorisées. "Si on les rejette dans les cours d’eau, c’est ça qui provoque l’eutrophisation [ndlr : une forme de pollution de l’eau]. Alors, on les détruit dans les stations d’épuration". Une aberration écologique pour l’animatrice. "On a d’un côté une ressource que l’on détruit, et de l’autre, on va en chercher avec des procédés de fabrication très polluants à l’autre bout du monde, pour faire des engrais de synthèses". "Il faut arrêter de détruire quelque chose que l’on va produire autre part d’une manière polluante" résume-t-elle.
"C'est comme un compost banal"
L’idée de conserver ses excréments, de les laisser dans un coin de son jardin pendant deux ans, puis de les mélanger à la terre où l’on va faire pousser des légumes destinés à finir dans une casserole, a de quoi en dégoûter plus d’un. Pourtant, pour l’animatrice de Trivial’Compost, la mise en pratique des toilettes sèches n’a rien de rebutant : "En fait, ça se décompose tellement facilement, que visuellement, si le compostage est bien fait, c’est comme un compost banal" défend-t-elle. Par exemple, "Le papier toilette, en quelques jours, on ne le voit plus du tout ".
Un premier atelier est prévu le samedi 5 mars, de 9h30 à 12h30, dans une maison de Mamirolle près de Besançon déjà équipée. Plusieurs personnes sont d’ailleurs déjà inscrites. "On a lancé ça parce qu’on a eu des demandes" explique Aline Vieille. "Comme on loue des toilettes sèches pour les événements, il y a des personnes qui nous ont identifié et qui nous ont demandé de l’aide". Des familles qui se lancent dans un projet de maison écologique passive, ou encore des personnes qui souhaiteraient avoir de plus grandes quantités de compost à disposition. Pour faciliter le passage à l’acte, Trivial’Compost a également identifié des fabricants locaux de toilettes sèches, qui viendront présenter leurs modèles à l’issue de l’atelier.
Prochaines sessions de formations : les samedi 5 mars et 23 avril, le mercredi 12 octobre et le samedi 12 novembre, toujours de 9h30 à 12h30. Pour s’inscrire, il suffit d’envoyer un mail contact@trivialcompost.org ou de téléphoner au 09.51.81.35.63. La formation coûte 80 euros.