Mercredi 8 janvier 2025 sonne le retour des soldes d'hiver. Mais cette tradition commerciale est loin de faire l'unanimité. Certains consommateurs la boycottent tandis que des commerces préfèrent ne pas faire de rabais durant cette période.
"La plupart des magasins nous ressortent des invendus de plusieurs années ou des affaires dont l'emballage est abîmé...", livre Brigitte, 55 ans, habitante de Baume-les-Dames dans le Doubs. Et d'ajouter : "Des bonnes affaires, il y en a toute l'année, ça n'a plus de sens".
Pour cette travailleuse en maroquinerie, les réductions présentes un peu tout au long de l'année (le Black Friday, les ventes privées) font des soldes une periode de remise parmi tant d'autres.
La vie est de plus en plus chère, mais il faut acheter, ce sont les soldes ! Et au milieu du mois, les gens vont regarder à deux fois pour acheter un steak, un poisson et des légumes, car c'est trop cher.
Brigitte, habitante de Baume-les-Dames
Pour rappel, les soldes d'hiver ont lieu du mercredi 8 janvier au mardi 4 février 2025 inclus. Celles d'été se déroulent du mercredi 9 juillet au mardi 5 août 2025.
Un prix déjà "très démocratique"
Certaines boutiques n'ont pas toujours les moyens de faire des rabais. C'est le cas de la Savonnerie artisanale du Jura, située à Besançon dans le Doubs et à Lons-le-Saunier dans le Jura. Giuseppe Laurito vend des produits artisanaux fabriqués à la main à un prix déjà "très démocratique". Son savon solide bio sans huile essentielle se vend 5,97 euros.
"Faire des soldes sur des produits comme les nôtres, ça voudrait dire qu'on dégagerait des marges colossales et ce n'est pas le cas. Nos produits sont vendus toute l'année au juste prix", explique celui qui a commencé son commerce sur internet il y a sept ans et qui a ouvert une première boutique il y a cinq ans.
Les soldes sont un avatar de la mondialisation malheureuse. Ça reste de la consommation de masse de produits de basses qualités dont on n'a pas forcément besoin. Et là, je pense surtout à la fast fashion.
Giuseppe Laurito, gérant de la Savonnerie artisanale du Jura
Selon lui, les commerces qui peuvent se permettre de faire des produits soldés à 50 % fabriquent très probablement leur marchandise à l'étranger dans des pays en voie de développement. "Les produits sont vendus 5 fois voire 10 fois le prix d'achat normal donc ces produits peuvent être soldés. Il reste encore une marge".
Pour autant, le cinquantenaire prend la liberté de faire de petites réductions ponctuelles : "Ce n'est que sur certains produits, c'est pour aider à les faire découvrir".
"On ne peut pas faire en dessous"
La boutique des créateurs à Besançon, créée en 2017, ne peut pas non plus se permettre de participer aux soldes. Les produits vendus dans ce commerce sont fabriqués à la main par les vendeurs. Les prix de la boutique sont calculés pour que ce soit un minimum rentable pour les artisans, mais la marge n'est pas très importante.
"On vend à des prix planchers. On ne peut pas faire en dessous, on perdrait de l'argent", note Eudile Maillet, l'une des associées de la boutique. Mais à la fin du mois de janvier, du samedi 25 janvier au samedi 1ᵉʳ février, La boutique des créateurs organise un vide atelier pour écouler ses stocks. "On commence cette année et ce sera une fois par an", précise Eudile.
Brader toute l'année
Romain Espuche, gérant de Ness Music à Besançon depuis octobre 2013 ne réalise pas de soldes non plus sur ses articles. "La marge sur mes produits ne me le permet pas et je n'ai pas, comme les vêtements, un renouvellement de collection où il faut se débarrasser du stock", explique le trentenaire. Et d'ajouter : "Et aussi, au niveau des produits, j'ai une offre qualitative avec pas trop de stocks en plus donc je n'ai pas trop à la brader".
Les gens consomment moins donc pour moi, ce serait une erreur de vouloir brader. Si je le fais, je perds toute ma marge.
Romain Espuche, gérant de Ness Music à Besançon
Le trentenaire baisse malgré tout ses prix pour rester attractifs face à la concurrence sur Internet. "La plupart des guitares sont un peu moins chères. Je rogne sur ma marge pour montrer que je fais un effort pour m'aligner sur le Net", explique-t-il. Ses prix se situent entre les prix que l'on peut trouver sur catalogue et ceux que l'on voit en ligne : "On ne vient pas chez moi pour gratter dix balles, mais il faut vivre à notre époque".