La direction du CHRU de Besançon a tenu une conférence de presse ce lundi 9 mars. Elle déclenche le plan blanc, pour avoir plus de personnels, plus de lits si besoin en cas d'afflux de malades.
La direction du CHU de Besançon avait lors d'une conférence de presse vendredi 6 mars avec l'Agence Régionale de santé déjà annoncé la mise en place d'une serie de mesures pour faire face à des cas de coronavirus. Elle déclenche ce lundi un autre levier, le plan blanc. Le dernier plan blanc à Besançon remonte à 2006, il avait été mis en marche lors d’une suspicion d’intoxication au monoxyde de carbone sur une soixantaine de collégiens. L’hôpital de Besançon réactive ce plan cette fois ci à l’occasion de l’épidémie coronavirus.
Nous n’avons pas de problèmes de lits, mais nous avons besoin de personnels
« Nous avons pris des mesures exceptionnelles. Il y a une augmentation de l’activité avec des cas suspects qui viennent se faire dépister. Le nombre de cas augmente lui aussi. Et pour cela nous avons besoin de personnels » a expliqué la directrice du CHU Chantal Carroger.
«Nous sommes en train de modifier des horaires et des organisations de travail d’où l’activation du plan blanc… Il faut s’assurer d’avoir du personnel pour avoir les moyens de répondre aux patients » explique la responsable du CHU.
A Besançon, le plan blanc se traduit par les mesures suivantes :
- Une cellule de crise se réunit une à deux fois par jour
- Les formations des personnes sont annulées
- Les RTT également
- Un appel a été lancé à la réserve sanitaire nationale et à quelques retraités
- 70 opérations de chirurgie sont reportées
- Les plannings des personnels seront modifiés selon les besoins
- Une salle de débordement des appels au centre 15 a été ouverte
"Nous n’avons pas de problèmes de lits pour l’instant" répète la directrice du CHU, "mais on ne sait pas comment la situation peut évoluer. Le plan blanc permet de se préparer à d’éventuels malades plus nombreux » a précisé la directrice. « On est déjà passé de 13 à 48 lits la semaine dernière au service des maladies infectieuses. On déprogrammera d’autres opérations si c’est nécessaire" pour dégager des personnels a-t-elle précisé.
Les nombreux appels au 15 pris en charge par une salle spéciale de débordement
Les appels au centre 15 sont nombreux, 411 vendredi, 289 le samedi, 401 le dimanche, déjà 278 ce lundi à midi. Ils sont pris en charge par une salle de débordement des appels. « Nous avions déjà ouvert ce midi 278 dossiers (correspondant à une ou plusieurs personnes potentiellement malades), ces appels sont orientés vers une salle spécialisée » a expliqué Thibaut Desmettre, chef du pôle des urgences - Samu - Réanimation médicale.
15 postes d’appel, 2 médecins, 2 internes pour répondre aux appels des Comtois qui composent le 15 #coronavirus #besancon pic.twitter.com/k3eubOpEbF
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« L’ensemble de la communauté hospitalière est en train de se mobiliser de façon progressive pour faire face » a expliqué Samuel Limat, directeur de la communauté hospitalière. La mise en place du plan blanc au CHU de Besançon pourrait durer plusieurs semaines, a ajouté la directrice de l’hôpital.
La conférence de presse du CHU de besancon débute #coronavirus #COVID19france pic.twitter.com/e7enzKi304
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Catherine Chirouze, chef de service maladies infectieuses et tropicales rappelle quant à elle les consignes à tous, comme se laver les mains, mais aussi l’importance d’éviter les lieux publics bondés : « Il ne faut pas être enfermé(e) dans un lieu où il y a beaucoup de monde, car cela favorise la propagation du virus » explique le médecin. Il est demandé aux visiteurs de restreindre leurs visites aux malades à l'hôpital.
112 cas de Covid 19 en Bourgogne Franche-Comté
Le CHU de Besançon aurait pour l'instant pris en charge 33 cas de coronavirus. La prise en charge des malades se fait soit en hospitalisation, soit en ambulatoire, ou en réanimation si la gravité le requiert, a résumé Catherine Chirouze, chef de service maladies infectieuses et tropicales.
119 personnes sont infectées au coronavirus en Bourgogne Franche-Comté selon dernier le communiqué de l'Agence Régionale de la santé publié ce lundi 9 mars en milieu d'après-midi. La plupart des cas viennent de personnes qui ont participé au rassemblement de l'église évangélique du 17 au 24 février à Mulhouse.
C'est quoi le plan blanc ?
Ce plan est déclenché dans des situations exceptionnelles avec un impact potentiellement majeur sur l’établissement de santé indique un le guide de situation sanitaire exceptionnelle publié par le ministère de la santé. Il prévoit la mise en place d'une cellule de crise et la mobilisation de personnels supplémentaires.
"Un plan blanc permet en outre de déprogrammer des activités non indispensables, d'ouvrir des lits supplémentaires ou de renforcer ponctuellement les équipes de professionnels de santé dans les établissements en difficulté. Il fixe ainsi les modalités selon lesquelles le personnel nécessaire peut être maintenu sur place et, le cas échéant, rappelé lorsque la situation le justifie, selon les Hôpitaux de Paris (AP-HP)", explique Le Figaro.
Qui active le plan blanc ?
L'activation du plan blanc doit permettre la mobilisation de toutes les capacités de l’établissement (moyens humains et logistiques).
Il permet d’assurer la prise en charge des patients lors d’événements graves (comme l'attentat du Bataclan en 2015) tout en maintenant la continuité et la qualité des soins, des patients non directement impliqués dans l’événement.
Le plan blanc permet aussi de préserver la sécurité des patients et des personnels (ex. afflux de victimes potentiellement contaminées). C'est selon le document du ministère, le directeur de l’établissemen qui le déclenche ou le cas échéant, à la demande du Directeur général de l’Agence Régionale de Santé.
Le plan blanc est précédé d'un plan de niveau 1, plan de mobilisation interne. Le niveau 2 « plan blanc » est activé lors de la survenue d’une situation ayant un impact potentiellement majeur sur l’offre de soins hospitalière.
Le plan blanc existe depuis 2014. Il découle du dispositif d'organisation des soins ORSAN (organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles) .
Dans la crise du coronavirus, Besançon est le 3e hôpital à déclencher le plan blanc après Creil et Compiègne dans l'Oise
Dans les régions touchées par des dizaines de cas de coronavirus, les hôpitaux et cliniques sont déjà "mis sous tension" et doivent se tenir prêts à déclencher leur "plan blanc" expliquait samedi 7 mars le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon.
"Nous avons engagé le niveau 1 du plan blanc qui met tous les hôpitaux sous tension pour planifier" la mise en oeuvre rapide des "moyens indispensables en cas d'afflux" de patients, a souligné Jerôme Salomon.
Un "plan blanc" a déjà été déclenché le 25 février dans les hôpitaux de Creil et Compiègne. Dans les Ehpad, l'équivalent du plan blanc est le plan bleu