Coronavirus : Valentin, Reine, Fanny.. ces étudiants pour qui le temps s'est arrêté sur le campus de Besançon La Bouloie

Aux premières heures du confinement beaucoup d’étudiants ont quitté le campus de la Bouloie à Besançon. Certains sont restés. Par choix ou parce qu’ils n’ont pas le choix justement. Parmi eux des étudiants étrangers. Ils ne doivent pas sortir, mais continuer à étudier.

Il y a eu le bruit des valises à roulettes. Les clefs qui tournent dans les portes, les cris dans les escaliers. Puis plus rien. Aux premières heures du confinement beaucoup d’étudiants ont quitté le campus de la Bouloie à Besançon. Certains sont restés. Par choix ou parce qu’ils n’ont pas le choix justement. Parmi eux des étudiants étrangers. Les restaurants universitaires sont fermés, les bibliothèques aussi. Ils ne doivent pas sortir. Mais continuer à étudier. Sans céder à la déprime. En regardant les bus passer toutes les 20 minutes mais pour aller où ?
 

Valentin a décidé de rester sur le campus


Sur la photo ça ne se voit pas mais Valentin reste positif. « Pour différentes raisons je ne peux pas retourner chez ma mère à Dole dans le Jura. J’ai décidé de rester. »
Valentin est en licence 2 d’informatique. « Je ne suis pas sorti une seule fois en dehors du campus. C’est interdit. Il faut dire aussi que je n’ai pas le temps. On a beaucoup de cours sur la plateforme Discord. Plus qu’avant. Les profs nous donnent plein de TP (travaux pratiques) en ligne. Le vrai problème c’est le sport. Tout est fermé. »
Valentin ne se plaint pas pour autant. L’absence de masques, de gel, « il faut laisser ça aux médecins, ils en ont bien besoin. » Reste les courses à l’Intermarché, l’oasis, « la seule sortie autorisée en fait. »

 


Reine étudie à l’ISBA, l’institut supérieur des Beaux Arts. Dans sa chambre, elle est coupée du monde. Elle ne sort pas ou alors au minimum. « J’ai une santé fragile, j’attrape tout ce qui passe. C’est très angoissant. Ma famille m’appelle depuis Abidjan en Côte d’Ivoire. Ils veulent des nouvelles. Que dire ? Les locaux de l’école sont fermés. C’est là que je passe mon temps. Enfin avant. J’ai besoin d’espace, de matériaux. Ici je ne peux rien faire. Je travaille la tapisserie, mon cadre est là, j’ai un peu de laine mais dans 9m2 que faire ? Je n’ai pas d’inspiration alors je dors beaucoup, j’ai mal aux côtes à force de dormir. »

 

« Les Français sont partis, la plupart des européens aussi. Il ne reste que nous, les Africains. On fait la cuisine dans les cuisines communes. Avec des piments bien forts pour chasser le coronavirus ! » Tirki étudie le français langues étrangères (FLE). Il est en master. Plus tard il travaillera peut-être dans des ambassades. Le CROUS a fermé une partie des cuisines communes comme il le fait habituellement pendant les vacances quand il y a moins de monde. Pas vraiment une bonne idée. Les étudiants sont rassemblés dans ces petites salles, côte à côte, sans pouvoir respecter la règle de la distanciation sociale. Quatre plaques électriques pour deux étages. Une cuisine minimaliste, joyeuse mais dans ces conditions, comment éviter une éventuelle contamination ?

 


Aminata étudie le droit. Ses cours de master sont à l’arrêt. Sur la photo elle est à la laverie. A ses côtés, Amidou, lui aussi burkinabè. Il prépare un doctorat en mathématiques. Il porte des gants d’hiver pour se protéger du virus. Dérisoire mais il n’a rien d’autre. Le Crous n’a pas pensé ou pas pu installer de gel hydro-alcoolique dans les parties communes. Tous les deux sourient mais le passage à la laverie ne les rassure pas vraiment. Ils redoutent la contamination. Aminata dit : « Une fois confiné, tu te sens dans un mauvais état. Tu ne t’aères pas l’esprit. Ton rythme de vie change. Moi j’étais habituée aux salles d’études. Travailler dans sa chambre c’est compliqué. Impossible d’avancer dans les cours. Pourquoi n’ouvrent-ils pas quelques salles quitte à être deux ou trois dedans, à distance évidemment ? Ce serait déjà ça. » Aminata ajoute. « J’aurais préféré être avec ma famille. Au téléphone est-ce que je dois leur dire la vérité sur la situation ici ? Les frontières sont fermées. Il n’y a plus de vols. Cette coupure très concrète peut nourrir une dépression si ça continue. »
 

« C’est l’enfer », disent Fanny et Bastien avec un grand sourire. On pense qu’ils blaguent mais non. Comment faire quand on est étudiant en STAPS et que toutes les structures sont fermées ? Pas de salle, pas de sport. « Une heure dehors pas plus c’est la règle, non ? » Alors ils utilisent ce temps sans en perdre une seconde. Leur terrain de jeu ? Les marches du campus. Les barrières comme agrès. Les cours théoriques le soir, maigre consolation. Le coronavirus met les sportifs à l’épreuve mais sans coup de sifflet final. « Les concours pour l’enseignement son repoussés, il faut garder un rythme, on sera là demain si vous nous cherchez ! ».
 
 


Si vous cherchez de la lumière sur le campus c’est chez elle. Sylvie est infirmière, Marie-Edith médecin. Elles assurent avec quelques collègues le service du SUMMPS. Un nom Schtroumpf qui couvre tout ce qui relève de la santé. « Sur les 2300 lits des différents résidences universitaires, on pense qu’il reste un peu moins de la moitié des étudiants. Tous ne sont pas partis. On a déjà eu des appels pour des étudiants malades du coronavirus. Il n’y a pas eu besoin de les évacuer vers l’hôpital mais les signes cliniques étaient évidents. Le gros des appels sur notre ligne, ce sont surtout des étudiants en état d’anxiété. Certains se posent des questions. Comment gérer les salles de bains communes car il y en a encore ? Comment faire pour ceux qui sont en coloc dans des appartements à deux ? Psychologiquement c’est compliqué. Avant l’épidémie nous avions déjà beaucoup d’étudiants qui développaient des crises d’angoisse. »

Avec le confinement, les consultations se font beaucoup par téléphone mais l’équipe continue à recevoir des étudiants. Tous les jours de la semaine.

 

 
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