Chaque année, le 22 juin, a lieu la journée nationale de réflexion sur le don d’organes. En partenariat avec l’Union patronale de la Boulangerie du Doubs, le CHU de Besançon a lancé une campagne de sensibilisation pour informer le public.
« Des petits pains pour une grande cause ». C’est le nom de la nouvelle campagne de sensibilisation lancée par le CHU de Besançon. En partenariat avec 64 boulangeries du département, l’hôpital profite de la journée nationale de réflexion sur le don d’organes pour sensibiliser la population à ce sujet encore trop tabou.
L’opération consiste à vendre des viennoiseries en forme de cœur, du 22 au 26 juin, dans des sachets spécialement conçus pour l’occasion. Dans le pays de la baguette, c’est un moyen de toucher un public large et varié. Une mascotte en forme de cœur enveloppée dans un ruban vert, symbolisant les associations de patients greffés ou en attente de greffe, a été créée pour l’événement et sera dès à présent utilisée sur toutes les actions de sensibilisation menées par le CHU.
Les boulangeries qui participent au projet semblent concernées. « C’est vraiment important de renseigner les gens et d’en parler. Je me dis qu’un jour ou l’autre, mon petit-fils ou ma fille auront peut-être besoin d’un organe et on sera bien content d’en avoir un, » explique Patricia Mesnier, vendeuse à la boulangerie des Carmes de Besançon, partenaire du projet.
Chaque année, près de 6 000 greffes sont réalisées en France, mais deux à trois personnes décèdent chaque jour faute d’organes disponibles. Un nombre trop élevé pour l’association France ADOT 25 qui mène des actions régulières pour inciter la population à discuter de cette question avec ces proches. « En France, selon les sondages, seuls 15 % des Français refuseraient de donner leurs organes. Aujourd’hui, le manque de communication aboutit à un taux de refus de 33 %. Le but de l’association, c’est vraiment de faire en sorte que ces deux chiffres coïncident, qu’on arrive à un taux qui refléterait la réalité, » constate Philippe Patton, président de l’association France ADOT 25 depuis bientôt 10 ans. Son fils décédé avait donné ses organes. « On se dit que la vie de celui qui a disparu continue chez une, deux ou trois personnes, peut-être même plus, » confie-t-il courageusement.
Ouvrir le dialogue et en discuter
Pour Philipe, le plus important est de discuter de ce sujet avec son entourage : « Il faut connaître leur volonté en amont. Ceux qui ont le rôle ingrat dans l’histoire, ce sont les proches, pas celui qui est en capacité de donner ses organes. C’est une question cruciale qui arrive dans une période compliquée. » Selon la loi, tout le monde est donneur d’organes, pour ne pas l’être, il faut le mentionner. Or, au moment de prendre cette décision, nombreux sont ceux qui ignorent la volonté de leur proche décédé. « Quand les familles sont dans l’ignorance, elles préfèrent dire non, » explique Elise Mougin, infirmière à la coordination des prélèvements d’organes et de tissus du CHU de Besançon.
« Une nouvelle vie »
Pourtant, le don d'organes peut sauver des vies. Pour Véronique Barrios, la greffe l’a métamorphosée. Ancienne fumeuse, elle était sous oxygène, en fauteuil roulant et ne pouvait plus se déplacer comme elle voulait. Après trois ans et demi d’attente, elle obtient enfin deux greffons de poumons. Après une lourde opération et une année de rééducation douloureuse, elle finit par retrouver toute sa mobilité. « Maintenant, je revis, c’est que du bonheur, c’est génial. Je remercie mon donneur, » confiait-elle au micro de nos journalistes Marine Candel et Jean-Stéphane Maurice. Aujourd'hui, elle enchaîne les sorties sportives. Natation, marche nordique, VTT...elle ne s'arrête plus. Une personne peut donner plusieurs organes et sauver jusqu’à sept personnes. Le rein, le foie, le cœur et les poumons sont les organes les plus recherchés. En France, près de 63 000 personnes vivent grâce à une greffe. Alors pensez-y quand vous acheterez votre pain.