"Des violences similaires à des actes de torture de guerre", une série de portraits de femmes battues au centre dramatique national de Besançon

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AFFICHES PORTRAITS FEMMES BATTUES ©France télévisions

Pour dénoncer le fléau des violences conjugales, le photographe Marc Melki a affiché une série de portraits originaux de femmes battues et de personnalités sur le mur du centre dramatique national.

Sur la façade du centre dramatique national de Besançon, des portraits de femmes. Dans leurs mains, une pancarte avec leur histoire. C'est un mur que l'on regarde, mais c'est aussi un mur qui parle, de plusieurs voix, à l'unisson et au coup par coup, de ceux qui pleuvent sur les corps et dans les têtes. "Tout au long de ma vie, j'ai connu les violences : l’emprise, la violence physique, sexuelle. C’est un continuum comme ça", se souvient tristement Laetitia.

Elle est l'un des multiples visages de cette mosaïque de souffrance. Deux compagnons, deux histoires, deux naufrages. Jusqu'à frôler l'irréversible. En proie à la plus dangereuse des violences : l'emprise. "J’ai mis des années pour m’en rendre compte, des années pour m’en sortir. Quel a été l’élément déclencheur ? Je ne sais pas, souffle Laetitia. Même quand je suis partie du domicile conjugal, je ne savais pas que j’étais sous emprise. Je pense que c’est le plus douloureux pour moi, d’avoir aimé et de ne pas avoir été aimée. Parce que je sais que ce n’est pas de l’amour, l'amour ce n’est pas ça, ce n’est pas vrai"

Une ode au courage 

Quelques visages connus, ou pas, posent pour celles qui ne le peuvent plus, les disparues. Les autres ont toutes un point commun : le déclic, la volonté d’en sortir, de saisir la main tendue des structures d’accompagnement. Cette fresque est aussi une ode au courage.

"On espère que ce travail artistique va dans ce sens, puisque de pouvoir poser, de pouvoir être vu, ou en tout cas de partager ce témoignage au grand public permet aussi de confirmer son action d’être partie, son action de vouloir en finir avec les violences", ajoute Aline Chassagne, adjointe en charge de la culture à la Ville de Besançon. "Parfois, les témoignages sont vraiment atroces. On est dans des violences qui sont similaires à des actes de torture de guerre. Là, ce sont des guerres intrafamiliales. C’est de cet ordre-là", développe Marc Melki, photographe.

Appeler le 39 19, le premier déclic

Laetitia s’en est sortie grâce à Solidarité Femmes où elle donne aujourd’hui de son temps. Ancrée et lucide. "Aujourd’hui, je suis à ma place, j’ai repris le pouvoir sur ma vie. Mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas des moments de boomerang dans ma tête. Parce que ça renvoie à des évènements qui sont extrêmement douloureux. Je ne sais pas si on se reconstruit, je pense que l’on vit avec, envers et contre tout, et que ça prend énormément de temps", témoigne-t-elle. 

"Le message, c'est que nous avançons pas à pas et si à un moment donné, on a un élan d’appeler le 39 19, il faut le faire. Parce que ça sera déjà quelque chose, même si après, on repart en arrière, ce n’est pas grave. C’est déjà un déclic."

Laetitia, victime de violence

Sortir de l’emprise, reprendre confiance, le tout à l'aide des structures existantes. Reste à leur donner les moyens, pour répondre à l’urgence. Tous les trois jours, une femme meurt sous les coups.

Une exposition à voir jusqu'au 31 décembre 2023.

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