Une unité spéciale pour mieux prendre en charge les enfants victimes de violence, au CHU de Besançon

Le CHU de Besançon a inauguré ce vendredi 20 octobre une unité pédiatrique pour les enfants en danger. Avec la création de cet espace spécifique, le but est de mieux prendre en charge ces jeunes victimes de violences. Explications.

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En France, un enfant meurt tous les cinq jours sous les coups de sa propre famille. Pour faire face à ce fléau, le gouvernement a mis en place un plan national de lutte contre les violences faites aux enfants. Dans ce cadre, le CHU de Besançon, a ouvert une unité d'accueil pédiatrique d'enfants en danger (Uaped).

"La création de cette unité va beaucoup aider au repérage et au diagnostic, explique Adèle Schiby, pédiatre référente de l'unité d'accueil pédiatrique enfants en danger du Doubs. Parce que beaucoup de professionnels (médecins, professionnels de la petite enfance, les crèches, personnels de l’éducation nationale) sont en difficulté dans ces situations-là. Ce qui peut donner lieu à des situations ‘loupées’ à cause d’un manque de formation. Sans oublier la lourdeur administrative pour rédiger ces signalements". Cette unité accueille les enfants âgés de 0 à 18 ans victimes de maltraitance, avérée ou suspectée.

"Éviter de multiplier les lieux et les interlocuteurs"

Cette avancée permet de regrouper, au sein d’un même endroit, tous les professionnels qui interviennent dans la prise en charge de l’enfant, dans le but "d’éviter de multiplier les lieux et les interlocuteurs", souligne Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon, au micro de notre journaliste Lucie Thiery. Avant, il n’y avait pas de point de rencontre. Les victimes étaient adressées aux urgences pédiatriques.

Désormais, l’enfant se présente directement au secrétariat avec ses accompagnants, avant d’être pris en charge par la puéricultrice. Une salle d’accueil est disponible, dans laquelle sont installés des jeux. En pédiatrie, le jeu fait partie du quotidien des soignants. "Ça permet de rassurer l’enfant, le sécuriser et voir son comportement, son développement psychomoteur. Le but, c’est vraiment qu’il oublie qu’il est là pour un examen médical, pour une audition, pour un bilan psychologique", détaille Adèle Schiby. Quelques mètres plus loin, une salle d’examen dans laquelle est réalisé l’examen médical. En fonction du besoin, il peut être poussé avec examen gynéco pour les enfants victimes d’agressions sexuelles.

Ne pas rompre le lien de confiance 

La pédiatre Adèle Schiby pointe aussi du doigt le fait que certains professionnels font eux-mêmes ce qu’ils pensent être bien, sans forcément avoir une équipe ressource pour les aider dans la prise en charge de ces enfants. Le fait d’avoir accès à des personnes formées permet de réorienter l’enfant sans rompre le lien de confiance entre le professionnel et la famille.

"Lorsque les victimes arrivaient directement aux urgences, les médecins qui les prenaient en charge avaient beaucoup d’autres situations en parallèle à gérer. Et c’est difficile de prendre le temps pour ces situations qui demandent pourtant du temps", insiste Justine Mirete, pédiatre à l'unité pédiatrique enfants en danger du Doubs. Désormais, avec l’Uaped, les professionnels peuvent décaler la prise en charge pour réévaluer la situation, le tout dans un environnement plus calme et plus serein.

Une prise en charge pluridisciplinaire

Car ce genre de prise en charge demande du temps, beaucoup de temps. Il faut discuter avec l’enfant par le biais du jeu, lui expliquer l’intérêt de la consultation et après, c’est tout le parcours de soin qui peut être long à mettre en place. "Il faut organiser le suivi, vérifier que les autres volets (éducatif, judiciaire) de la prise en charge sont bien en cours. Tout ça ne se fait pas en 15 minutes de consultation", insiste Adèle Schiby.

En revanche, la professionnelle insiste sur le fait que leur rôle n’est pas judiciaire. "L’intérêt des Uaped est que cette prise en charge médicale, psychologique, mais aussi judiciaire qui soit couplée. Chacun fait son travail, mais on coordonne nos savoirs."

En 2022, 2680 enfants ont fait l’objet d’une information préoccupante dans le Doubs. Ce qui représente une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente. Est-ce une véritable augmentation des cas de maltraitance ou un meilleur repérage de ces situations ? Pour Adèle Schiby, il s’agit plutôt de la deuxième hypothèse. "La formation a évolué, mais aussi grâce au déploiement du Plan interministériel de lutte contre les violences faites aux enfants qui a vraiment incité à déployer des unités dans tous les départements." Il y a donc une véritable volonté nationale d’améliorer le repérage et la prise en charge des enfants victimes de maltraitance. Cette unité est "un refuge pour ces enfants écoutés et soignés, qui répond à des besoins spécifiques d’accompagnement", souligne le Procureur.

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