Premier jour du procès en appel de Nicolas Zepeda jugé pour assassinat : les parents de l'accusé persuadés de l'innocence de leur fils

Notre journaliste Sarah Rebouh vous fait vivre le procès en appel de Nicolas Zepeda, accusé de l'assassinat de son ex-petite amie Narumi Kurosaki en 2016, depuis Vesoul, du 4 au 22 décembre 2023. Déclaration de l'accusé et de ses parents... Découvrez le premier jour de procès, minute à minute, dans cet article.

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► Pour revivre les débats du premier jour de procès, en intégralité depuis le début, rendez-vous en bas de page.

Découvrez le deuxième jour du procès en appel à Vesoul dans cet article.

L'audience est suspendue, elle reprend mardi matin à 8h.

20h26 : Etienne Manteaux, avocat général, poursuit les questions : "Comment avez-vous réagi quand votre fils vous a menti en vous disant qu'il allait à Genève alors qu'il allait voir Narumi ?". "Il ne m'a pas menti, dit madame Zepeda. Il m'a dit qu'il allait en Europe pour chercher des opportunités d'études". "Votre fils est venu voir Narumi, c'est une réalité objective du dossier, donc il vous a menti", appuie Etienne Manteaux. "Je ne suis pas en mesure de répondre à cette question", répond Ana Luz Zepeda. 

Votre fils vous a-t-il dit qu'il était innocent ? Toutes les mamans disent cela, qu'elles pensent leur enfant innocent. Mais vous l'a-t-il dit ?

Etienne Manteaux, avocat général

Les avocats de la défense n'ont pas de questions.

20h17 : Les avocats des parties civiles questionnent la mère de Nicolas Zepeda. Me Sylvie Galley tente de créer un lien avec la mère de l'accusé. Elle fait le parralèle avec la souffrance de la mère de Narumi Kurosaki, mais sa fille, elle est morte. "Nous sommes deux mères qui souffrons, de différentes manière. Bien sûr que j'ai de l'empathie", dit Ana Luz Zepeda. Elle interroge les valeurs catholiques qu'elle a transmises à son fils Nicolas Zepeda. 

20h : Place aux questions du président François Arnaud désormais. Pour rappel, le procès a débuté à 8h ce lundi matin. Il interroge Ana Luz Zepeda sur la relation de son fils et Narumi Kurosaki. Le président interroge aussi la mère de l'accusé sur les liens entre Nicolas et son cousin. Ce dernier vivait alors en Espagne, à Barcelone. 

"Comment peuvent-ils dire que mon fils est un monstre ?"

19h30 : La mère de Nicolas Zepeda, Ana Luz, âgée de 58 ans, est appelée à la barre. Elle se présente et parle de son enfance. "J'ai prié pour avoir un fils. Je savais qu'il s'appelerait Nicolas", se rappelle-t-elle à la barre, d'une voix calme. "Lui, c'est un fils très affectueux". Elle parle de l'enfance de Nicolas, puis de Narumi. "C'était une fille agréable, un peu timide". "Maintenant je veux vous parler de la douleur que je ressens. On dit qu'une famille souffre. Mais alors nous, et notre famille ? Comment peuvent-ils dire que mon fils est un monstre ?, sanglote la mère de Nicolas Zepeda. Ce n'est pas possible d'entendre ça. Je l'ai eu dans mon ventre, j'ai entendu son coeur battre".

La mère de famille, en pleurs, craque complètement à la barre. "Que la justice soit faite pour Narumi et mon fils, parce que nous sommes deux mères qui souffront", insiste Ana Luz Zepeda, qui ne veut pas croire une seconde en la culpabilité de son fils. 

19h17 : "Imaginons qu'il soit coupable. Imaginons qu'il soit coupable... Qu'est-ce que vous lui dites ? Qu'est-ce que vous avez envie de dire à ce gamin qui s'est enfermé dans ce mensonge depuis 7 ans. Vous avez envie de lui dire nous serons là, toujours ?", lance Me Portejoie, face au père de l'accusé, donnant un tournant inédit à cette fin de journée. "Je lui dirais, mon fils je t'aime et j'ai confiance en toi. Lorsque je ne croirai plus, c'est quand les faits me prouveront le contraire. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas." "Si mon fils est condamné tout le monde saura qu'il y a eu une injustice", conclut Humberto Zepeda, qui ne peut admettre, même poussé dans ses retranchements par son avocat, que son fils ait assassiné Narumi Kurosaki.

Certains imaginent que Nicolas est coupable et qu'il est incapable de le dire, parce qu'il souhaite préserver l'honneur de la famille quitte à se suicider judiciairement.

Me Portejoie, avocat de Nicolas Zepeda

19h07 : Me Portejoie, deuxième avocat de Nicolas Zepeda, enchaîne avec quelques questions pour Humberto Zepeda. Il commence par lui faire un peu la morale. "Les jurés n'ont rien compris à ce que vous avez dit concernant les points de procédure. Vous avez fait un peu notre travail... Alors Nicolas, vous êtes son père. Comment il va ?", interroge l'avocat de Clermont Ferrand, d'une voix haute. Humberto Zepeda avoue que Nicolas Zepeda se confie peu. Le père de la victime est en pleurs. "Nous parlons de ses soeurs, de sa maman. Il me demande comment je vais moi", répond le père de l'accusé.

"Vous lui avez posé la question de ce qu'il s'était passé le 5 décembre à votre fils ?", appuie Me Portejoie. Le père de l'accusé contourne la question. Il ne répond pas. Nicolas Zepeda est en pleurs dans son box. "Je me suis posé la question quand il y a eu la vidéo du rodeur lors du premier procès. Mais l'image même m'a montré que Nicolas n'était pas ce rodeur", répond le père.

Est-ce qu'il n'y a pas matière à interrogation, même chez le père ?

Me Portejoie, avocat de Nicolas Zepeda

19h01 : Me Cormier interroge à présent Humberto Zepeda. "Qu'est-ce que ça vous fait cette accusation contre vos fils ?". "Injuste, répond le père de l'accusé. Je lutte contre des informations subjectives. Je défends une cause. Je le connais lui, et je connais le cas. Si j'avais des doutes sur les faits, je ne serais pas là, je serais au Chili, je ne serais pas en train de lutter". Le père de l'accusé est particulièrement ému à la barre. Il a commencé à s'exprimer face à la cour à 15h. Il pleure en abordant la situation économique du Chili et la manière dont son fils prend soin de ses soeurs et des personnes qu'il ne connaît pas. "Il s'est engagé auprès d'inconnus, pour les aider, sans rien demander. Il a été inculpé pou rien". Nicolas Zepeda baisse la tête dans son box et essuie des larmes. 

18h44 : L'avocat général interroge le fait qu'une seule amie de Nicolas Zepeda accepte de témoigner durant ce procès. "Nous avions le temps, pourquoi ne pas faire citer 4, 5 personnes ? Vos filles, les soeurs de Nicolas ne sont pas là. Le cousin, pas cité..." Nicolas Zepeda intervient : "Posez-moi la question". "Personne ne l'aime Nicolas Zepeda, pour que personne ne soit en capacité de venir témoigner pour votre fils ?", lance Etienne Manteaux, avec la pugnacité qu'on lui connaît. "Nous sommes à 14000 kilomètres", répond Humberto Zepeda. "Ils peuvent témoigner en visioconférence", rétorque Etienne Manteaux.

18h20 : Etienne Manteaux, avocat général interroge à présent Humberto Zepeda. "Vous nous avez parlé pendant deux heures, mais vous avez parlé moins de deux minutes de la personnalité de votre fils. Vous connaissez votre fils ?", commence l'avocat général. "J'ai eu l'impression d'entendre l'avocat de la famille de Nicolas Zepeda. Vous vous sentez une âme d'avocat durant ce procès ?", relance Etienne Manteaux. "Je suis ingénieur et comme ingénieur je réponds avec une étude que j'ai faite pendant 3 ans", répond Humberto Zepeda. Le père semble perdre un patience face aux questions précises d'Etienne Manteaux, concernant l'agenda de son fils en 2016. "Votre fils est parti 6 mois au Japon, puis il rentre un mois et demi avant de repartir à Genève et vous ne le voyez pas. Cela montre des relations distantes avec votre fils", s'étonne Etienne Manteaux. 

Je ne crois pas au crime parfait. Je dis ça, car au Chili, il n'existe que deux cas de personnes qui ont été condamnées pour un homicide sans la présence du corps de la victime. Dans les deux cas, il y a eu des témoins. Ici, nous n'avons rien.

Humberto Zepeda, père de l'accusé

"Dès qu'un criminel fait disparaître le corps de sa victime, le procès est impossible ?", poursuit Etienne Manteaux, en référence aux propos du père de Nicolas Zepeda dénonçant le manque de preuves scientifiques dans cette affaire. "Ce n'est pas impossible, mais quand on accuse quelqu'un, et vu l'état de développement de la technologie, et qu'on arrive pas à trouver un témoin, une empreinte, une caméra, cela dit tout...", répond Humberto Zepeda. 

18h02 : Me Pichoff, avocat d'Arthur Del Piccolo, petit ami de Narumi Kurosaki au moment de sa disparition interroge le père de l'accusé. "Est-ce que cela a posé une difficulté pour vous et votre épouse qu'une rupture puisse avoir eu lieu entre Nicolas et Narumi ?", demande l'avocat bisontin. "Si je vous pose cette question, c'est parce qu'en exploitant le compte Facebook de votre fils, on peut lire par rapport à Narumi : 'Je ne vois pas comment je vais expliquer [cette rupture] à mes parents". Le père de famille répond à côté de la question. L'avocat bisontin reformule. "Non je n'ai pas de commentaire à faire par rapport à cette question. C'est Nicolas qui devrait vous répondre", conclut Humberto Zepeda.

"Pourquoi est-ce que le cousin de Nicolas Zepeda ne veut pas répondre à nos questions ?", interroge Me Pichoff. "J'espère que vous pourrez prendre contact avec lui et qu'il pourra nous expliquer pourquoi il ne veut pas déposer", répond Humberto Zepeda, au sujet de son neveu. 

17h50 : l'audience reprend. Le père de l'accusé se présente à nouveau à la barre pour répondre aux questions de Me Galley, avocate de la famille de Narumi Kurosaki. "Votre fils a-t-il eu besoin d'un étayage particulier dans le cadre de sa scolarité ?", interroge l'avocate bisontine. Humberto Zepeda parle de la passion de son fils pour le sport et plus particulièrement pour le football. Me Galley essaie de l'interrompre, en vain. "Tous les enfants, adolescents, adultes ont des moments de colère dans leur vie, comment Nicolas l'exprime ?", reprend-elle. "Il ne participe pas aux conflits. Il n'a jamais eu de problème de violence dans sa vie, ni avec la justice", répond son père. "Ce n'est pas la question que je vous ai posée", rétorque Me Sylvie Galley. Elle rappelle ensuite que Nicolas Zepeda a intégré une clinique du comportement au retour du Japon : "c'est votre fils qui l'a admis". 

L'audience est suspendue jusqu'à 17h40.

17h10 : Me Galley, avocate des parties civiles et plus particulièrement de la famille de Narumi Kurosaki, interroge à son tour Humberto Zepeda. "Je n'ai pas entendu de propos empathiques vis à vis de la famille de Narumi. Quelle est votre hypothèse, j'ai du mal à comprendre ?", interroge l'avocate bisontine. "Vous dites que votre fils n'est pas jaloux. Mais il en parle lui même à Narumi, dans des messages qu'il lui envoie", abonde Me Galley. "Votre fils vous a menti délibérément sur un élément important, le fait qu'il a bien vu Narumi en Europe. Il vous a menti à vous. Que pouvez-vous en dire de cette aptitude à vous mentir ?", interroge Me Galley. "Nicolas n'a aucun comportement jaloux et menteur. J'ai fait ces déclarations il y a 7 ans. Je me souviens bien qu'au retour de Nicolas il nous avait bien montré des photos de Narumi et lui devant la Saline d'Arc-et-Senans. Il nous l'a raconté après", explique Humberto Zepeda. 

16h50 : fin de la déposition spontanée d'Humberto Zepeda. Le président l'interroge à présent, notamment sur les voyages de son fils au Japon mais aussi en Europe. "Oui, j'ai été informé par mon épouse du voyage de Nicolas en Europe. Je ne me souviens pas [du motif du voyage]", explique-t-il. 

16h20 : le père de Nicolas Zepeda dépose à la barre depuis plus d'une heure et continue ses attaques contre l'enquête menée par la police française. "Je vois que vous ne tenez pas compte de ce que je vous dis. Votre fils a deux excellents avocats", reprend le président. "Je vous demande pour la dernière fois d'être synthétique. Est-ce clair monsieur Zepeda ?!", tonne le président François Arnaud. "Je suis désolé si je suis dans l'émotion mais c'est ce que j'ai besoin de dire", explique Humberto Zepeda, répétant que son fils est incapable de faire ce dont on l'accuse, après près de deux heures de déclaration. Il retient ses larmes à la barre. "Comment une enquête peut être satisfaisante si, 7 ans après, on ne sait toujours pas quand, comment et où est disparue Narumi ?", conclut-il.

15h50 : "Monsieur Zepeda nous fait une analyse du dossier d'instruction. Il n'a pas été témoin des investigations. Cette conviction que son fils est innocent il a le droit de l'avoir, mais ce n'est pas le sens du témoignage. Je vous demande de bien vouloir vous recentrer monsieur Zepeda, sur la personnalité de votre fils", insiste le président. Le père ne lâche pas et reprend ses propos sur l'enquête, et notamment sur les investigations concernant les voisins de chambre de Narumi Kurosaki. Il remercie la cour de bien vouloir l'écouter. 

"Est-ce que monsieur Zepeda peut tenir compte de ce que je lui ai dit précédemment ?", réinterroge le président, sans aucun effet sur le père de l'accusé. Ce dernier s'obstine et continue sa longue démonstration concernant l'enquête et revient en détails sur les propos des enquêteurs interrogés lors du procès en première instance, provoquant un certain agacement de plus en plus visible dans la salle. Il parle également des caméras de vidéosurveillance présentes sur le campus de la Bouloie à Besançon. "Il s'est passé beaucoup de temps avant que la police ne commence les investigations", ajoute-t-il.

Humberto Zepeda se fait l'avocat de son fils

 15h30 : Humberto Zepeda parle du fait que son fils a toujours collaboré avec la justice chilienne et s'interroge à la barre, avec calme, sur la manière de faire de la justice française et sur le bien fondé de l'extradition de son fils. "L'affaire de Nicolas Zepeda est inédite au Chili. C'est la seule affaire de la sorte. Cela crée un précédent. Depuis les Chiliens ont une méfiance par rapport à la justice chilienne", dit-il, précisant qu'il enquête depuis trois ans de son côté. Les propos du père de Nicolas Zepeda sont traduits en direct par deux interprètes. Cela fausse un peu la compréhension de certains propos.

Le président souhaite que le père de Nicolas Zepeda se recentre sur la personnalité de son fils, en vain. Ce dernier continue à aborder longuement les méthodes d'investigations de la police française. Il parle de trois éléments clés non approfondis par les enquêteurs. "Il n'y a aucune preuve scientifique qui démontre qu'il y a eu de la violence dans la chambre de la Narumi" ; "Il n'y a aucune preuve scientifique dans le véhicule de Nicolas" ; "aucune", martèle le père de l'accusé. Et d'ajouter : "il y a eu des recherches énormes. Et on n'a jamais rien retrouvé, rien". Pour rappel, la mère et les deux soeurs de Narumi Kurosaki sont présentes dans la salle, mutiques, serrées les unes contre les autres. 

Je suis convaincu que l'enquête a été faite pour condamner et non pas pour retrouver Narumi.

Humberto Zepeda, père de l'accusé

15h10 : Finalement l'audience reprend avec l'audition des parents de l'accusé. Humberto Zepeda, père de Nicolas Zepeda, s'avance à la barre. Il porte un cahier avec à l'intérieur des photographies de son fils quand il était petit et s'exprime en espagnol. L'ingénieur en administration d'entreprise est âgé de 60 ans. "Je veux vous demander l'autorisation de voir notre fils pendant les pauses de cette audience. Nous sommes séparés par 14 000 kilomètres et nous ne l'avons pas revu depuis huit mois", demande le père. Le président ne s'oppose pas à la demande du père pour voir son fils, sous réserve que la sécurité de ces derniers soient garantie. 

"Je suis à la recherche de la vérité. Ce que j'avais préparé avait pour but de clarifier beaucoup de choses", reprend Humberto Zepeda avant de parler de ses origines, de ses huit frères, de son père plutôt absent et de sa mère. Il parle de son métier, des efforts qu'il a fait, de son mariage depuis 35 ans avec sa femme Ana Luz, la mère de Nicolas Zepeda. Il dit que son fils étudiait et travaillait en même temps au Chili. "Il a sacrifié pas mal de vacances en faveur de son travail pour pouvoir gagner de l'argent; Il a fait beaucoup d'efforts", déclare son père. Lors du procès en première instance en 2020, Humberto Zepeda avait montré la même énergie à expliquer que sa famille n'est pas aisée, au contraire de ce qui avait été écrit dans la presse. Humberto Zepeda dit ne pas avoir de revenu et être au chômage depuis trois ans.

Pour rappel, en 2017, Nicolas Zepeda était reparti du tribunal chilien à bord d'un véhicule Porsche Cayenne. Une voiture qui peut coûter jusqu'à 90 000 euros. De plus, les avocats français de son fils sont tous issus de grands cabinets français. Jacqueline Laffont, ancienne avocate de Nicolas Sarkozy ; Me Vey ancien bras droit du ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti ou Me Cormier, ancien avocat du footballeur Karim Benzema ont tous été mandatés à un moment par la famille Zepeda. 

"Une personne s'est répandue dans les médias"

14h15 : Une témoin, amie de Nicolas Zepeda, doit à présent s'exprimer par visioconférence depuis le Chili, dès que les problèmes techniques seront résolus... 

14h : L'audience reprend. Les avocats de la défense demandent à entendre leurs premiers témoins. Trois nouveaux témoins ont été portés au dossier, trois jours avant l'ouverture du procès. Ce point crispe les avocats des parties civiles. "Une personne s'est répandue dans les médias pour dire que l'enquête a été menée à charge. Si quelqu'un souhaite faire le procès de cette enquête, qu'on l'entende. Je souhaite que tout soit dit, mais sur la forme, je ne suis pas du tout satisfait", explique Etienne Manteaux, avocat général, en référence à l'homme cité plus bas. 

À l'extérieur du tribunal, un homme prénommé Saïd répond aux questions de la presse. Il est l'un des témoins qui va être interrogé durant ce procès. Il dit avoir vu la victime vivante, le 11 décembre 2016, en compagnie d'un militaire français. Il dit connaître le nom de l'assassin de Narumi. "Ce n'est pas Nicolas Zepeda. Ce que dit la police est faux", dit-il, sûr de lui. Ce dernier sera interrogé par la cour dans les jours qui viennent.

L'audience est suspendue jusqu'à 14h. L'accusé doit être interrogé cet après-midi.

11h55 : L'accusé est invité à présent à s'exprimer. "Monsieur le président, je conteste de toutes mes forces les faits qui me sont reprochés. C'est une accusation horrible qui s'ajoute à la disparition de Narumi. Cela a été un vrai cauchemar. Je n'ai pas tué Narumi et j'espère que ce procès nous amènera à la vérité, à une vérité dont on a besoin... peut-être pour la retrouver", déclare Nicolas Zepeda, le souffle un peu court et visiblement ému. 

Je porte Narumi dans mes pensées. Je pense à l'énorme chagrin de sa famille, je le porte avec le mien.

Nicolas Zepeda, le 4 décembre 2023 à Vesoul

11h10 : L'audience reprend. Le président François Arnaud entame une présentation minutieuse des faits reprochés à l'accusé et le déroulé factuel des événements à partir du 4 décembre 2016, date à laquelle la victime n'a plus été vue à Besançon. C'était il y a tout juste sept ans. Nicolas Zepeda aura la parole à l'issue de ce rapport dressé à l'issue du procès en première instance, en avril 2020. Il est accusé d'avoir, "entre le 5 et le 6 décembre 2016, avec préméditation, volontairement donné la mort à Narumi Kurosaki". Il a toujours contesté les faits et clamé son innocence malgré de nombreux éléments pointant dans sa direction. Le Chilien écoute les éléments avec le calme et la concentration qu'on lui connaît. Pour rappel, aucune trace de sang, ni d'ADN de la victime, n'ont été retrouvés dans le véhicule loué par l'accusé. 

"Bien que son corps n'a pas été retrouvé, la cour d'assises a été convaincue que Narumi Kurosaki a été victime d'un homicide volontaire", énonce le président, rappelant en le détaillant qu'un faisceau d'indices graves et concordants convergent vers la personne de Nicolas Zepeda, le dernier à l'avoir vue le soir de sa disparition. "Vous êtes parfaitement libre de vos dépositions et ce qui interesse la cour d'assises d'appel c'est ce que vous direz à sa barre", rappelle le président.

10h38 : L'audience est suspendue une vingtaine de minutes.

10h30 : LE témoin clé de ce procès, prénommé Juan Felipe, refuse de répondre aux questions de la justice française depuis le Chili, comme lors du procès en première instance. Il s'agit du cousin médecin de l'accusé, à qui ce dernier s'est confié et à qui il a divulgué des éléments troublants avant la disparition de Narumi Kurosaki. "Ce positionnement du témoin pose une réelle difficulté", dénoncent les avocats des parties civiles. "C'est un témoin majeur, mais vous ne disposez d'aucun moyen de coercition... Nous devrons faire sans", ajoute Etienne Manteaux, avocat général.

10h20 : Pour rappel, la première déclaration de l'accusé Nicolas Zepeda doit intervenir ce matin. Cet après-midi, plusieurs auditions de témoins doivent avoir lieu, notamment en visioconférence depuis le Japon. Ensuite, un interrogatoire de personnalité de Nicolas Zepeda, condamné en première instance à 28 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat de Narumi Kurosaki, est au programme.

10h : l'audience reprend. Neuf jurés, plus quatre supplémentaires, sont tirés au sort par le président François Arnaud et prêtent serment face à la cour. 

9h40 : Il manque un juré. L'audience est suspendue quelques instants, le temps pour la justice d'aller chercher un juré chez lui ou sur son lieu de travail, en raison de l'absence injustifiée de l'un des convoqués... Pour rappel, neuf personnes au moins doivent être désignées pour que le procès puisse officiellement commencer. 

9h10 : la cour entre dans la salle. L'audience est ouverte. Les différents interprètes présents pour la bonne tenue et compréhension de ce procès sont appelés à se présenter face à la cour. "Monsieur le président, oui, bonjour", commence l'accusé Nicolas Zepeda, invité à s'exprimer et à déclarer son identité. Le jeune homme, qui n'a guère changé physiquement depuis son premier procès en appel avorté en février 2023, choisit de s'exprimer en français. Il porte une chemise à carreaux bleu ciel et blanche ainsi qu'un jean. Il s'exprime comme à son habitude d'une voix claire et haute. Il lance un regard à ses parents installés juste à côté de son box, au premier rang de la grande salle d'audience vésulienne. Ensuite, le tirage au sort pour la composition du jury débute. 

► À lire aussi : INTERVIEW. "Je crois qu’on n’attend rien", Randall Schwerdorffer, avocat d'Arthur Del Piccolo, à la veille du procès de Nicolas Zepeda

Je crois que l’on a perdu tout espoir de retrouver quoi que ce soit de Narumi, malheureusement. Et je crois profondément que Nicolas Zepeda n’a absolument aucune envie de nous aider.

Me Randall Schwerdorffer, avocat des parties civiles

9h : Me Galley, avocate de la famille de Narumi Kurosaki a fait une déclaration avant le procès. La mère et les deux sœurs de la victime, dont le corps n'a jamais été retrouvé, ont fait le déplacement. Elles ne s'exprimeront pas durant tout le procès. "Elles sont extrêmement vulnérables, en raison de la temporalité de ce procès puisque c'est l'anniversaire de la mort de Narumi Kurosaki. C'est une temporalité très dure pour elles. Elles n'attendent strictement rien de ce procès. Elles viennent pour honorer la mémoire de Narumi", a déclaré l'avocate bisontine. Etienne Manteaux, avocat général, a quant à lui déclaré être "déterminé". Me Pichoff, remplace pour ce premier jour de procès Me Schwerdorffer, avocat d'Arthur Del Piccolo-Saleh, petit ami de Narumi Kurosaki au moment de sa disparition. 

Me Portejoie, avocat de Nicolas Zepeda, annonce quant à lui que son client est "prêt". L'avocat du barreau de Clermont-Ferrand espère "un procès différent", "sur le fond et sur la forme". Il est accompagné de Me Sylvain Cormier, du barreau de Lyon, venu renforcer la défense de Nicolas Zepeda après l'abandon il y a deux semaines de Me Dreyfus. Une petite trentaine de médias ont été accrédités pour l'occasion. 

8h30 : Le procès en appel de Nicolas Zepeda s'ouvre ce jour à Vesoul. Les avocats des parties civiles sont arrivés ainsi que le père et la mère de l'accusé. Humberto Zepeda a longuement parlé à la presse devant le tribunal haut-saônois. Il a annoncé la ligne de défense de son fils, la même que lors du procès en première instance. Pour lui, il est bel et bien innocent. Il avance le fait qu'aucune preuve scientifique n'a été versée au dossier. "Nous sommes au 21e siècle et les techniques d'investigation sont poussées. Il n'y a pas de preuve scientifique contre mon fils. Deux familles souffrent, la mienne et celle de Narumi Kurosaki", a-t-il déclaré face aux journalistes chiliens, français et japonais. 

Nicolas Zepeda se retrouve une nouvelle fois face à la justice française, du 4 au 22 décembre 2023, à Vesoul en Haute-Saône. Son procès doit débuter à 9h ce lundi 4 décembre. Dans un premier temps aura lieu la constitution du jury d'assises et l'énoncé des différents témoins entendus durant ce procès. Certains interviendront en visioconférence depuis l'étranger. L'accusé doit prendre la parole une première fois aux alentours de 10h45 puis être interrogé par la cour dans l'après-midi.

Après un premier procès en appel reporté en début d'année et un énième changement d'avocat, il y a seulement deux semaines, le Chilien doit répondre de ses actes face à la cour d'appel. De nombreux journalistes ont fait le déplacement, notamment du Chili, pays dont est originaire l'accusé.

Soupçonné d'avoir assassiné son ex-petite amie Narumi Kurosaki en décembre 2016 à Besançon, le trentenaire avait été condamné en première instance à 28 ans de réclusion criminelle au terme d'un procès hors norme particulièrement éprouvant. Nicolas Zepeda va-t-il changer de stratégie ? Va-t-il avouer les faits reprochés et délivrer la famille de la victime ou continuera-t-il à nier fermement son implication dans l'assassinat de l'étudiante japonaise dont le corps n'a jamais été retrouvé ?

Nicolas Zepeda est défendu par Me Renaud Portejoie qui a notamment été l'avocat de Cécile Bourgeon, condamnée à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir tué sa fille Fiona, en 2013 et Me Sylvain Cormier, ancien avocat de Karim Benzema. Du côté des parties civiles, les avocats restent les mêmes. Il s'agit de Me Sylvie Galley pour la famille de Narumi Kurosaki et Randall Schwerdorffer pour Arthur Del Piccolo-Saleh, petit ami de la victime au moment de sa disparition.

Le Chilien risque une peine de prison à perpétuité. Ce dernier a toujours nié les faits avec force, soutenu par son père et sa mère, présents lors des différentes échéances judiciaires de leur fils. Humberto Zepeda, le père de l'accusé, nous avait même fait parvenir en février 2023 une liste d'arguments censés prouver l'innocence de son fils (relire notre article).

ARCHIVES. De la disparition de Narumi Kurosaki à la condamnation en première instance de Nicolas Zepeda pour assassinat :

Du 4 au 22 décembre 2023, suivez en direct les débats en cours à l'intérieur de la salle d'assises du procès en appel de Nicolas Zepeda à Vesoul. Rendez-vous chaque matin sur l'article "DIRECT" de notre site internet. 

  Retrouvez tous nos articles au sujet de l'assassinat de Narumi Kurosaki. 

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