INTERVIEW. "Je crois qu’on n’attend rien", Randall Schwerdorffer, avocat d'Arthur Del Piccolo, à la veille du procès de Nicolas Zepeda

Il est cette fois du côté des parties civiles. L'avocat Bisontin Randall Schwerdorffer défend Arthur Del Piccolo, le dernier ami de Narumi Kurosaki, dans le procès en appel de Nicolas Zepeda qui débute ce lundi à Vesoul. Il répond aux questions de France 3 Franche-Comté.

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À quelques jours du début du procès en appel de Nicolas Zepeda, Randall Schwerdorffer, avocat Bisontin, est venu dédicacer son livre "Itinéraire d’un avocat hors norme" dans une librairie de Besançon. Pour l'occasion, Jérémy Chevreuil et Laurent Brocard sont allés à sa rencontre. 

Jérémy Chevreuil. Qu'attendez-vous, avec votre client Arthur Del Piccolo, de ce procès en appel de Nicolas Zepeda ?

Randall Schwerdorffer. Je vais être très clair, je crois qu’on n’attend rien. Moi, je n’attends rien. Parce que j’ai vécu le premier procès, Arthur Del Picolo l’a vécu avec moi, on a vu le comportement de Nicolas Zepeda. J’ai vu les déclarations de ses deux avocats qui annoncent des éléments nouveaux et un combat jusqu’au bout concernant la position de Nicolas Zepeda. Et qu’est-ce que vous voulez que j’attende ?

Par contre, j’attends tout de la cour d’assises. On attend, avec Sylvie Galley – avocate et la famille de Narumi – que la cour d’assises confirme sa décision sur la culpabilité. Et puis sur la peine, les jurés de Vesoul apprécieront la sanction à prononcer à son encontre

Les parties civiles espèrent-elles encore des aveux de Nicolas Zepeda ?

Les parties civiles, ce qu’elles voulaient, c’était savoir où était le corps de leur fille et leur petite amie pour Arthur del Picolo. Notamment pour pouvoir récupérer ce qu’il restait de ce corps et lui rendre hommage selon les traditions japonaises. Je crois que l’on a perdu tout espoir de retrouver quoi que ce soit de Narumi, malheureusement. Et je crois profondément que Nicolas Zepeda n’a absolument aucune envie de nous aider. Il n’est pas dans le repentir, pas dans le remords, pas dans le regret. Jusqu’au bout, il est dans la tentative d’essayer de se sauver de cette situation pour repartir au Chili en toute impunité. Il faut être réaliste.

Comment analysez-vous le changement d’avocat, à nouveau, à quelques jours du procès ?

Je n’aime pas me livrer à ce type d’analyse. Mais je vous dirais que l’équipe que nous sommes avec Sylvie Galley, on n’est pas inquiets de qui on a en face de nous. Je vous rappelle qu’au premier procès, nous avions Jacqueline Laffont, qui est une avocate remarquable. En face de nous, ce sont des avocats très compétents, mais aucun des deux ne m’inquiète.

Dans un procès pénal, il y a toujours des accords, une stratégie de défense. Par contre, nous avions vu, avec Jacqueline Laffont, que cette stratégie de défense de plaider jusqu’au bout l’acquittement, s’était effondrée. Elle avait, à demi-mots, plaidé la culpabilité de Nicolas Zepeda.

Le procès va être long. Les trois premiers jours, on sait qu’il ne va pas se passer grand-chose, mais en milieu de procès, on va arriver à des étapes cruciales et on verra ce que Nicolas Zepeda a comme arguments, pour contrer ceux de l’accusation.

Qu’est-ce qui va être crucial dans ce nouveau procès ?

Ce qui va être crucial, ça va être notamment l’étude des déplacements de Nicolas Zepeda, la géolocalisation, la façon dont le téléphone portable de Narumi a continué à fonctionner, y compris après sa disparition. Ce qui est absolument crucial, c'est aussi la manière dont on a pu géolocaliser les messages que Narumi aurait soi-disant envoyés, notamment depuis l’Espagne et le Chili. Et si on suit ces déplacements, elle est repartie avec Nicolas Zepeda. Or, il est tout seul, et ça, on en a l’absolue certitude. Qui a fait vivre artificiellement Narumi ? C’est Nicolas Zepeda. C’est très technique et le directeur d’enquête viendra expliciter tous ces points.

Il va falloir expliquer aussi ce qu’il fait à 11 000 km de chez lui, devant cette résidence Rousseau, par hasard. C’est étonnant et c’est beaucoup de hasards qui l’ont conduit devant cette résidence. Il avait reconnu que ce n’était pas vrai, qu’il avait menti et que ce n’était pas le hasard.

Ce sont des moments clés très importants. Sans oublier les témoignages des étudiantes de cette nuit-là, qui ont entendu des choses. On sait très précisément à quelle heure, puisqu’elles se sont échangées des SMS. Il va falloir qu’il s’explique également sur ça. Ce sont notamment les moments où Nicolas Zepeda va devoir s’expliquer sur les éléments à charge, qui vont être très importants et même essentiels.

Est-ce que vous demanderez une autre condamnation ?

Ce n’est pas notre travail. Le travail des parties civiles n’est pas de demander la condamnation et la peine. C’est le travail exclusif de l’avocat général. Etienne Manteaux requièrera la peine qui lui convient. Je ne serais pas surpris qu’il requière dans les mêmes proportions que ce qu’il avait requise à Besançon.

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