Le 9e jour de procès de Nicolas Zepeda, accusé de l'assassinat de Narumi Kurosaki en 2016 à Besançon a eu lieu ce vendredi. Les experts psychiatres et psychologues nous ont livré leurs analyses. Revivez cette journée en détails.
Deux experts ont été entendus ce vendredi à l’audience : un psychiatre et une psychologue. Probable déficit d'empathie, froideur affective, stratégie, recherche de pouvoir, absence de prise en compte d'autrui, a noté notamment la psychologue au sujet de l’accusé Nicolas Zepeda.
Lundi 11 avril, l’audience reprendra à 10h avec les plaidoiries des parties civiles, les réquisitions du ministère public, puis les plaidoiries de la défense. Mardi, la dernière journée du procès sera consacrée à la clôture des débats puis le verdict. L’accusé, qui n’a eu de cesse de nier son implication dans la mort de Narumi Kurosaki et ce malgré les éléments accablants à son encontre, risque la perpétuité.
Découvrez le déroulé de la journée en détails, par ici :
« Je sors très éprouvée, bouleversée par ce procès. Il était d’une intensité rarement atteinte. N. Zepeda continue à dire, même à sa propre avocate, qu’il n’a pas tué N. Kurosaki » a déclaré Me Laffont, à la fin de cette deuxième semaine. https://t.co/RLrkOKaaCA #ProcesZepeda pic.twitter.com/gmuf1SHbnN
— Sarah Rebouh (@srebouh) April 8, 2022
12h07 : Les questions auxquelles le jury va devoir répondre mardi sont les suivantes :
Nicolas Zepeda est-il coupable d'avoir donné volontairement la mort à Narumi Kurosaki ?
Nicolas Zepeda avait-il formé le dessein préalablement de commettre le meurtre ?
Nicolas Zepeda était-il l'ancien concubin de Narumi Kurosaki ?
La dernière question a été ajoutée puisque si les jurés jugent que Nicolas Zepeda et Narumi Kurosaki ont été officiellement en couple et que ce dernier lui a donné la mort, cela représente une circonstance aggravante. La peine encourue, même sans préméditation dans ce cas-là, est la perpétuité.
11h41 : Reprise de l'audience. L'accusé se lève, la parole lui est donnée. "C'est une situation un peu étrange le fait de recevoir des personnes qui font des rapports sur moi" débute le Chilien, en précisant qu'il bénéficie d'un suivi psychologique depuis un an à la maison d'arrêt de Besançon et qu'il se passe bien.
L'accusé raconte ensuite que sa détention à Besançon est difficile. "Je suis dans un secteur sensible, je suis en isolement. Je passe 23h par jour et des fois 24, dans 7 m². Tout ça rend la vie difficile. Et la distance avec ma famille aussi et le manque de communication" dit-il.
Il précise avoir eu du mal à se confier aux experts qu'on a entendu plus tôt dans la journée.
L'audience est suspendue 20 minutes.
11h12 : Me Laffont, avocate de Nicolas Zepeda, interroge la psychologue sur les origines potentielles du manque probable d'empathie de son client.
10h58 : "Que se serait-il passé si Narumi lui avait dit, par exemple, qu'elle ne voulait plus de lui du tout, qu'elle avait refait sa vie avec un homme, qu'elle aimait beaucoup et qu'elle n'était plus la jeune femme de 21 ans qu'il manipulait ?" interroge Me Schwerdorffer. "Si cela avait été le cas, cela aurait été très difficilement tolérable. Il a une faible tolérance à la frustration" dit la psychologue Clara Cavignaux.
Le père de Nicolas Zepeda, totalement exaspéré vient de sortir de la salle alors que la psychologue répond aux questions de l'avocat général Etienne Manteaux. #proceszepeda #NarumiKurosaki
— Sarah Rebouh (@srebouh) April 8, 2022
Le père de l'accusé est revenu dans la salle. Il ne semble pas aimer l'évocation durant l'audience du conflit culturel entre le Japon et le Chili, et le terme "machisme" prononcé ce vendredi matin. Il agite les bras.
10h53 : Me Schwerdorffer, avocat d'Arthur Del Piccolo, interroge la psychologue au sujet d'un échange en date du 5 septembre 2016, dans lequel Nicolas Zepeda menace la victime de couper tout lien avec elle si elle n'efface pas plusieurs hommes de ses réseaux sociaux.
"On peut imaginer, cela reste une hypothèse, que les moments où monsieur Zepeda va poser des ruptures sont utilitaires, manipulatoires. On retrouve cela dans des relations dysfonctionnelles" commente la psychologue.
Beaucoup beaucoup de dominance. Beaucoup de pression portée sur l'autre.
Clara Cavignaux, psychologue
"Propension à la colère quand il se sent diminué"
10h22 : Concernant les capacités de réinsertion de l'accusé ? "Chez monsieur Zepeda, pour ma part, je n'ai pas retrouvé beaucoup de facteurs de risque de récidive" dit l'experte, s'appuyant sur des études selon elle "assez solides" pour repérer ce genre de facteurs. Elle répond ensuite au président de la cour Matthieu Husson.
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10h14 : "Il ne parle pas de jalousie, on retrouve plutôt une propension à la colère quand il se sent diminué", citant la fois où l'accusé, en colère, est parti avec les affaires de Narumi Kurosaki. "Il dit, Narumi m'a sous estimé".
Probable déficit d'empathie, froideur affective, stratégie, recherche de pouvoir, absence de prise en compte d'autrui, note également la psychologue. Et d'ajouter : "Individu très loquace, assez habile à emmener son interlocuteur où il le souhaite. Recherche de contrôle marquée, de soi et des autres. Tendance à ce qu'on appelle la dominance sociale".
Il a beaucoup de froideur émotionnelle dans ce qu'il rapporte. Il cherche à reprendre le contrôle de lui-même.
Clara Cavignaux, psychologue
10h08 : "Il a rapporté qu'il aurait connu 5 relations significatives. Il en parle avec légèreté, avec la même tonalité émotionnelle. C'est assez étonnant" explique la psychologue.
"Il présente le fait que Narumi ne savait pas ce qu'était un couple. - Le plus difficile pour elle c'était de comprendre ce qu'était un couple - dit-il" poursuit l'experte, tout en expliquant qu'il n'arrive pas à citer d'exemple concret. "Elle était fière d'avoir un amoureux étranger aussi beau" a-t-il dit à la psychologue.
Elle note également "une dimension de contrôle de l'autre, de la manière de penser de l'autre".
9h53 : "Pas de manifestation anxieuse, assez particulier vu le contexte d'incarcération. Le discours a semblé manquer d’authenticité. C'est quelqu'un qui va utiliser beaucoup de détours, dans ses réponses, beaucoup de notions abstraites. C'était assez compliqué d'avoir des informations, il a fallu beaucoup creuser" débute Clara Cavignaux, la psychologue qui a vu l'accusé durant 7h, en novembre 2020.
"Il décrit son père comme quelqu'un qui a eu de fortes attentes envers lui. Il va dire que son père était comme - son fan numéro 1 -" poursuit l'experte.
Notion de supériorité dans le discours, absence de frustration, présentation assez narcissique dans l'ensemble : "J'avais beaucoup de charisme" a dit à la psychologue Nicolas Zepeda.
Un échange glacial entre l'avocate de l'accusé et l'expert psychiatre
9h44 : Me Laffont, avocate de l'accusé, fait rappeler à l'expert qu'il a vu Nicolas Zepeda "pendant une heure" et qu'un interprète était présent. Elle aborde aussi le contexte du Covid-19 depuis que l'accusé est en détention.
L'expert lui en cite une nouvelle fois d'autres exemples. "Les interprètes cela se fait de plus en plus souvent madame. Et si au bout d'une heure que vous voyez un spécialiste vous pensez qu'il n'a pas compris votre personnalité, je vous conseille de changer" dit le Dr Canterino, piqué ensuite par Me Laffont. L'échange est glacial entre l'avocate de l'accusé et l'expert.
9h38 : "Si on fait l'hypothèse que Nicolas Zepeda est coupable, comment aurait-il pu commettre un acte monstrueux alors qu'il n'a aucune pathologie mentale ?" demande l'avocat général Etienne Manteaux. L'expert illustre en citant d'autres exemples, de schizophrénie avérée.
"Là, ce sont des problèmes avec le niveau du sens des limites, et du respect d'autrui" dit le Dr Canterino, confirmant qu'on peut commettre des actes de folie en étant plus intelligent que la moyenne et sans pathologie.
9h30 : Me Galley, avocate de la famille de Narumi Kurosaki, interroge l'expert à présent. "Le manipulateur va manipuler ailleurs le plus souvent, quand son interlocuteur lui résiste. Mais parfois cela aboutit à des phénomènes de harcèlement. Et parfois même de la violence" dit l'expert, avant de confirmer à nouveau "très clairement" que l'accusé a une "tendance à essayer de manipuler autrui".
Quand il y a des passages à l'acte au moment des ruptures, cela montre l'incapacité de l'individu à faire le deuil.
Dr Canterino, expert psychiatrique
"Les gens s'aperçoivent qu'il y a une tentative d'emprise"
9h26 : Il ajoute : niveau intellectuel supérieur à la moyenne, pas de pathologie psychiatrique. Pas de troubles majeurs de la personnalité type alcool, stupéfiant.
"On peut avoir l'impression d'avoir affaire à une personne qui nous manipule ou qui essaie de le faire, dit le Dr Canterino, en visioconférence depuis Lyon. Pas d'abolition et pas d'altération du comportement."
Il répond ensuite aux questions du président Matthieu Husson. Comme à son habitude, l'accusé écoute attentivement les échanges dans son box.
"Si ça agace les gens (ndlr, qui l'interrogent), c'est parce que chez l'interlocuteur il met le trouble dans sa pensée. Les gens s'aperçoivent qu'il y a une tentative d'emprise, et cela les agace" précise le psychiatre, ce qui illustre de manière troublante l'attitude de l'accusé durant tout son procès.
9h06 : L'expert psychiatre Dr Jean Canterino a interrogé l'accusé le 7 août 2020 à la maison d'arrêt de Besançon. "Il a une façon de répondre aux questions de façon très complexe même si elles sont fort simples. Cela est fait de façon consciente ou non pour dérouter l'interlocuteur" débute l'expert. Cela évoque selon lui la manipulation, pour avoir prise sur son interlocuteur, en usant d'un "discours discursif".
"Plusieurs fois, j'ai dû répéter la question" indique le psychiatre, qui précise que son analyse est évidemment subjective. Il a répondu à plusieurs reprises qu'il ne se souvenait pas. L'expert précise que le Chilien ne souffre d'aucun problème neurologique provoquant potentiellement une amnésie.
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Le procès du Chilien Nicolas Zepeda, soupçonné d'avoir tué son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki entre le 5 et le 6 décembre 2016 à Besançon, s'est ouvert le 29 mars. Il doit durer 11 jours.
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