Témoignages. "Dans notre pays, il serait libre...", le procès de Nicolas Zepeda à Besançon vu par les Chiliens

Publié le Écrit par Sarah Rebouh, en direct du procès Zepeda
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Alors que le procès du Chilien Nicolas Zepeda bat son plein à Besançon jusqu'au 12 avril, nous avons interrogé des Chiliennes et des Chiliens qui suivent attentivement le procès depuis leur pays. Témoignages.

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"Nous pensons que s'il avait commis un tel crime dans notre pays, il serait libre, car Nicolas est issu d'une famille aisée... C'est ainsi que les choses se passent ici. Les gens qui ont de l'argent restent impunis la plupart du temps" nous a écrit Daniela, rédactrice d'un programme télévisé au Chili, après notre demande de témoignages lancée via les réseaux sociaux, durant la 6e journée du procès du Chilien soupçonné d'avoir assassiné son ancienne petite amie japonaise Narumi Kurosaki, alors qu'elle étudiait à Besançon en décembre 2016. 

Sur Twitter notamment, le procès est très suivi par les Chiliens. Seuls deux médias nationaux chiliens ont été accrédités à Besançon pour suivre les débats en direct. 

Le sentiment exprimé par Daniela est partagé par de nombreuses personnes ayant répondu à notre appel. C'est le cas de Carmen, qui nous explique : "S'il avait été jugé au Chili, il serait probablement libre, puisqu'ici, malheureusement, l'argent, le pouvoir et l'influence règnent." Paz, une cinéaste de 32 ans nous livre également son sentiment. "Nicolas Zepeda est un jeune homme de la haute société. Au Chili nous avons quelques cas similaires où des enfants riches commettent des crimes et sortent libres à cause des contacts de leur famille. Nicolas Zepeda au Chili serait libre, c’est pourquoi il agit avec une telle désinvolture" analyse-t-elle.

Nicolas Zepeda, toujours présumé innocent, a été décrit à plusieurs reprises dans la presse française comme étant un fils de bonne famille, dont les parents ont une situation très confortable. Ses derniers possédaient d'ailleurs plusieurs propriétés au Chili au moment où l'ordonnance d'accusation a été dressée par la justice française. Les multiples voyages aux quatre coins du monde de Nicolas Zepeda, mais surtout son arrivée au tribunal du Chili en véhicule de luxe ont largement été signalés par les médias.

"Une réalité quotidienne en Amérique latine"

Juanita, une autre Chilienne abonde dans ce sens et nous dit qu'elle se réjoui en partie "que l’on juge Zepeda en France, car au Chili le système judiciaire est assez corrompu, et les gens qui peuvent payer leur acquittement le font." Elle précise : "Au sein de toute l’horreur de cette affaire, je dois dire que, je suis fascinée -dans le sens de l’admiration- de la façon dont l’enquête a été menée. J’aimerais que la police française forment les policiers chiliens".

Catalina, une Chilienne qui vit en France depuis presque 6 ans parle d'une "réalité quotidienne en Amérique latine". "La plupart de ces affaires sont classées ou mettent beaucoup de temps à condamner le meurtrier et, lorsqu’elles le sont, ce sont des condamnations de 10 à 15 ans avec possibilité d’un nouveau procès et de libération" poursuit-elle.

Constanza, une publicitaire vivant à Santiago du Chili, nous explique que de nombreuses femmes "se sentent encore sans protection et effrayées face à des situations comme celle de Narumi". 

Au Chili, l'accusé ne convainc pas 

Si Nicolas Zepeda peine à convaincre la cour de son innocence, comme le démontrent les différents interrogatoires et échanges survenus depuis le début du procès, c'est aussi le cas dans son pays d'origine.

Pour Diego, de Santiago du Chili, l'attitude de l'accusé est étonnante. "Les réponses de Nicolas Zepeda sont vagues et incohérentes. Il s'agit sans aucun doute d'un récit de défense élaboré. J'espère que les accusateurs et les enquêteurs pourront faire éclater la vérité" nous dit-il. Nico, ressortissant chilien explique quant à lui ressentir "de la colère" car "M. Zepeda a réponse à tout".

Veronica, une mère chilienne de 46 ans élevant une fille de 15 ans et un garçon de 14 ans, a été marquée par cette affaire. "Cette affaire nous a ému en tant que famille surtout par la froideur, la persécution, le harcèlement qu'a subi Narumi" témoigne-t-elle. Elle pointe du doigt les "incohérences dans le récit de Nicolas Zepeda"

Selon Lilio, une journaliste de profession de 47 ans vivant dans la capitale chilienne, les Chiliens, et encore plus les femmes de son pays, espèrent  "que justice sera rendue pour Narumi Kurosaki et pour tant de femmes qui ont été victimes de féminicides."

"Il est honteux qu’un Chilien donne cette mauvaise impression de notre pays. Nous voulons que justice soit faite pour Narumi et que Zepeda paie les dommages qu’il a causés. Nous ne croyons pas que Zepeda soit innocent, toute preuve indique sa culpabilité" conclut Catalina.

Le procès du Chilien Nicolas Zepeda, soupçonné d'avoir tué son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki entre le 5 et le 6 décembre 2016 à Besançon, s'est ouvert le 29 mars et se poursuit jusqu'au 12 avril. Vous pouvez en connaître tous les détails par ici.

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