Houcine Hakkar, tué par erreur par des trafiquants de drogue : "Il a été chassé comme si c'était un animal", revivez le 1ᵉʳ jour de procès

La cour d’assises du Doubs juge du 16 au 20 décembre 2024, trois hommes, dont l’un est toujours en fuite. Le 8 mars 2020, à Besançon, Houcine Hakkar, mécanicien de 22 ans avait été abattu au volant de sa voiture. Notre journaliste Antoine Comte a suivi l’audience.

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► À lire aussi : Tué "par erreur" par des trafiquants de drogue : le procès hors-norme des assassins d'Houcine Hakkar 

18 h 53 : l'ambiance est suspendue et reprendra demain, mardi 17 décembre 2024, à 9h.

18 h 50 : Robin Binsard, avocat de Melk Ghezali explique à la témoin "qu'il l'avait cité car c'était une des seules personnes à avoir connu Melk au travail. Pourrait-il après son séjour en prison se réinsérer via le travail ?". "Oui c'est sûr" dit la témoin. "Seriez-vous prête à l'employer à nouveau ?" dit Me Binsard. "Bien sûr, avec joie. Demain si je peux le reprendre, j'y vais" répond-elle.

18 h 45 : Wassida Hakkar retourne s'asseoir, aucune autre partie civile ne souhaite pour l'instant prendre la parole, suite à cette journée éprouvante.

La défense fait alors entrer un témoin de personnalité de Melk Ghezali, qui ne pouvait être entendu qu'aujourd'hui. "J'étais gérante d'une SARL, j'ai eu un accroissement de travail en 2013" commence à témoigner une femme d'une cinquantaine d'années. "J'ai alors employé M.Melk Ghezali et j'ai constaté qu'il était très efficace pour son poste, ponctuel, intégré dans l'équipe et respectueux de la hiérarchie. Pendant un an tout s'est bien passé".

18 h 40 : Wassida Hakkar peine à trouver ses mots. Et ceux qui sortent sont chargés de tristesse. "Un jour, le 8 mars 2020, il est sorti et il n'est pas revenu" finit-elle par dire. "La façon dont ils l'ont tué, c'est inhumain, personne mérite ça. Encore moins une personne qui essayait de s'en sortir. Ils l'ont tué comme si c'était un trafiquant de drogue. Il ne méritait pas ça".

J'espère qu'ils se rendent compte du mal qu'ils nous ont fait. On est dévasté, on n'arrive pas à vivre

Wassida Hakkar,

soeur d'Houcine Hakkar

18 h 35 : La déclaration de Wassida Hakkar est elle aussi très fragmentée. La jeune femme pleure à la barre. "J'étais à Mulhouse quand j'ai appris sa mort" avoue-t-elle. "Je ne voulais pas y croire. Je pensais qu'il était à la maison mais non,  il était par terre".

"Quand j'ai réalisé, je me suis dit "pourquoi lui, qu'est-ce qu'il a fait ? Il ne faisait jamais de mal. Un jour il m'a dit, je préfère galérer que de toucher à l'argent sale" assure-t-elle. "Il aurait pu avoir de l'argent illicite, mais il n’a pas voulu. Il était passionné par la mécanique et était toujours en bas de chez nous en train de réparer des voitures".

18 h 30 : Une autre sœur de la victime, Wassida Hakkar (30 ans) vient prendre la parole. "Jamais je n'aurai pensé être là aujourd'hui" dit-elle. "Houcine était plus jeune que moi, mais il avait pris la place du grand frère et avait tout fait pour nous, pour qu'on ne manque de rien. En 2018, il avait économisé pour acheter une voiture, on était tous partis en Algérie sans savoir que c'étaient les dernières vacances qu'on passerait avec lui".

Houcine était quelqu'un d'honnête, de droit, de juste. Pas seulement avec nous, mais avec tous ceux qui le fréquentaient.

Wassida Hakkar,

sœur d'Houcine Hakkar

18 h 27 : Etienne Manteaux fait alors référence à une conversation du 29 août 2020 entre Rabah Khaldi, passager d'Houcine Hakkar le soir de sa mort, et Abir Hakkar : "Rabah vous apprend que c'est Melk qui conduisait et Elias qui tirait et vous dites, "j'suis choquée". Vous ne saviez pas leurs activités d'alors ?". "Si, tout se sait au quartier, mais je ne pensais pas qu'ils iraient jusqu'à tuer mon frère" conclut Abir Hakkar avant de retourner s'asseoir sur le banc des parties civiles.

18 h 25 : "Qu'est-ce que vous voudriez qu'on retienne pour votre frère ?" conclut Me Pichoff. "C'était quelqu'un qui voulait travailler pour réussir, prêt à tout donner pour nous, avec le cœur sur la main" lui répond Abir Hakkar.

Étienne Manteaux demande alors à la sœur d'Houcine si elle connaissait les accusés. "Oui, nos familles viennent du même village en Algérie" dit-elle. "Je m'en souviens qu'on jouait avec Mohamed Mordjane et son frère".

18 h 17 : "Ça fait quoi pour vous d'être dans cette posture : entre un accusé qui nie, un autre qui a avoué tardivement et un autre qui n'est pas là, comme un fantôme" demande Me Pichoff. "C'est un manque de respect pour Houcine et ma famille.

18 h 12 : "On a fait une marche blanche en l'honneur d'Houcine" continue Abir Hakkar. "Elle a réuni beaucoup de monde car la mort de mon frère a choqué beaucoup de personnes. C'était du jamais vu à Besançon".

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"J'ai entendu dire qu'Elias Basbas avait fait un don pour rapatrier le corps d'Houcine en Algérie" révèle Abir Hakkar. "Et Mohamed Mordjane a même assisté à l'enterrement, alors que je n'ai pas pu".

18 h 07 : Me Pichoff, avocat d'Abir Hakkar, pose quelques questions à sa cliente. "Est-ce qu'aujourd'hui vous avez compris que la seule raison expliquant l'assassinat de votre frère, c'est qu'il soit monté dans une voiture Megane RS à la peinture sombre ?". "Oui" répond Abir. "Ils n'ont même pas vérifié sur qui ils tiraient".

Mon frère n'a jamais possédé d'armes à feu. Sa passion, c'était la mécanique. Avec Rabah Khaldi, ils étaient très amis, toujours ensembles.

Abir Hakkar,

soeur d'Houcine Hakkar

18 h 05 : La présidente de la cour d'assises, Delphine Thibierge, interroge Abir Hakkar sur les liens de sa famille avec celle de Melk Ghezali. "Pas vraiment, certains sont originaires du même village que nous" répond la sœur de la victime.

La présidente rappelle qu'Abir Hakkar a transmis elle-même des éléments aux policiers au début de l'enquête. La sœur d'Houcine indique que c’étaient des "rumeurs de quartiers" et qu'elle voulait faire "avancer les investigations".

18 h 00 : De nombreuses personnes pleurent dans la salle d'audience, sur les bancs du public et des parties civiles. "Mon frère n'avait rien à voir là-dedans et il s'est retrouvé en plein milieu d'une guerre. Il voulait sortir avec son pote et ils l'ont tué. Ça aurait pu être n'importe qui, même moi si j'étais sortie" continue sa sœur. Dans le box des accusés, Melk Ghezali semble touché : penché, il regarde le sol et garde la tête basse.

Depuis je n'arrive plus à rigoler et à être joyeuse. Quand je vois quelqu'un dans la rue qui lui ressemble, je m'arrête en espérant que ce soit lui. Il a été chassé comme si c'était un animal. Il ne méritait pas ça.

Abir Hakkar,

soeur d'Houcine Hakkar

"Avec ce procès, je veux que la justice fasse payer ses agresseurs, que leur vie soit gâchée. J'ai eu un enfant, mon frère n'était pas là pour le voir. Je l'ai appelé Houcine en son honneur" continue Abir.

17 h 55 : "Houcine était notre grand frère, notre protecteur" continue Abir Hakkar. "Le soir du 8 mars, il avait travaillé toute la journée : il a pris sa douche, a mangé. Rabah Khaldi l'a appelé pour aller voir une voiture. Je m'en souviens ma mère lui avait dit "mets des chaussures" car il était en claquettes. Il a répondu : "t'inquiètes je rentre bientôt". Il n'est jamais rentré".

17 h 50 : Abir Hakkar, 30 ans, une des sœurs d'Houcine Hakkar est entendue en tant que partie civile. "Avec ma sœur, nous sommes nées et avons grandi en Algérie avant que toute la famille arrive en France en 2001-2002" dit-elle, la voix teintée par l'émotion et entrecoupée de sanglots. "Mon père est décédé en 2012, donc mon frère Houcine s'est senti responsable pour nous. Il a monté son entreprise de mécanique, il a commencé par réparer des voitures en bas de chez moi".

On était heureux, ma sœur, ma mère et Houcine. On vivait tous les quatre. Mon frère aurait pu faire n'importe quoi, devenir trafiquant de drogue, mais il n'a pas voulu.

Abir Hakkar,

soeur d'Houcine Hakkar

17 h 45 : André Buffard, 2e avocat d'Elias Basbas, s'adresse lui aussi au directeur d'enquête. Il demande si une autre personne que son client aurait pu utiliser sa ligne PGP. "Je ne pense pas, mais on ne peut pas dire que c'est impossible" conclut Patrick Melon qui, après de longues heures d'audition, finit ainsi témoignage.

17 h 34 : Me Florence Vincent, une des avocates d'Elias Basbas, prend la parole pour revenir sur les précédents jugements des membres des clans Picardie et "de la tour" avant de revenir sur la soirée du 8 mars 2020. "Comment expliquez-vous le temps qui s'est écoulé entre les premières scènes de violences et la réaction policière ?". "Pour accumuler suffisamment de preuves et monter une opération de police importante" répète Patrick Melon, sur un ton fatigué.

17 h 25 : La stratégie de Me Moroz est claire : essayer de minimiser le rôle de Mohamed Mordjane dans l'assassinat d'Houcine Hakkar en montrant que les discussions entre les membres du clan Picardie continuent sur d'autres groupes sans que Mohamed Mordjane n'y soit particulièrement actif.

Ils pointent les messages pouvant laisser penser que Mohamed Mordjane n'était pas au courant de qui avaient tiré sur Houcine Hakkar, ce qui prouverait qu'il ne pouvait pas être à l'origine de l'opération. Quant aux échanges PGP où Mordjane est clair quant à ses intentions de "tuer quelqu'un", Me Moroz y voit avant tout une "volonté d'intimidation" et pas "une volonté de passer à l'action".

17 h 10 : Me Moroz, conseiller de Mohamed Mordjane, absent au procès, intervient à son tour. "Dans les messages PGP utilisés dans les procès-verbaux, Mohamed Mordjane n'est pas le seul à parler de "tuer" quelqu'un" dit-il en citant toutes les références au meurtre qui n'ont pas été envoyées par le présumé chef du clan Picardie.

17h 05 : Me Binsard revient sur l'hypothèse que M.Khaldi, passager d'Houcine Hakkar, ait porté une arme. "M.Ghezali a reconnu les faits et nous ne sommes pas en train de dire que le meurtre est de la légitime défense" dit-il. "Mais l'avocat général et les parties civiles ont essayé de discréditer le témoignage rapportant le port d'une arme par M.Khaldi".

On a un témoin qui dit avoir vu une arme et aucune perquisition n'a été effectuée au domicile de M.Khaldi pour vérifier s'il avait une arme, ou non. Je trouve ça regrettable.

Me Robin Binsard,

avocat de Melk Ghezali

Me Binsard conclut en demandant à l'enquêteur : "Vous aviez identifié les principaux membres des deux clans dès fin 2019 et les premières fusillades, pourquoi ne pas les avoir interpellés directement ?". "Pour accumuler des preuves" répond Patrick Melon. "Et est-ce que si vous les aviez interpellés directement, cela n'aurait pas évité l'assassinat d'Houcine Hakkar ?" renchérit l'avocat. "Je ne peux pas répondre à cette question" lui rétorque l'enquêteur.

17 h 00 : "Ne peut-on pas dire qu'en haut de la pyramide, ce n'est pas M.Ghezali, car lui est sur le terrain et ne fait que répondre aux ordres" s'interroge Robin Binsard. "Je ne sais pas" assène Patrick Melon.

Me Binsard tient à rappeler le leadership de Mohamed Mordjane, pour montrer que Melk Ghezali n'est pas à l'initiative de l'assassinat d'Houcine Hakkar.

16 h 58 : Me Robin Binsard, un des deux avocats de Melk Ghezali, prend la parole et demande à l'enquêteur de clarifier le rôle de son client. "Qui est la personne qui crée les groupes, qui a l'air à l'initiative des messages" ? "Mohamed Mordjane" répond Patrick Melon qui, sous les questions de la défense, admet que Melk Ghezali n'était pas le plus disert dans les conversations entre membres du clan Picardie.

16 h 55 : Le procès reprend. Place désormais aux questions de la défense à Patrick Melon, le directeur d'enquête, qui témoigne depuis ce matin.

16 h 30 : L'audience est suspendue une dizaine de minutes.

16 h 25 : Petit à petit, à travers les échanges PGP entre les groupes du clan Picardie, l'engrenage infernal ayant amené à la mort d'Houcine Hakkar prend forme, sur fond de guerre de gangs pour la domination du trafic local de stupéfiants et soif de revanche toujours plus violente face aux intimidations et agressions.

Certaines munitions avaient été préalablement sciées pour faire plus de dégâts sur la victime.

Etienne Manteaux,

avocat général

16 h 14 : Etienne Manteaux s'attache ensuite à mettre en valeur "le rôle de chef" joué par l'accusé manquant à l'appel lors de ce procès : Mohamed Mordjane. "C'est lui qui ouvre les groupes PGP et c'est lui qui les ferme".

L'ombre de Mohamed Mordjane plane ainsi sur la salle d'audience depuis le début du procès. Dans les messages analysés par Etienne Manteaux, Mordjane donne les consignes, conseille ses hommes sur l'équipement à acheter, les cibles à abattre, etc.

16 h 00 : Sur un cliché, pris peu après les tirs mortels, on voit clairement Rabah Khaldi, sorti de son véhicule, fuir l'avenue Siffert. Juste à côté, la Megane rouge des assassins présumés revient à contresens vers la voiture immobilisée d'Houcine Hakkar qui vient d'être abattu.

15 h 55 : À l’aide de différentes images captées par les caméras de vidéosurveillance, Etienne Manteaux reconstitue la course-poursuite, presque minute par minute. "C'est ici qu'on a entendu Rabah Khaldi dire à Houcine Hakkar : "fonce, fonce, grille les feux rouges" " explique l'avocat général alors que les photos montrent les deux voitures dans la rue Fontaine-Ecu.

15 h 45 : L'avocat général repasse alors en revue les différents épisodes de la guerre opposant les clans "Picardie" et "de la Tour", depuis novembre 2019. Sous nos yeux est narrée la montée de la violence liée au trafic de stupéfiants à Besançon, dont des premières courses-poursuites, mode opératoire qu'on retrouvera dans l'assassinat d'Houcine Hakkar.

Tous ces épisodes ont fait des dizaines de blessés, notamment au niveau des jambes. La mort d'Houcine Hakkar fait figure de triste épilogue à cette série noire. Comme point de bascule, Etienne Manteaux pointe lui aussi l'agression du 6 mars 2020, où pour la première fois des tirs ont visé "la tête" d'un des membres du clan Picardie.

 

15 h 35 : L'avocat général, Etienne Manteaux, prend la parole. Il parle lui en préambule d'un procès similaire à une "plongée en eau trouble dans l'univers du trafic de stupéfiants". "Pour la partie trafic de stupéfiants et tirs, les faits ont été jugés et les deux accusés ont déjà été condamnés" précisent Etienne Manteaux. Les membres des clans Picardie et "de la Tour" sont en effet déjà passés devant les juges.


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15 h 30 : "Aujourd'hui, est ce que vos conclusions reposent sur des preuves matérielles ou juste des témoignages" demande Me Pichoff à l'enquêteur. "Des preuves matérielles" lui dit Patrick Melon. "On a les échanges PGP". "Et est-ce que Melk Ghezali, surnommé "Laser", est lié au meurtre d'Houcine Hakkar dans ces échanges PGP ?" continue Jérôme Pichoff.

Oui, dans un autre groupe PGP, on a pu lire : Laser a fumé au moins deux mecs, c'est lui qui me l'a dit.

Patrick Melon,

enquêteur, répondant aux questions de Me Pichoff

15 h 25 : "Houcine Hakkar a été exécuté" soutient Me Pichoff. "Est-ce qu'il gravitait dans l'univers de la drogue ?". "Non, rien ne ressort dans ce sens-là" répond Patrick Melon. "Il était connu pour ses talents de mécanicien. Les témoins disent que c'était une personne très bien, serviable". "Il aurait été tué car il circulait dans un véhicule qui ressemblait à celui des personnes vraiment visées ?" "Tout à fait". "Il s'agit donc d'une erreur sur la personne" conclut Me Pichoff.

15 h 20 : C'est au tour de Me Pichoff, avocat de la mère et des sœurs d'Houcine Hakkar, de questionner l'enquêteur. "Est-ce la première fois qu'un homme, à Besançon, a été abattu dans ces conditions ?" interroge l'avocat. "Oui, c'est la première fois. Ça faisait 10 ans que j'étais en poste sur Besançon, on avait jamais vu ça" lui répond l'enquêteur. "Dans les messages PGP, on parle de tuer, complètement".

15 h 18 : "Comment était M.Khaldi quand la police est intervenue" interroge Me Spatafora. "M.Khaldi avait une balle dans l'épaule gauche, son pronostic vital était engagé. Il était complètement stressé vu l'état de son meilleur ami, Houcine Hakkar" explique Patrick Melon.

15 h 08 : Au tour de Me Spatafora, elle aussi avocate de certaines parties civiles, de poser ses questions. Elle demande à l'enquêteur la structuration du clan "Picardie", auxquelles auraient appartenu les assassins. "M.Mordjane était le chef de clan et MM. Ghezali et Basbas faisaient partie de ses lieutenants".

Me Spatafora demande ensuite des précisions sur Samy Khaldi, frère de Rabah Khaldi, le passager d'Houcine Hakkar. "Il était membre du clan Picardie et a participé à l'incendie de la fourrière municipale" dit Patrick Melon. "Rabah Khaldi a-t-il pour autant un lien, comme son frère avec le trafic de drogue ?" renchérit Me Spatafora. "Pas à notre connaissance" assure l'enquêteur.

Ni Houcine Hakkar ni Rabah Khaldi n'avaient à notre connaissance de liens avec le trafic de stupéfiants.

Patrick Melon,

enquêteur, interrogé par Me Spatafora

15 h 06 : Me Espuche, autre avocat des parties civiles, questionne à son tour l'enquêteur sur la durée de l'appel de détresse de Rabah Khalbi. "Il a duré de 21h19 à 21h23. Mais à la fin, M.Khalbi ne parlait plus" répond Patrick Melon.

15 h 02 : Me Myriam Kabbouri, avocate d'une partie des parties civiles, questionne Patrick Melon sur la durée de la course-poursuite. "Elle commence à 21h17 sur Planoise et se finit avenue Siffert à 21h23" reprend l'enquêteur.

"Au niveau des constatations, vous voyez un véhicule avec 28 impacts de balles" continue Me Kabbouri. "À propos de tous ses éléments, le ou les auteurs de ce crime avaient ils une intention d'intimider ou de mise à mort claire ?". "Ils voulaient donner la mort, clairement" assure Patrick Melon. 

14 h 45 : L'audience reprend à Besançon. Des enregistrements sonores envoyés dans la nuit du 8 au 9 mars sont dévoilés. Ceux-ci ont été envoyés depuis le téléphone PGP d'Elias Basbas. "Wallah les frères un homme est tombé sous les balles", "on les a tamponnés, retamponnés", "une balle dans la cabeza", "c'est bon y a l'article sur l'internet il est mort", "le conducteur de la Megane il est mort". On entend parler principalement une personne, la voix euphorique, mais une deuxième se fait entendre en arrière-plan.

"Ils vont y réfléchir par deux fois ces fils de pute", "ils ont commencé à fuir on les a tamponnés", "tire, tire, tire", "on est en sécurité 100% demain pour tous ceux qui travaillent avec nous", "envoie juste quelqu'un qui crame la voiture, nos affaires, on garde juste l'arme au cas où"

Extraits sonores issus du téléphone PGP d'Elias Basbas

14 h 30 : L'audience est suspendue une dizaine de minutes à la cour d'assises du Doubs. Après la pause, les messages audios des assassins présumés seront diffusés.

14 h 25 : Delphine Thibierge questionne ensuite Patrick Melon sur Melk Ghezali. Parti en Espagne fin 2019, après avoir participé à des règlements de compte entre narcotrafiquants bisontins, l'accusé serait revenu plusieurs fois en France. Une première fois en janvier 2020 et une deuxième fois la nuit du 6-7 mars 2020, juste avant la mort d'Houcine Hakkar.

14 h 20 : La cour diffuse alors le fameux selfie sur lequel la justice a reconnu Elias Basbas et Melk Ghezali, diffusé à 23h51, quelques heures après l'assassinat.

En analysant cette photo, trouvée dans un groupe de discussion PGP et envoyée via le téléphone PGP de Basbas, la police est remontée jusqu'à un Airbnb louée par ce-dernier, sous l'identité de son cousin, à Norges-la-Ville (Côte-d'Or). Ce logement a été occupé M.Basbas de février à avril 2020.

14 h 10 : Cette fois-ci, des images du véhicule des tueurs sont proposées. On peut le voir partiellement calciné, telle qu'il a été retrouvé à Pugey, près de Besançon, le lendemain des faits. "Elle a été brûlée volontairement pour effacer toutes preuves" assure Patrick Melon. Le véhicule avait été volé à Orléans, puis avait transité à Dijon avant d'arriver à Besançon.

Selon la géolocalisation des téléphones PGP, c'est M.Basbas et un autre homme qui l'ont amené à Besançon. Avant de remiser le véhicule.

Patrick Melon,

directeur de l'enquête, entendu comme témoin.

14 h 05 : Sont maintenant projetés des clichés montrant des débris de verre dans une autre voiture, une Golf, visée par les assassins pendant leur fuite "car ils pensaient que le passager d'Houcine Hakkar s'y était réfugié" indique Patrick Melon.

Par la suite, on peut voir les photos d'un logement situé rue Fontaine-Ecu : une balle perdue a traversé la fenêtre, les toilettes et le lustre d'une personne âgée qui, heureusement, ne se trouvait pas chez elle au moment des faits.

13 h 55 : La cour passe maintenant des vidéos tournées par des témoins au moment des faits. On peut y voir la voiture d'Houcine Hakkar "tamponner" un poteau de signalisation avenue Siffert. Puis ses poursuivants s'arrêter à sa hauteur et tirer.

Le bruit du tir est clairement distinguable. Par la suite, la Megane rouge des tueurs fait demi-tour et vient "vérifier" l'état de la victime avant de partir avenue Villarceau.

13 h 50 : Des clichés montrant le sol du véhicule, vue de l'intérieur, sont projetés. On peut y voir les bris de verre venant de la vitre côté conducteur, ou encore des taches de sang jonchant le levier de vitesse de la voiture d'Houcine Hakkar.

13 h 45 : Face à ces vidéos et enregistrements sonores, les deux accusés ont une attitude différente. Si Melk Ghezali, tête baissée, semble touché, Elias Basbas fixe l'écran où images et sons sont diffusés. Le regard droit, l'air indifférent.

13 h 35 : Des images de vidéosurveillances sont maintenant diffusées par la cour. La famille Hakkar préfère quitter la salle avant cela. Sur les enregistrements, nous sommes dans le quartier de Planoise, à 21h14.

On y voit les deux voitures passer. À 21h17, la "chasse" commence : 8 secondes séparent alors les deux voitures, qui partent sur l'avenue de Franche-Comté. Des photos de la voiture d'Houcine Hakkar après le meurtre sont également exploitées. On y voit l'avant du véhicule arraché.

Sur une autre photo, nous pouvons distinguer les impacts de balles sur l'arrière du véhicule. Ils sont signalés par des morceaux de scotchs blancs et sont au nombre de 26. 

13 h 25 : L'enregistrement sonore prend fin. La famille Hakkar revient dans la salle alors que Patrick Melon continue d'être interrogé par la présidente de la cour d'assises, plus précisément sur le parcours de la course-poursuite, "longue de 5 km" précise le policier.

Six douilles de balles ont été retrouvées rue Fontaine-Ecu, un impact de balle a d'ailleurs été retrouvé chez une personne âgée non loin de là. "Elles ont été tirées durant la course-poursuite" répète Patrick Melon.

13 h 21 : L'audience est interrompue alors que la mère d'Houcine Hakkar fond en larmes, à l'écoute de la bande-son. Elle est évacuée de la cour d'assises. "Ils nous ont tué Houcine, ces chiens" s'écrit une des membres de la famille d'Houcine à l'adresse des deux accusés, qui gardent la tête basse.

Dans la salle d'audience, de nombreuses personnes assises dans le public sont en pleurs.

13 h 20 : La cour décide de diffuser l'appel de Rabah Khaldi aux forces de l'ordre, le 8 mars 2020 au soir. Il était alors aux côtés d'Houcine Hakkar et les deux hommes étaient poursuivis par leurs assassins. Des minutes glaçantes, où la voix de Rabah demande aux forces de l'ordre d'intervenir.

"On est en train de se faire tirer dessus", "on est en voiture", "c'est une megane 5 rouge", "je vais mourir"

Rabah Khaldi,

passager de la voiture d'Houcine Hakkar au moment de l'assassinat

Des cris de douleurs entrecoupent les appels aux secours.

13 h 15 : Retrouvez le reportage de nos journalistes Stéphanie Bourgeot et Denis Colle, depuis la cour d'assises du Doubs.

13 h 10 : L'audience reprend. La présidente de la cour d'assises Delphine Thibierge commence à questionner Patrick Melon, premier témoin et directeur de l'enquête de police concernant la mort d'Houcine Hakkar.

12h02 : L'audience est suspendue une heure. Elle reprendra à 13h. Patrick Melon sera interrogé par la cour et les avocats des parties civiles et de la défense.

12h : Le 17 mai 2021, six individus sont interpellés par les forces de l'ordre dans le cadre de cette affaire, dont Elias Basbas. Ce dernier reconnaissait avoir loué l'appartement à Norges-la-Ville, sous le nom de son cousin, et être appelé "microbe" par ses amis.

11h55 : En continuant d'exploiter les conversations PGP, les enquêteurs découvrent que l'assassinat avait été prémédité à l'avance. "Dès janvier, il y avait des références directes au fait de vouloir tuer" reprend Patrick Melon. "Dans les conversations étaient évoqués la Megane rouge et le fait de faire une descente au MP5, l'arme utilisée le soir du 8 mars". Cette volonté de tuer a augmenté au fil des semaines, alors que les clans "Picardie" et "de la Tour" multipliaient les tentatives d'intimidations et les affrontements armés.

11h50 : Sur deux groupes créés par Mohamed Mordjane, la police trouve des références directes au meurtre d'Houcine Hakkar, le soir même des faits. "Un homme est mort sous les balles", "on les a tamponnés", "balle dans la tête". Patrick Melon cite quelques messages "envoyés sur un ton euphorique", attribués à Elias Basbas.

Un selfie est envoyé par le téléphone de Basbas, où on le voit faire un doigt d'honneur au second plan. Au premier plan, on voit Ghezali, qui prend la photo, faire le V de la victoire. On se rend compte ensuite qu'il ne savait pas sur qui ils avaient tiré. Dans les messages, les participants envoient plusieurs noms de potentielles victimes avant la fin de la conversation.

Patrick Melon,

directeur d'enquête

11 h 40 : la police bisontine a pu alors profiter du démantèlement de Sky ECC, un système de communication utilisé par les principaux trafiquants de la planète, dont certains narcotrafiquants bisontin. "Les téléphones PGP qui bornaient à Norges-la-ville utilisaient cette messagerie" explique Patrick Melon.

L'accès aux messages permet aux enquêteurs d'identifier des premiers protagonistes. Grâce à des messages d'anniversaire, la police comprend que le créateur de nombreuses conversations est Mohamed Mordjane, chef du clan "Picardie". Elias Basbas, surnommé "microbe" sur les conversations cryptés, est identifié également.

11 h 33 : les enquêteurs se recentrent sur le clan "Picardie" après avoir découvert un Airbnb, où bornaient plusieurs téléphones PGP mis sous écoute. Ce logement, situé à Norges-la-Ville (Côte-d'Or), était loué sous le nom du cousin de M.Basbas Elias, de février à avril 2020. Par géolocalisation, il s'est avéré que plusieurs trajets jusqu'à Besançon avaient été effectués par des détenteurs de ces téléphones.

11 h 20 : "Le début de l'enquête a été difficile, car les premiers témoignages différaient" continue Patrick Melon. "Nous pensions d'abord que le meurtre était l'oeuvre du clan "de la tour" ". Le 9 mars 2020 au matin, une interpellation prévue de longue date a d'ailleurs permis d'interpeller plusieurs membres du clan de la Tour, avec plusieurs armes. "Cela allait dans ce sens, mais on savait que l'assassinat avait été commis par une seule arme" dit le directeur de l'enquête.

11 h 15 : "La gendarmerie de Tarragnoz nous a signalé quelques heures plus tard qu'une Megane rouge avait été incendiée à Pugey, à côté de Besançon. Le lendemain, M.Khaldi était entendu à l'hôpital. Il expliquait que la poursuite avait commencé à Planoise" explique Patrick Melon. "Les exploitations des caméras de vidéosurveillance ont confirmé cela".

Le directeur d'enquête revient alors en détail sur la course-poursuite. "Les deux véhicules se sont croisés avenue de Franche-Comté. Puis la Megane rouge a fait demi-tour pour poursuivre la voiture d'Houcine Hakkar. Il y a eu un premier tamponnage sur la place Leclerc, un deuxième tamponnage à la sortie de la place. Sur l'avenue Siffert, la voiture poursuivie a tapé un poteau, a fait un tête-à-queue. Les airbags ont explosé, la voiture s'est immobilisée. Suite à cet accident, la Megane Rouge, qui avait continué sa course, a fait demi-tour, est revenue au niveau de la voiture accidentée et a tiré sur le conducteur".

11 h 05 : Patrick Melon continue son témoignage. "Sur place, un autre véhicule, une Golf, indiquait avoir reçu une balle perdue. Le décès d'Houcine Hakkar a été constaté. M.Rabah a lui été transporté à l'hôpital, son pronostic vital était engagé".

L'avant de la voiture de la victime était complètement arraché. Elle avait percuté un panneau de signalisation. L'arrière du véhicule présentait de nombreuses traces de balle, était enfoncé avec des traces de peintures rouges.

Patrick Melon,

directeur d'enquête

11 h : Le premier témoin est appelé à la barre. Il s'agit de Patrick Melon, 50 ans, fonctionnaire de police et directeur de l'enquête sur l'assassinat d'Houcine Hakkar, qui revient sur les faits. "L'enquête commençait avec à l'esprit que cet incident était l'épilogue d'une guerre de gangs entre les clans Picardie et de la Tour. Depuis plusieurs mois, on avait décompté 16 tentatives de meurtre ou d'assassinat, l'incendie d'une fourrière, etc."

10 h 55 : La présidente demande aux deux accusés présents leur "positionnement sur les faits". Melk Ghezali se lève et reconnaît les faits qui lui sont reprochés, sans pour autant dire que c'est Elias Basbas qui l'accompagnait.

Il demande alors à s'adresser à la famille d'Houcine Hakkar. "Je m'excuse, je présente mes excuses à vous tous, à Rabah aussi". Sur le banc des parties civiles, la famille est en pleurs. Pour rappel, M.Ghezali s'exprimera mercredi à 14h.

Elias Basbas se lève à son tour. "Je suis innocent" clame-t-il. "On m'attribue un rôle qui n'est pas le mien, j'espère que cette semaine, je pourrai m'expliquer". Lui aussi sera interrogé mercredi.

10 h 50 : En conclusion, la présidente de la cour d'assises précise les chefs d'accusation contre MM Basbas et Ghezali : "assassinat" avec préméditation sur Houcine Hakkar, "tentative d'assassinat" sur Rabah Khaldi, "violence avec usage ou menace d'une arme sans incapacité", "recel de bien provenant d'un vol en récidive", "dégradation ou détérioration du bien d'autrui commise en réunion".

Mohamed Mordjane, âgé de 31 ans et identifié comme le chef du clan "Picardie", est toujours en fuite à l'étranger. Il sera jugé par contumace et est accusé de complicité d'assassinat. Il est soupçonné d'avoir commandité le crime, d'avoir fourni les téléphones cryptés, la voiture et les armes aux assassins.

Les trois accusés ont déjà été condamnés à de multiples reprises pour des faits de trafic de stupéfiants, violences et association de malfaiteurs. Les faits qui leur sont reprochés aujourd'hui auraient donc été commis en "récidive légale".

10 h 40 : "On les a rafalés" mais "on s'est trompé" aurait écrit Elias Basbas quelques jours après l'assassinat. "Il ne faut plus en parler".

Interpellé le 17 mai 2021, Elias Basbas niait sa participation au meurtre. Melk Ghezali a lui été appréhendé le 26 mai 2021 à Barcelone (Espagne). Le 5 octobre 2021, il sera extradé en France. S'il niait lui aussi, il décide finalement de "passer à table" le 23/03/2023 et aurait avoué avoir conduit le véhicule "car on lui avait demandé". 

10 h 35 : Après la fusillade du 6 mars 2020, les membres du clan Picardie auraient voulu "se venger". Elias Basbas et Melk Ghezali auraient été chargés de retrouver cette Megane grise. Le 8 mars 2020, ils auraient confondu ce véhicule avec celui conduit par Houcine Hakkar, une Megane bleu sombre. 

Melk Ghezali était au volant du véhicule, tandis qu'Elias Basbas était chargé de tirer. C'est lui qui aurait tué Houcine Hakkar. Il aurait alors vers 23h20 envoyé via son téléphone PGP : "On les a tamponnés, re-tamponnés ils ont fait un accident, balle à bout portant dans la tête, dans la cabeza (NDLR : la tête) mon frère”.

10 h 30 : Durant l'énoncé des faits, Delphine Thibierge revient sur les différents messages échangés via le service de communication Sky Ecc, qui permettait aux narcotrafiquants d’avoir des échanges cryptés via des téléphones sécurisés.

Ceux-ci mettent en lumière l'organisation de cet assassinat, attribué en grande partie à Mohamed Mordjane. Le passage à l'acte aurait été provoqué par une première fusillade survenue le 6 mars 2020, visant des membres du clan Mordjane, dit "clan Picardie", par des membres d'un clan de trafiquants adverses, le clan "de la Tour", qui circulaient en Megane grise.

10 h 13 : L'audience reprend. La présidente Delphine Thibierge se lance dans un résumé des faits. "Le 8 mars 2020, vers 20h45, les forces de l'ordre reçoivent un appel de plus de six minutes, un appel de détresse" du passager d'une Megane bleu sombre, qui s'avérait être l'ami d'Houcine Hakkar, Rabah Khaldi, présent cette semaine au procès.

Vers 21h20, les forces de l'ordre découvrent le corps sans vie d'Houcine Hakkar. Son autopsie relevait cinq plaies, dont une mortelle, au niveau de la tête, qui aurait conduit au décès. "Rabah Khaldi a été atteint par deux tirs : un dans l'humérus gauche, l'autre dans l'abdomen" précise la présidente.

La Renault Megane bleu roulait à toute allure, perdait le contrôle, puis heurtait le trottoir et s'immobilisait sur un terre-plein central. Une autre véhicule similaire, une Megane rouge, le percutait alors à l'arrière, puis se portait à hauteur du conducteur avant d'ouvrir le feu.

Delphine Thibierge,

présidente de la cour d'assises de Besançon

"Un homme [Rabah Khaldi, NDLR] sortait en disant que son ami était mort. Cette scène a eu lieu à l'intersection de l'avenue Siffert et de l'avenue Villarceau" continue la présidente. 28 impacts de balles, dont 24 à l'arrière, ont été retrouvés sur le véhicule d'Houcine Hakkar.

9 h 50 : l'audience est suspendue pour 10 minutes et reprendra à 10h. Pour rappel, l'audition du directeur d'enquête, Patrick Melon, et les auditions des parties civiles sont prévues aujourd'hui.

9 h 37 :  Les différents témoins défilent devant la présidente, qui leur donne l'horaire de leur témoignage. Un témoin est absent et n'a pas répondu à la justice. La présidente de la cour d'assises demande à la greffière de rechercher pourquoi ce dernier ne s'est pas manifesté.

Etienne Manteaux précise que ce témoin "n'est que secondaire, il s'agissait d'un des utilisateurs de téléphone PGP" [le même modèle que ceux utilisés par les accusés, NDLR]. La sœur de l'accusé Elias Basbas est elle aussi absente. Les avocats de la défense se chargent de la relancer.

9 h 30 : Mohamed Mordjane, le troisième accusé, est lui absent au procès. Il fait l'objet d'un mandat d'arrêt depuis mai 2021. Me Moroz le représentera cette semaine, "pour participer au débat".

Etienne Manteaux, avocat général, s'interroge alors : "Je m'interroge sur la place de Me Moroz dans le procès, alors qu'il n'a même pas de pouvoir de représentation de son client, un individu en fuite depuis quatre ans, qui défie les autorités judiciaires". Celui-ci lui répond : "je poserai les questions qu'il me conviendra de poser".

9 h 20 : Place maintenant au tirage au sort des jurés. Six jurés, plus trois supplémentaires, sont appelés par la présidente de la cour d'assises et prêtent serment face à la cour. Le jury est déclaré officiellement constitué.

9 h 15 : Dans leur box, les deux accusés sont encadrés par cinq policiers cagoulés. Elias Basbas porte un col roulé blanc sous une veste noire. Melk Ghezali, lui, porte un t-shirt blanc surmonté d'un gilet noir. Les deux hommes gardent la tête baissée.

9 h10 : Les deux accusés, Melk Ghezali (31 ans) et Elias Basbas (24 ans), se présentent devant la présidente de la cour d'assises. Melk Ghezali sera défendu par Me Robin Binsard et Me Sylvain Cormier. Elias Basbas sera défendu par Me Florence Vincent et Me André Buffard.

9 h 01 : Le procès des assassins présumés d'Houcine Hakkar s'ouvre ce lundi devant la cour d'assises du Doubs, à Besançon. Elias Basbas et Melk Ghezali viennent d'entrer dans la salle d'audience. Une trentaine de personnes sont venues assister à ce procès d'ampleur, qui bénéficie d'un dispositif de sécurité important.

Qui sont les accusés jugés par la cour d’assises ?

  • Mohamed Mordjane : tête du réseau de trafiquants de drogue, dit clan “Picardie", il est toujours en fuite. 
  • Melk Ghezali :  il conduisait le soir du drame la voiture qui a pris en chasse celle d’Houcine Hakkar. Melk Ghezali a été arrêté en Espagne en mai 2021, puis extradé en France.
  • Elias Basbas : il est le tireur présumé qui a froidement tiré plusieurs balles sur Houcine Hakkar et tenter d’assassiner également son passager
    Ils sont mis en examen pour assassinat, tentative d’assassinat et complicité de tentative d’assassinat.

"Putain monsieur, on va mourir" : on vous résume cette tragique affaire


Au printemps 2020, la guerre des trafiquants de drogue fait rage à Besançon. Deux clans se disputent les points de deal dans le quartier de Planoise, le clan de “de la tour” et le clan “Picardie”. Au fil des semaines, les accrochages entre rivaux se multiplient. 10 blessés. Jusqu’à ce soir-là, celui de la vengeance soigneusement programmée. Les trafiquants mènent l'opération en échangeant sur un réseau crypté.

Une semaine avant le confinement, le 8 mars 2020 vers 21 heures, pensant avoir repéré leur cible, deux hommes prennent en chasse une voiture Mégane bleue sur l’avenue Siffert. Le passager tire de multiples coups de feu. Les occupants de la Megane ont le temps d’alerter les policiers. Les enregistrements sont glaçants : “On est en train de se faire tirer dessus !”, “On est en voiture monsieur, dépêchez-vous, ils sont derrière nous, c’est une Mégane 5 rouge”, “Putain, monsieur, on va mourir, bordel, on va mourir, on va mourir monsieur”.

Quelques instants plus tard, la voiture d’Houcine Hakkar s’encastre contre un feu de signalisation. Les poursuivants achèvent leur sinistre mission. Houcine Hakkar, qui essayait ce soir-là la voiture d’un ami est tué de plusieurs balles dont une en pleine tête. Le véhicule du jeune mécanicien est criblé de 28 impacts de balles. Son passager en réchappe par miracle.

Dans la soirée sur le réseau crypté, les trafiquants vont se rendre compte qu’ils ont abattu la mauvaise personne. Un innocent. 


Déjà lourdement condamnés par la justice, les trois hommes jugés lors de ce procès devant les assises du Doubs encourent une peine de réclusion à perpétuité. 

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