Dry January, le mouvement lancé en Grande-Bretagne s’invite pour la 3e édition en France. De nombreux Français vont tenter un mois de janvier sans alcool, tenter de stopper ou de réduire leur consommation de vins, bières ou alcools forts. Une pause qui ne peut qu’être bénéfique comme l’explique un médecin.
"Le vin, c’est la convivialité, le plaisir, je vais essayer !"
Pas un verre, pas une goutte. Sylvie* a décidé de ne pas toucher un verre d’alcool en ce mois de janvier. “Je bois peu, mais pendant les fêtes, c’est vrai que c’est tentant, un verre de crémant, un verre de blanc au repas, et on a fait ça plusieurs jours de suite. Ce n’est pas la dépendance ou le danger de l’alcool qui me préoccupe en premier, mais le sucre que représente chaque verre. Du sucre de trop, alors depuis deux ans, c’est vrai, en janvier, j’essaie de faire sans alcool. On se rend compte que résister est difficile, le vin c’est la convivialité et le plaisir” explique cette mère de famille de Franche-Comté.
Julien va suivre ce “Dry january” lui aussi. “On va dire que je m’en fiche un peu de la date …L’an passé, je l’ai fait en septembre, car je considérais avoir un peu trop profité de mon été. Je vais le faire seul et quelques amis vont me suivre quand ils le décideront, mais eux n'auront que quelques jours pour se sentir bien avec leurs corps ! J’ai 36 ans, et c’est un défi assez compliqué quand on est un bon vivant qui aime voir ses amis !” confie ce Comtois.
Où commence la dépendance à l’alcool ?
Un mois de janvier sans alcool à l’heure des bonnes résolutions de 2023. Un pari qui s’annonce facile pour certains, plus délicat pour d’autres consommateurs pour qui la dépendance est là, ou sur le point de s’installer. Corinne Lesueur-Chato est médecin au centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie à Besançon dans le Doubs. Elle rappelle que 10 à 15% des Français sont dépendants à l’alcool. Les recommandations de l’OMS et de Santé Publique France conseillent de ne pas boire plus de 10 verres par semaine pour notre santé. Ces recommandations ne prennent pas en compte le risque qui installe la dépendance, souligne le médecin. Cette habitude qui fait qu’à un moment, on ne peut plus se passer de l’alcool en enchaînant par exemple des week-ends de consommation d’alcool, de façon festive, ou de façon plus solitaire.
Un mois sans alcool : quels bénéfices pour notre santé ?
Pour le médecin,“il est intéressant d’expérimenter l'arrêt de l’alcool quelque soit le moment. Ce mois sans alcool, on va voir comment on le vit. Est-ce difficile ? Est-ce qu’on y pense beaucoup ? Pas du tout ? Est-ce que physiquement, c’est difficile pour certaines personnes, car il y a des tremblements ? De la nervosité ?”.
Réduire sa consommation, sans même la stopper, amène déjà des bénéfices. Une fatigue moindre, des idées plus claires, des troubles de mémoire qui diminuent, des idées plus claires. Un meilleur sommeil, et à plus long terme une baisse de la tension.
La France, reste un pays où la culture de l’alcool est très présente. Au-delà d’une certaine consommation (2 verres par jour pour les femmes et 3 verres par jour pour les hommes), l’alcool est un facteur de risque majeur pour certains cancers comme celui de la bouche, gorge, œsophage, colon-rectum, ou cancer du sein chez la femme. Pour l’OMS, l’alcool est classé comme une molécule cancérigène depuis 1988. L’alcool cause 40.000 décès par an en France.
Aujourd’hui, des traitements existent pour réduire dans un premier temps sa consommation. Les personnes dépendantes à l’alcool se font soigner plutôt, constate Corinne Lesueur-Chato, médecin au centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie à Besançon. Le regard sur l’accès aux soins des personnes alcooliques a changé selon elle.
Comment arrêter l’alcool et pas seulement en janvier ?
10% des Français sont des consommateurs quotidiens. La première chose à faire est d’évaluer votre consommation. Pas plus de 2 verres par jour, pas tous les jours, 10 verres maximum par semaine. La personne dépendante à l’alcool peut se fixer des objectifs en termes de consommation, d’économies sur le budget alcool. Mettre en route des activités comme le sport, les activités culturelles, sociales… Si vous ne parvenez pas à réduire votre consommation d’alcool seul, il existe des lieux pour vous aider où des professionnels pourront vous accompagner dans votre démarche de réduction de consommation. Votre médecin généraliste est l’interlocuteur privilégié, votre entourage peut aussi vous aider.
*prénom modifié