Laurie Henriet, 21 ans, s'apprête à monter les marches de Cannes. Cette Franc-Comtoise est lauréate du concours Moteur !, qui invite les jeunes à rendre hommage à une figure inspirante pour eux dans une vidéo. La jeune femme a choisi de souligner le soutien de sa mère, qui a été auprès d'elle après une agression sexuelle alors qu'elle avait 14 ans.
"J'avais 14 ans. 14 ans, c’est pas grand, même s'il n'y a pas d'âge pour se faire agresser sexuellement. Et si je peux vous en parler à présent, c'est grâce à ma maman". C'est dans une vidéo d'une minute trente que Laurie Henriet, 21 ans, a souhaité rendre hommage à sa mère. Une vidéo grâce à laquelle cette Franc-Comtoise, originaire de la commune de Montlebon, dans le Doubs, s'apprête à monter les marches de Cannes.
Finaliste parmi 25 lauréats
La jeune femme a été sélectionnée parmi les 25 lauréats du Concours Moteur! Le projet permet aux jeunes de 14 à 22 ans de prendre la parole en "sur une personne qui [les] a marqué pour ses qualités, ses actions, sa personnalité". Une sélection qui va lui permettre de vivre le festival de Cannes pendant deux jours, les 22 et 23 mai prochains. Les vingt-cinq lauréats recevront notamment la récompense des Claps d'Or de la part de Thierry Frémaux, le délégué général du festival de Cannes.
"Nous partons tous ensemble de Paris le 21 mai prochain. Nos films seront projetés à la Fnac de Cannes. Il y aura également une exposition à la gare", décrit Laurie Henriet.
Je te laisse imaginer un groupe Whatsapp avec vingt-cinq personnes qui vont monter les marches de Cannes
Laurie Henriet
Laurie Henriet est journaliste, et travaille actuellement pour l'Est Républicain. Elle explique avoir eu connaissance du film l'an dernier "en écrivant un article". "En voyant les vidéos, je m'étais dit que ce n'était pas inaccessible. Je voulais participer, mais j'ai commencé à tourner la veille de la date limite d'envoi des dossiers. Je l'ai envoyé le jour même à 23h30...".
"Ma mère m'a répété qu'il n'y avait aucun moment, aucune excuse pour agresser sexuellement quelqu'un"
Un film dans lequel elle évoque son agression sexuelle, en 2016, à l'âge de 14 ans. "Mes parents m'ont beaucoup soutenu à cette période. J'avais des paroles de personne qui culpabilisait. Ma mère m'a répété qu'il n'y avait aucun moment, aucune excuse pour agresser sexuellement quelqu'un". Laurie Henriet explique avoir appris à ce moment que sa mère avait également été victime de violences sexuelles plus jeune.
Sa mère a également contribué à la création en 2017 d'une association appelée Cré'acteurs de liens. La structure organise notamment des groupes de parole sur le sujet des violences sexuelles. "Elle a été un exemple sur la manière de surpasser cela", résume Laurie.
Sa vidéo a été sélectionnée parmi plus de 500 candidatures. "Des premiers retours que j'ai eus, on m'a dit que ce qui avait plu, c'était la simplicité de l'image, avec un message était fort. Que celui-ci était dit de façon presque naïve, avec honnêteté", explique la journaliste.
"Le soir après avoir été agressée, j'en ai directement parlé à mes parents. Je n'ai pas été agressé par un membre de ma famille. Ils m'ont tout de suite cru, m'ont encouragé pour les démarches, à aller voir un psy, détaille Laurie. Cela a permis que ce ne soit pas un sujet tabou".
"Cela m'a remis face au fait que j'aime la vidéo"
La jeune femme prépare désormais son départ pour la Croisette. "J'ai hâte d'y être. J'ai acheté une robe et des talons pour l'occasion. Des collègues ont gentiment accepté de me remplacer pour que je puisse me rendre à Cannes", décrit-elle.
Et si elle réfléchit avant de qualifier sa réalisation de "film", comme cela est indiqué dans la communication du concours, ce passage à Cannes ravive son intérêt pour l'audiovisuel. La jeune femme a notamment travaillé pour France 3 Franche-Comté "J'ai travaillé dans le domaine, j'avais hésité à me lancer. Cela m'a remis face au fait que j'aime la vidéo, même si j'aime ce que je fais actuellement", détaille l'intéressée.