Dimanche 28 mai, c'est la journée mondiale de l'hygiène menstruelle. L'occasion de rappeler qu'en France, 4 millions de femmes sont concernées par la précarité hygiénique. À Besançon (Doubs), des associations viennent en aide à celles qui doivent choisir entre s'acheter de la nourriture ou des serviettes et tampons.
Selon la dernière étude de OpinionWay, publiée en février 2023, 4 millions de femmes sont concernées par la précarité menstruelle. Alors, des associations ont décidé de s'emparer du sujet pour ne plus laisser de femmes renoncer à des protections hygiéniques. Les plus jeunes et les mères célibataires sont en première ligne.
31 distributeurs de protection hygiéniques à l'université
À l'Université de Franche-Comté, 31 distributeurs de protections hygiéniques ont été installés début janvier 2023. À l'issue du second confinement, une commission dédiée à la précarité menstruelle, composée d'élus étudiants volontaires, a été mise en place. En juin 2021, des étudiants ont répondu à un questionnaire pour recenser les difficultés et besoins autour de la précarité menstruelle. En deux semaines, les étudiants élus obtiennent plus de 800 réponses.
Aujourd'hui, les étudiantes peuvent se servir gratuitement de serviettes et tampons. Une volonté de l'université de s'engager contre la précarité menstruelle. Un premier bilan du dispositif est prévu "fin mai, début juin, même si on constate que les serviettes grands flux sont le plus utilisées".
"On va s'engager sur davantage de distributeurs et on va organiser des apéros culottés pour sensibiliser les étudiants et étudiantes aux culottes réutilisables"
Anne Tatu,vice-présidente Vie Etudiante de l'Université de Franche-Comté.
Le budget alloué pour la deuxième année est passé à 40 000 euros contre 25 000 euros cette année.
"Beaucoup d'associations ont pris le sujet à cœur"
À Besançon, le Centre d'Information et de Consultation sur la Sexualité, accueille gratuitement les femmes pour des consultations. Le centre de planification met également à disposition des serviettes hygiéniques. "La précarité menstruelle existe même si on ne la voit pas", explique la docteure Viviana Leuci-Huberman. "Ici, on donne des kits hygiéniques, mais également des préservatifs, des tests de grossesse, c'est une volonté d'être au service des hommes et des femmes. Il faut que ces produits soient accessibles à tous, peu importe l'âge et le milieu social", continue-t-elle.
Mélanie Dulize, présidente de l'association Féminité sans abri et responsable du secteur du Doubs a constaté une augmentation de la demande de protection hygiénique. "Beaucoup d'associations ont pris le sujet à cœur, donc il y a de plus en plus de possibilités de s'approvisionner. Il faut garantir à tous des protections de qualité", explique-t-elle en ajoutant : "C'est l'enfer pour un homme d'être à la rue, mais ça l'est encore plus pour une femme qui doit mettre des journaux dans sa culotte", souligne Mélanie Dulize.
Une hausse de 8,6% des prix au rayon hygiène sur un an
L'inflation pourrait encore aggraver la situation. Selon l'enquête d'OpinionWay, 1,2 million de femmes de 18 à 50 ans supplémentaires craignent d’être en situation de précarité menstruelle dans la prochaine année. Sur un an, le rayon hygiène a augmenté de 8,6%. Le prix moyen d'une boite de serviettes hygiéniques coute 2,46 euros, une hausse de 25 centimes en un an. La boite de tampons coute aujourd'hui 3,18 euros, c'est 30 centimes de plus qu'en mars 2022.
Le 6 mars dernier, la première ministre Elisabeth Borne a annoncé le remboursement des protections périodiques réutilisables à compter de 2024 pour les femmes de moins de 25 ans. Une mesure saluée par les associations. Un début dans la lutte contre la précarité menstruelle.