Féminicide de la rue de Dole à Besançon : le mari de Corinne Pitallier condamné à 20 ans de réclusion

L'avocate générale avait requis ce mercredi 31 janvier une peine de 30 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Philippe Ohren, accusé du meurtre de sa femme Corinne en décembre 2021 à Besançon. Le sexagénaire encourait la perpétuité.

Les jurés de la cour d'assises du Doubs ont donc décidé vers 19h30 de condamner Philippe Ohren à 20 ans de réclusion criminelle. L'homme ne pourra pas détenir d'armes durant 15 ans et ne pourra toucher la pension de reversion de sa femme, précise le verdict.

Le Bisontin, âgé de 64 ans aujourd'hui, comparassait pour meurtre sur conjoint devant la cour d'assises du Doubs après la mort de sa femme Corinne à leur domicile de Besançon situé rue de Dole, le 29 décembre 2021. Il encourait la perpétuité.

L'avocate générale Alexia Marquis a estimé que la peine maximale n'était pas adaptée : le sexagénaire n'est pas un criminel, n'était pas connu des services de police. Cependant, la magistrate du parquet a souligné le caractère particulièrement sordide de ce "féminicide", notamment l'état de délabrement de victime et l'acharnement dont aurait fait preuve l'accusé qui lui "a clairement scié le cou".

Féminicide ou pas ?

Corinne Pitallier, 56 ans à l'époque, a été victime de multiples coups de couteau qui lui ont causé 27 plaies sur le corps, dont six sur le visage. Dont une fatale à la gorge, mesurant une quinzaine de centimètres, "pas franche, qui pourrait être le produit de plusieurs coups" confiait le médecin légiste entendu la veille. Dans leurs plaidoiries, les avocates des parties civiles Me Céline Party, conseil du fils du couple, et Me Claude Varet, avocate de la famille Pitallier, ont chacune leur tour insisté pour que la cour juge les faits comme un féminicide.

Chose que réfute la défense, dernière à prendre la parole lors de cette ultime journée de débats. Me Catherine Bresson a rappelé que son client "n'était pas violent, avait un casier judiciaire vierge" et que Corinne Pitallier "était une femme libre, qui n'était pas sous le contrôle de son mari" et que l'acte atroce de celui-ci ne s'inscrivait pas dans celui d'un féminicide.

Le conseil de Philippe Ohren juge les réquisitions exagérées, notamment en les comparant avec les condamnations prononcées ces dernières années dans la région pour des meurtres - Jonathann Daval, 25 ans de réclusion criminelle - ou des assassinats de femmes - Nicolas Zepeda, 28 ans en appel, mais s'est pourvu en cassation.

Des troubles de mémoire

Plus tôt dans la matinée, deux experts psychiatres et une enquêtrice de personnalité se sont succédé à la barre pour livrer à la cour un portrait fidèle de l'accusé. Celui-ci, après s'être livré avec détails sur la soirée du drame aux enquêteurs quelques jours après les faits, souffre aujourd'hui d'amnésie. Il déclare ne plus se souvenir de ce qu'il s'est déroulé entre Noël et début janvier 2022.

"Ce que les experts ont pu conclure, c'est que cette amnésie est réelle, et est liée au choc, à la violence des actes de M. Ohren, souligne son avocate. La preuve, c'est qu'un des experts a expliqué que l'acte était tellement violent que ça avait auto-incriminé M. Ohren, que ça l'avait lui-même convaincu de l'horreur de son acte, et qu'il ne pouvait pas se voir comme auteur de cet acte violent."

Forte des plaidoiries et des réquisitions du ministère public, la cour d'assises est partie délibérer vers 16 heures, rendant son verdict en début de soirée.

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