Féminicide à Besançon : la victime a succombé à 18 coups de couteau, une scène d’une extrême violence

48 heures après la mort de Céline Jardon, une jeune femme de 20 ans, égorgée par son conjoint, la vice- procureure de la République de Besançon a détaillé le macabre scénario qui s’est noué lundi 17 janvier dans un appartement du centre-ville.

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Lundi à 19h30, c’est une amie de la jeune femme qui a donné l’alerte. Les deux femmes devaient se retrouver pour sortir ce soir-là. Céline Jardon, 20 ans l’appelle apeurée et lui demande de contacter la police. Elle laisse son téléphone allumé. L'amie a indiqué avoir entendu des bruits de coups ainsi que les cris de la victime demandant à son agresseur d'arrêter.

Quand elle arrive à son appartement, il est trop tard. L’autopsie a révélé que la jeune femme a succombé suite à des coups de couteau. 18 au total. Des coups portés dans des zones létales, dans le cou, et le dos. Poumon et aorte ont été touchés. Cette dernière, sectionnée, a entraîné le décès. Des lésions de défense sont retrouvées sur le corps de la victime, l'arme du meurtre avait été laissée sur place dans l'appartement.

Le conjoint interpellé dans le quartier juste après le drame a reconnu les faits mais s'est dit dans l'incapacité de préciser les circonstances de son passage à l'acte. Il affirme être sous le choc, et n'avoir conservé que des souvenirs très parcellaires des faits. Il n'était ni sous l'emprise de l'alcool, ni de stupéfiants.

Des violences déjà survenues dans ce couple, mais aucune plainte déposée

“L'enquête a permis de déterminer que le couple se connaissait depuis environ trois ans et que des séparations avaient déjà émaillé leur relation. Les proches de la victime ont fait état de tensions dans le couple, de disputes sur fond de jalousie et de plusieurs épisodes de violences conjugales dont la jeune femme aurait été victime” a expliqué la vice-procureure.

En avril 2021, la femme avait appelé la police à la suite d'une altercation son ex conjoint alors. Elle avait alors fait état de violences subies ainsi que de dégradations à son domicile. “Les policiers avaient constaté un hématome au niveau du creux de son coude et l'avait invitée à se rendre au commissariat pour déposer plainte, démarche qu'elle n'avait malheureusement jamais entreprise” a précisé Christine de Curraize. Comme à chaque signalement de faits de violence, une prise en charge sociale et psychologique avait été proposé, la jeune femme n'avais pas donné suite à l'appel de l'intervenante sociale.

L'auteur présumé des coups était connu pour avoir commis des infractions de type atteintes à des biens. Il devrait être mis examen dans les prochaines heures pour homicide et violences sur conjoint.

Les investigations vont se poursuivre pour mieux cerner l'historique du couple, les circonstances exactes du passage à l'acte criminel et la personnalité du mis en cause.

Stop aux féminicides

La mort de la jeune femme a soulevé colère et émotion à Besançon. Ce féminicide intervient moins de trois semaines après un autre décès d’une violence inouïe dans cette même ville. Le 29 décembre, une quinquagénaire était morte elle aussi égorgée dans un appartement de la rue de Dole. Elle voulait quitter son mari.

Mardi 18 janvier, au lendemain de ce nouveau féminicide, 200 personnes se sont rassemblées autour de bougies pour rendre hommage à Céline et dire “plus jamais ça”. “C’est la 7e femme tuée en France depuis le début de l’année. On a l’impression que ça ne va jamais s’arrêter, que c’est un vrai massacre” a confié Edith Mougin, administratrice de l’association Solidarité femmes qui accompagne les victimes.

“On est en colère… ces féminicides ne s’arrêtent pas. C’est souvent lié à l’éducation de ces hommes, à la domination masculine. Des hommes qui sont frustrés et ne supportent pas que leur femme les quitte, et la seule solution, c’est de les tuer ! C’est incompréhensible” dit-elle la voix brisée.

Dans les heures qui ont suivi le drame du quartier Battant, le collectif collage féminicide de Besançon a déposé plusieurs affiches et messages dans l'espace public. Parmi eux, on pouvait lire "Pour Céline, pas une de plus". "Plus écoutées mortes que vivantes". Ou sur la fontaine à quelques mètres de l'appartement de la dernière victime : "Éduquez vos fils".

113 femmes ont trouvé la mort sous les coups de leur conjoint ou ex-compagnon en 2021.

Pour Solidarité femmes Besançon, il y a des signes d’espoir que les choses bougent. “Il y a des choses qui se sont améliorées, à la justice, à la prise en charge des femmes par la police. On peut encore augmenter le nombre de téléphones grave danger, augmenter les bracelets anti-rapprochement, et mettre de l’argent sur la table comme l’Espagne qui a mis un milliard d’euros pour lutter contre les violences conjugales” estime Edith Mougin.

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