Gilets jaunes : un neurochirurgien bisontin demande un moratoire sur les armes sub-létales

Le professeur Laurent Thines, neurochirurgien au CHU de Besançon, vient de mettre en ligne une pétition pour demander à terme l'arrêt des flash-ball, LBD, grenades lacrymogène ou de désencerclement dans les manifestations. Des armes sub-létales qui, écrit-il, sont extrêmement dangereuses.

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Cette pétition publiée sur le site Change.org  est destinée au ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.

Les différents mouvements de revendication qui ont eu lieu ces dernières années dans notre pays (manifestations de lycéens, écologistes, travailleurs, gilets jaunes) ont montré que de nombreux concitoyens ont été gravement blessés par l’utilisation de lanceurs de balle de défense (flash-ball, LBD40) ou de grenades (de type lacrymogène ou désencerclement).


Ce neurochirurgien a été particulièrement choquée par les photos de personnes blessées lors des manifestations, en particulier depuis la mobilisation des "Gilets jaunes". Il précise dans cette pétition intulée "Les soignants français pour un Moratoire sur l’utilisation des armes sub-létales »  que les 

 lésions constatées et prises en charge par Nous, personnels soignants, dues à ces armes utilisées sur des personnes parfois très jeunes ou âgées, exerçant leur droit à manifester, sont choquantes et inacceptables : énucléation, amputation d’extrémité de membre, fracas maxillo-facial et dentaire, traumatisme cranio-cérébral engageant le pronostic vital… Tant de vies ont été ainsi sacrifiées…


C'est pourquoi le chirurgien s'adresse prioritairement à ces collègues. "On  a la légitimité pour prendre la parole sur ce sujet. Des confrères d'autres villes m'ont signalé ces blessures. Des dommages corporels qu'il dénoncait déjà lors du Grand Débat organisé à Besançon
 
Au cours de ce débat du 18 janvier, le professeur de médecine affichait son soutien aux "Gilets jaunes". Lorsque Laurent Thines écoute le président de la République Emmanuel Macron dire que "les Français n'ont pas le sens de l'effort", il prend cette phrase comme un "coup de tonnerre". "Comment ce président peut il être aussi déconnecté de la vie quotidienne des Français ?"

Cette France qui a le sens de l'effort, déclarait-il avec une lègère émotion dans la voix, c'est celle qui travaille dans les hôpitaux. Ces gens sauvent des vies tous les jours et leurs salaires ne sont pas revalorisés. 


Laurent Thines précise qu'il n'intervient pas dans une démarche personnelle,

Je n'ai aucun intérêt à défendre ce mouvement, je gagne bien ma vie, je suis passionné 


mais souligne-t-il à l'intention du délégué général de La République en marche, Stanislas Guérini,  présent dans la salle,

J'entends la souffrance et le sentiment d'injustice dans ce pays.  


A la fin de son intervention, applaudie par les "Gilets jaunes", Laurent Thinès évoquait déjà ce moratoire pour l'usage des armes sub-létales lors des manifestations. 

Quand on prend une balle de flash-ball dans le corps, on a une chance sur cinq de mourrir ou d'avoir des handicaps. Est-ce acceptable ? Nous sommes en France pas dans une dictature. La violence appelle la violence. La situation n'est plus tenable.


A ce propos,  le ministère de l'Intérieur a annoncé , mardi 22 janvier , que les forces de l'ordre qui utilisent des lanceurs de balles de défense (LBD), dénoncés par de nombreux "gilets jaunes", seront équipées de caméras-piétons dès samedi 26 janvier. Une annonce faite le ministre de l'Intérieur mardi 22 janvier, lors de son audition devant la commission des lois à l'Assemblée nationale sur la proposition de loi "anti casseurs". Selon Christophe Castaner, les caméras-piétons devront être "systématiquement" activées "en conditions normales" mais pas "en cas d'agression" des forces de l'ordre.
La police des polices (IGPN) a d'autre part été saisie de 81 enquêtes au titre des projectiles tirés par LBD depuis le début du mouvement des "gilets jaunes", a précisé Christophe Castaner. Quatre personnes ont été gravement blessées à l'œil par des lanceurs de balle de défense, a précisé le ministre.
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