À Besançon dans le Doubs, un salon du centre-ville lance à partir de mardi 10 mai des tarifs non genrés. Qu’on soit homme ou femme, la note sera identique pour la même prestation.
Vous en aviez marre que votre mari, copain, paye moins cher sa coupe courte chez le coiffeur que vous ? Elle aussi. Cécile Noury est la coiffeuse-barbière rue du Lycée à Besançon. Sa boutique Art-Shop arbore désormais des tarifs identiques pour tous. Sur la vitrine du commerce, les petits pictos homme et femme sont présents sur chaque ligne de prix, de la coupe aux colorations.
“J’ai commencé la coiffure il y a 15 ans, elle a évolué. Ce n’est plus de la coiffure traditionnelle, on va passer le même temps sur une coupe homme qu’une coupe femme. Les femmes ne se retrouvent pas forcément dans le brushing” explique-t-elle. “Avant, je n'avais pas osé harmoniser les tarifs, le monde de la coiffure ne fonctionnait pas comme cela. Si je le fais aujourd’hui, c’est par rapport à mes valeurs, pas pour faire le buzz” prévient Cécile.
Sur la vitrine, les tarifs ont donc changé = égalité homme-femme !
Pour les cheveux courts par exemple, c’est 28 euros, la coupe homme contre 25 auparavant. Pour les femmes, la coupe passe à 28 euros contre 34 auparavant. Une économie de 6 euros qui est la bienvenue notamment chez les jeunes étudiants.
“Chez les clientes, on entendait parfois ces remarques, je paye plus cher qu’un homme” se souvient la coiffeuse-barbière. Elle assume. “C’est bien symboliquement aussi que l’homme fasse un petit pas” pense-t-elle.
La coiffeuse arrivée dans le métier après une reconversion estime qu’elle ne casse pas les prix du marché. Certaines grandes enseignes de coiffure proposent déjà des coupes femmes à moins de 30 euros.
Des tarifs non genrés chez tous les coiffeurs ?
À Besançon, en tout cas l’initiative de ce premier salon a été saluée par l’association solidarité femmes. Qu’en penseront les autres professionnels ? S’y mettront-ils au fil du temps ? Cécile Noury l’espère, mais à chacun de décider de ses tarifs. Les prix sont libres. “Je rabaisse un peu le prix de la coupe femme dans mon établissement, j’en ai conscience. C’est bien de tous se respecter, on est tous passionnés par notre métier, moi, je fais vraiment ce changement pour être en accord avec mes valeurs” assure la coiffeuse installée 23 rue du Lycée avec une collègue tatoueuse.
Ces tarifs non genrés, existent déjà dans quelques salons en France
Le collectif "coiffeurs en lutte" a lancé souhaite faire évoluer le monde de la coiffure. Il milite contre les différences tarifaires entre homme et femme dans les salons, mais aussi contre toute forme de discrimination. Il propose un tarif "à la minute" pour rendre les prix plus équitables. Ces tarifs non genrés ont deux avantages, ils réduisent les budgets coiffeur pour les femmes. Ils permettent aussi de ne pas stigmatiser les personnes transgenres, en leur attribuant forcément un sexe sur l’addition.
Parfois plus de 40% d'écart de prix entre une coupe homme et femme
Selon une enquête menée en 2018 par l’association de consommateurs, CLCV, consommation logement cadre de vie, l'égalité tarifaire femmes-hommes était loin d’être en place. Leur enquête montre que le forfait « shampoing – coupe – coiffage », quelle que soit la longueur des cheveux, coûtait en moyenne 20,46 € pour les hommes et 30,07 € pour les femmes, soit un écart de quasiment 47 %.